Quelles tâches pour le CPT ? 

MIAMI, 13 Mai – Rien n’a encore été dit sur les méthodes de travail du Conseil présidentiel de transition et pourtant ce ne doit pas être négligeable, ni négligé. Car c’est une expérience sans précédent.

Imaginons les réunions au sommet du CPT, surtout au début, où chacun des 7 conseillers débarquerait avec son bataillon de secrétaires particuliers et collaborateurs/collaboratrices, où se tiendront-elles ?

Si l’on peut dire, le stade Sylvio Cator n’y suffirait pas.

Cela ne signifie pas que c’est une mauvaise chose, nous sommes dans une situation si empêtrée que le plus de tête-ensemble mieux ça vaut mais il faut quand même de l’ordre, car ici et vu que c’est une expérience totalement nouvelle, le risque de brouhahas est évident.

Par conséquent, il faut tout de suite une certaine division du travail. Coûte que coûte. Cette semaine débute le processus du choix d’un premier ministre. Qu’est-ce qu’un premier ministre ? C’est l’exécuteur numéro 1 des décisions prises au sommet de l’Etat.

Or si le sommet ne se définit pas clairement, s’il n’a pas un programme clair et net alors, tenez-vous bien, c’est le premier ministre qui fait tout, qui a tous les pouvoirs, c’est lui donc le seul maitre à bord …

Et l’on tombe exactement dans ce que l’on veut éviter : une trop grande concentration du pouvoir aux mains d’un seul … ou d’un tout petit groupe.

Exactement le coup qui a été tenté récemment dans cette histoire de majorité à 4 sur 7 et nomination d’un premier ministre avant le temps de dire ouf.

Bref un coup d’état avant la lettre !

On s’en est remis tant mieux mais le problème demeure.

Les 7 membres du Conseil présidentiel de transition ne peuvent pas avoir la même tâche même s’ils peuvent avoir les mêmes pouvoirs.

‘Men anpil chay pa lou’, mais le risque c’est de passer tout le temps dans du bavardage inutile si les tâches ne sont pas définies au départ, clairement, vu que déjà l’on n’a pas les mêmes compétences tous les sept.

Sinon ce sont des clones, 7 robots.

Il faut donc coûte que coûte une certaine division du travail. Selon les compétences réciproques. Sinon l’on tourne en rond.

Oui selon les compétences de chacun … car on n’a pas besoin de se rendre tous les sept à Ouanaminthe pour voir où en est le canal sur la rivière Massacre …

Ni à telle rencontre avec un diplomate américain de passage.

Etre 7 aux commandes a certes ses avantages parce que c’est du choc des idées que jaillit la lumière mais cela ne doit pas être … un monstre à sept têtes.

Il faut bien que l’un ou deux d’entre nous soient capables de voir un peu plus clair dans la détermination du budget de la république …

A chacun selon ses compétences dans la répartition des tâches, ah mais pas de ‘rien à faire’ non plus.

Pas question de laisser untel aller se casser le nez (‘m te wè sa pou li’), pas ces petits jeux à l’haïtienne, ‘ti pil gwo pil’, pas de magouille mais il faut jouer un jeu ouvert et que le pays puisse voir ce qui se passe et comment ça se passe …

Par exemple, dans la nomination aux postes diplomatiques car Haïti devient soudain un pays vers lequel se tournent tous les regards.

Dans la mise en valeur des ressources locales pour une augmentation assez rapidement de la production nationale que notre pays ne reste condamné à vivre entièrement et toute sa vie de la manne internationale …

Et surtout dans la collecte des ressources de l’Etat.

Où justement le fait d’être non pas un seul mais sept permet de mieux lutter contre l’accaparement par les grands mangeurs, d’éviter de tomber sous leur charme maléfique ou ‘la corruption par le haut’.

Donc c’est un exercice compliqué que nous sommes en train de tenter là. ‘Men anpil chay pa lou’, cependant il faut simplement et dès le départ de l’ordre et de la discipline, encore et toujours plus. 

 Même ayant les mêmes pouvoirs, il faut cependant au départ une répartition des tâches, selon les compétences réciproques … sinon rien ne pourra être accompli, nous allons tourner en rond … Or nous ne pouvons faire cela à notre pays, n’est-ce pas.

Il faut donc bien définit les responsabilités individuelles avant de se mettre autour de la table car ce n’est pas tout pour un … ah mais c’est ‘tous pour un et un pour tous’.

Nous reprenons ce n’est pas tout pour un seul mais c’est tous pour un et un pour tous.

Attention aux petits copains, petits coquins. Lors de la nomination sous peu de l’appareil gouvernemental …

Puis celle encore plus complexe, du nouveau conseil électoral … Eh oui.

D’un autre côté, beaucoup essaieront de décourager l’expérience. Normal. Il est plus facile de recommencer par les mêmes chemins, oui ceux qui nous ont conduit dans le néant actuel.

Mais se précipiter aussi dans une totale improvisation, ‘san bòday’ comme dit encore le créole, voire en se préparant déjà à se rejeter les torts les uns sur les autres comme d’habitude, alors mille regrets messieurs, cette fois ce n’est pas permis !

Pour finir, on espère au moins que ce ne sont pas 7 zombies qui constituent le CPT, ni sept … chômeurs professionnels.

Mais 7 patriotes !

Marcus Garcia, Haïti en Marche, 13 mai 2024