Par Family Action Network Movement, le vendredi 16 juin, au Little Haiti Cultural Center de Miami

MIAMI, 16 Juin – Le plus important moment c’est quand l’assistance est invitée à poser des questions aux avocats et autres spécialistes de questions d’immigration.
On se rend alors compte que c’est le principal sujet à l’ordre du jour et pas seulement pour les Haïtiens, loin de là mais pour une tranche beaucoup plus importante de la population dans l’Etat de Floride.

Celui-ci veut savoir si quelqu’un est entré dans le pays sous un faux nom peut-il bénéficier du programme TPS (ou statut de protection temporaire qui permet de travailler et de vivre quasi légalement mais dans une durée limitée ; de plus le programme peut être suspendu et le bénéficiaire doit alors laisser le pays, c’est pourquoi celui-ci doit régulièrement renouveler son autorisation) ?

Mais ce n’est pas tout. Le bénéficiaire du TPS peut avoir un enfant né aux Etats-Unis.

Cependant si l’enfant a la nationalité dès la naissance, par contre il ne peut en faire bénéficier son père ou sa mère avant d’atteindre la majorité.

Que doit faire alors ce dernier si le programme TPS venait à être terminé ?

Ou si la situation politique ou sécuritaire ou autre dans le pays d’origine, venait à être stabilisée ?

Ce n’est pas fini. Si un TPS en vient à se marier avec une personne qui est légale, etc etc.

Peut-il pour régler son statut voyager dans un autre pays s’il ne peut pas retourner dans son pays natal à cause des dangers qui y règnent – comme aujourd’hui en Haïti … puis pouvoir retourner à nouveau sans problème aux Etats-Unis ?

S’égrènent ainsi une à une des questions fort subtiles pour les nombreux avocats qui ont répondu à l’invitation de l’organisation FANM (Family Action Network Movement), ce vendredi 16 juin, au Little Haiti Cultural Center de Miami.

Cependant les Haïtiens ne sont qu’une minorité. La conférence est prise d’assaut par des représentations de l’immense communauté de nations sud-américaines (Nicaragua, Salvador, Honduras, Venezuela etc), tous ayant le même problème : comment régulariser leur présence au pays de Joe Biden ?

Pour commencer tous étant venus par le même chemin : l’illégalité.

Tous poussés par le même besoin : gagner sa vie et celle de ses enfants.

La délégation la plus importante vient de Homestead, agglomération au sud de Miami, où règne un grand bouleversement depuis que le Gouverneur républicain de Floride et candidat aux prochaines présidentielles, M. Ron DeSantis, a promu une nouvelle législation pour l’immigration en Floride qui demande entre autres de refuser du travail à tout immigrant n’ayant pas de papiers légaux (‘undocumented aliens’ ou étrangers sans papiers officiels), et loi qui entre en application le 1er juillet prochain.
Homestead est le carrefour des entreprises agricoles dont une grande partie de la main d’œuvre est assurée par des immigrants de fraiche date donc dont beaucoup n’ont pas encore régularisé leur statut.

Qui plus est, interdit aussi d’utiliser un permis de conduire même s’il a été acquis aux Etats-Unis mais dans un autre Etat …

Mais ce qui semble choquer le plus tous les intervenants, dont de nombreux officiels (législateurs, maires, commissionnaires mais tous évidemment du parti Démocrate) c’est l’interdiction aussi de donner des soins de santé à une personne si ses papiers ne sont pas en règle, ce qui est considéré comme la pire violation des droits humains.

Plusieurs élus de l’Etat de Floride défilent au micro dont la Congresswoman Debbie Wasserman Schultz ; la State Senator Rosalind Osgood ; autre sénateur d’Etat Lori Berman ; la Représentante Dotie Joseph ; le Représentant Christopher Benjamin ; la Mairesse de la ville d’El Portal …
Marie P. Woodson, Représentante de Floride, District 105, qui fait aussi la traduction en créole …

Et bien sûr la Maitresse de cérémonie, et Commissionnaire du Comté de Dade, Marleine Bastien, directrice exécutive de l’organisation FANM qui organise cette rencontre … assistée d’un super staff sous la baguette de Paul Namphy.
Toute une pléiade d’avocats et de cabinets prêtant leur concours pour cette journée de conseils d’immigration la plus longue dont Cassadran Suprin, Clarel Cyriaque, Deborah Saint-Vil, Ruth Jean, Loune-Djenia Askew etc. tournant et retournant la question immigration sous tous ses aspects.
Mais comme depuis toujours et depuis la fondation de Little-Haïti (dont Marleine Bastien n’a justement pas manqué de saluer les pères fondateurs, Me. Ira J. Kurzban et feu Père Gérard Jean Juste) la question politique n’est jamais bien loin.

Circule sur les tables le nouveau numéro de ‘The Militant’, l’hebdomadaire du Parti Socialiste des Travailleurs.
Cette fois c’est le Gouverneur de l’Etat de Floride, candidat à l’investiture Républicaine pour les présidentielles de novembre 2024, et promoteur de cette nouvelle législation ‘san manman’, Mr. Ron DeSantis qui en prend pour son grade.

Les législateurs démocrates n’y vont pas de main morte. On entend les mots de néo-fasciste, KKK etc.
Et pour finir comme FANM ne fait jamais rien à moitié, le dîner était aussi important qu’appétissant.

Marcus Garcia-Elsie Ethéart, Haïti en Marche, 16 Juin 2023