Toute cette eau qui se gaspille !
JACMEL, 15 Mai – Après avoir traversé une longue période de sécheresse, depuis début 2015, Haïti reçoit les plus importantes précipitations imaginables en ce mois de mai.
On calcule que durant la semaine du 2 au 6 mai, il est tombé sur notre pays jusqu'à près de 300 mm (11.8 pouces) de pluie par heure.
Ces mesures proviennent des observations faites par le réseau satellite de la Nasa et interprétées par l'Office des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) pour monitorer la situation de sécheresse prolongée dont souffre notre pays depuis au moins 2 années.
« Environ 200.000 familles ont été affectées par cette sécheresse, soit environ 1 million d'habitants, spécialement dans le Sud-Est, le Nord-Ouest, et l'Artibonite. Toute prolongation de ces conditions plongerait 3.8 millions de gens dans l'insécurité alimentaire.
« Selon le dernier bulletin de la CNSA (Coordination nationale de la sécurité alimentaire), de juillet à décembre 2015, la production agricole a diminué de 50 pour cent. Les régions les plus affectées sont le Sud, le Nord-Ouest, le Nord-Est, le Sud-Est et la partie nord du département de l'Artibonite. Et si les mêmes conditions persistent, d'autres régions du pays verront leur situation se gâter aussi jusqu'à atteindre l'état de tension ou de 'crise.' »
Cependant voici mai 2016 et c'est le déluge.
A la vérité (nous lisons toujours les données satellitaires fournies par la Nasa), les pluies ont commencé depuis décembre 2015, pour commencer à provoquer des inondations en janvier 2016, puis février et jusqu'à mars.
'Durant la semaine du 2 au 6 mai, Haïti et la République dominicaine ont pratiquement effacé leur déficit en eau avec cependant de violentes inondations qui ont tué au moins 4 personnes (6 au total) en Haïti et 5 dans le pays voisin et déplacé des milliers d'autres. En République dominicaine les grosses averses ont résulté dans le débordement des rivières et l'inondation des villes, y compris la capitale Santo Domingo.'
Cependant, nous lisons aussi : « ces trois dernières semaines, Haïti a reçu l'équivalent de la moitié des précipitations que le pays reçoit habituellement par an. »
D'où automatiquement la question : jusqu'à quel point a-t-on été en mesure d'utiliser toute cette eau pour combattre la sécheresse qui nous affecte et toutes ses conséquences en insécurité alimentaire menaçant de 1 million à 3.8 millions de nos concitoyens ?
On nous dit bien : la moitié de toutes les précipitations pour l'année est déjà tombée !
Bien sûr il reste la saison cyclonique qui ne commence que début juin pour finir en novembre.
Mais le réchauffement climatique est un nouveau facteur qui peut bouleverser pas mal ce calendrier.
Il importe donc de changer bien des choses, d'évoluer avec notre temps. Avoir une meilleure gestion de l'eau à collecter sans perdre une goutte, une révision du calendrier hydrométrique et des saisons, une nouvelle approche de l'agriculture, des méthodes agricoles, qui reste qu'on le veuille ou non la principale richesse nationale puisque la seule capable d'éviter la famine à près de la moitié du pays.
Il y a encore tant à dire à ce sujet. La parole aux spécialistes.
Haïti en Marche, 16 Mai 2016