PORT-AU-PRINCE, 31 Mars – Une délégation conduite par le vice-président du Venezuela Aristobulo Isturiz nous visitait jeudi (31 mars) à l'occasion de l'inauguration de la Place Hugo Chavez, qui s'élève en face de l'aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince.
Arrivés à l'heure, par deux voies différentes, à bord d'une unité de la marine vénézuélienne et par avion, les émissaires de Caracas se sont enfermés au salon diplomatique de l'aéroport avec le Président Jocelerme Privert
Au menu : le dossier Petrocaribe, dont le président directeur général faisait partie de la délégation.
Après avoir constitué une planche de salut pour Haïti, les fonds Petrocaribe (qui s'élevaient à un moment à plus d'un milliard de dollars) se sont asséchés ces derniers temps.
Sous les coups conjugués de la chute des prix du baril de pétrole sur le marché international, jetant le Venezuela lui-même, dont la seule production nationale ce sont les hydrocarbures, dans une grave crise économique et aussi des extravagances dépensières de l'ex-présidence de Michel Martelly.
Les conversations au salon diplomatique de l'aéroport ont duré une bonne demi-heure.
Il n'y a eu aucune déclaration publique par la suite mais on peut espérer que les choses se sont bien passées en écoutant le vice-président du Venezuela annoncer plus d'une fois que les relations haïtiano-vénézuéliennes ne doivent subir aucune ombre et que rien ne peut faire oublier l'aide de Pétion à Simon Bolivar, le Libertador de l'Amérique du Sud.
Ce 31 mars 2016 ramène justement le 200e anniversaire (1816-2016) de la troisième entreprise du Général Bolivar et celle qui fut victorieuse. Et ce fut grâce à l'aide du Président haïtien Alexandre Pétion, qui lui fournit hommes et munitions, en lui demandant simplement en retour de libérer des chaines de l'esclavage tous les peuples des pays qu'il aura conquis dans sa guerre révolutionnaire.
Près de 200 ans plus tard, un président du Venezuela vint, qui conçut d'entreprendre une guerre semblable, mais cette fois contre la misère et contre l'exploitation capitaliste.
Son nom, bien sûr, est Hugo Chavez. Commandante Chavez !
C'est lui qui inscrivit Haïti dans le programme Petrocaribe qui mit à disposition de l'Etat haïtien des centaines et centaines de millions, qui furent dépensés pour construire certaines infrastructures de base : routes, électrification et remplacer des constructions qui avaient été emportées par le séisme de janvier 2010.
Un lutteur et un homme du peuple, avec les mains grosses et rugueuses d'un homme des masses populaires ...
Et en hommage au grand Hugo, disparu brusquement en mars 2013 victime d'un cancer massif, a été élevée la place qui porte aujourd'hui son nom et dont les officiels vénézuéliens ont assisté jeudi à l'inauguration.
En dehors des terrains de jeux et autres facilités d'un stadium de dimension moyenne, au milieu de la place se dresse une grande statue.
Cette statue est le plus bel hommage qu'on eut pu rendre à ce héros de notre temps.
De dimension imposante, taillée dans la pierre, le Commandante est présenté sous des traits rappelant à la fois le guerillero (oui, Che Guevarra) et un commando, rappelons que Hugo Chavez est sorti des forces spéciales de l'armée vénézuélienne.
Un soldat oui, mais de la lutte populaire (un Sankara), un lutteur et un homme du peuple, avec les mains grosses et rugueuses d'un homme des masses populaires, paysannes, indigènes (Chavez a été le premier président vénézuélien d'origine indienne, autochtone).
Héros surgissant d'un monde en décomposition et à la veille d'un monde nouveau ...
La main droite sur la poitrine, image de persévérance et de foi dans la lutte, en même temps que d'humilité.
Et tout le corps, immense, qui surgit d'une expèce de montagne. Mais une montagne dépecée, éclatée en mille morceaux, comme après un violent cataclysme. Symbole du héros surgissant d'un monde en décomposition et à la veille d'un monde nouveau.
C'est aussi la vision d'un leader de gauche, mais pétri dans la glaise, à proprement parler, en même temps humble et généreux parce que non au-dessus, ni même à la tête que se voulant à la même hauteur que le peuple, les masses.
Une épopée mais sans rien d'épique, volontairement. Une épopée pour l'homme de la rue. Et de partout.
Comme la musique de Coplan, compositeur américain, intitulée : 'Fanfare for the common man' (Fanfare pour le citoyen quelconque).
Comme l'a dit le vice-président Aristobulo Isturiz, lors de la remise symbolique d'instruments de musique aux enfants de la chorale juvénile de Hinche, et d 'une unité mobile de télévision à la TNH : la bataille du président Chavez c'est pour la désaliénation, celle exercée par le Nord sur le Sud. Par le monde qui s'est abreuvé de toutes les richesses de la Terre contre ses anciennes victimes.
En passant, suggérant que les problèmes économiques actuels du Venezuela ne tiennent pas seulement à la chute des cours du pétrole mais aussi relèvent d'une guerre économique livrée contre les pays du Sud, dont par exemple encore la crise politique actuelle au Brésil.
En tout cas, cette statue sur la place inaugurée le jeudi 31 mars près de l'Aéroport Toussaint Louverture de Port-au-Prince, est une pièce unique en son genre et incontestablement un hommage incomparable à ce grand bienfaiteur que tout le peuple haïtien reconnaît dans le défunt président du Venezuela.
Bravo à ceux qui l'ont réalisée !
Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince