‘Ils sont partis courir la mer …’
MIAMI, 4 Janvier – Ils sont plus d’une centaine de réfugiés haïtiens, tous des très jeunes gens, qui ont débarqué mardi (3 janvier 2023), rapporte la presse, dans une zone résidentielle à Key Largo (Floride) en provenance de l’Ile de la Tortue (Haïti).
Leur motivation, ont-ils déclaré : fuir ‘l’insécurité et le règne des gangs armés.’
C’est là comme on dit : ‘une juste cause.’
Le choix est simple et clair, comme actuellement pour plusieurs millions de jeunes en Haïti, c’est fuir le pays ou pactiser avec les gangs assassins … ou tomber soi-même sous les balles assassines.
Plusieurs centaines ont déjà choisi le risque des dents de la mer, plus d’une centaine à bord d’un rafiot ‘kole ak papye’ (une noix de coco !) … et dans la même mer où la télévision ici rapporte presque triomphalement le même jour le sauvetage de quelques réfugiés cubains par un paquebot touristique, on n’accuse personne de racisme, quelle idée !
On a constaté aussi la grande rapidité par les autorités pour embarquer mardi les migrants arrivés d’Haïti. Vers quelle destination ? Cela traduit-il une certaine gêne en face d’un motif tellement évident : la tragédie haïtienne fait chaque jour le ‘front page’ du Miami Herald, New York Times et autres grands médias américains.
Pendant que l’administration Biden joue au ‘ti dife boule’, ira ira pas, intervention ou non ? Et que le peuple haïtien est abandonné aux gangs assassins et armés avec des armes et munitions embarqués des Etats-Unis mêmes etc.
Et que plusieurs dizaines de milliards viennent encore d’être jetés dans le conflit russo-ukrainien. Faut-il donc qu’on menace de livrer son pays à un quelconque tiers pour décider Washington à se pencher sur la tragédie haïtienne elle aussi ?
Quoique Haïti représente une goutte d’eau dans le drame de l’immigration illégale aux portes de la superpuissance économique de notre continent.
Ceux débarqués mardi à Key Largo (Florida) avaient eux aussi peut-être déjà tenté leur chance à la frontière avec le Mexique, à El Paso (Texas) où plusieurs centaines de milliers de sans-papiers de quasiment tous les pays du continent sud-américain - car ‘l’Amérique n’est pas seulement aux Américains !’, ont failli y passer dans la tempête de neige géante du week-end de Noel.
Double raison pour porter secours à personne en danger, comme l’Amérique du démocrate Biden se le proclame !
Sauf que de ce côté aussi du monde actuel la question migratoire est un casus belli, un prétexte à la guerre politique partisane.
Jusqu’à un auteur français, au pays où chaque écrivassier continue de se prendre pour un Voltaire, de proclamer que la France a tout apporté à l’Afrique mais sans rien en retour, dont le christianisme, les ascenseurs, les voitures etc., y compris bien sûr la démocratie !
Pareil sophisme n’est pas inconnu non plus au pays où pour barrer la route aux migrants fuyant la misère noire … et à la barbe de la première superpuissance économique de la planète donc c’est presque de la provoc, pas étranger dans la bouche d’un Donald Trump, dont faut pas oublier que tout ce qu’il avait trouvé de plus intelligent c’était de séparer les parents sans papiers de leurs enfants, dès qu’ils avaient franchi la frontière.
Tout à fait comme cela se passait à l’arrivée des déportés à Auschwitz et à Buchenwald. Sauf que par ici l’opinion publique n’a pas totalement disparu. Marches et manifestations ont contraint le gouvernement fédéral à rectifier le tir.
Mais la question des sans-papiers reste au centre de l’actualité politico-électorale, Trump ou pas, puisque c’est pour les Républicains un cheval de bataille … jusqu’à ce qu’ils en trouvent un autre, qui sait, car Trump lui-même aurait déclaré aux jardiniers haïtiens qui maintiennent la beauté des platebandes dans son inimitable ranch floridien de Mar-a-Lago de ne pas s’en faire, et que ce n’est là que de la politique.
Tandis que tant d’autres en meurent. Comme les plus d’une centaine qui ont débarqué ce mardi 3 janvier ‘dans une zone résidentielle à Key Largo, Floride et venant de l’île de la Tortue’ dont on ne sait quel sera leur sort … tandis qu’on sait parfaitement quel est celui des millions d’autres qui sont encore là-bas.
Haïti en Marche, Haïti en Marche, 4 Janvier 2023