Haïti annonce aussi son port en eau profonde
PORT-AU-PRINCE, 23 Mai – Après Cuba dans la baie de Mariel (avec financement du Brésil), la Jamaïque en partenariat avec la Chine, voici Haïti qui annonce aussi son projet de construction d’un port en eau profonde.
C’est le Môle Saint-Nicolas qui a été choisi. Un communiqué gouvernemental, en date du 22 mai 2014, annonce un ‘projet de développement du Môle Saint-Nicolas (comprenant) entre autres : un port de transbordement en eau profonde’.
Avec les grands travaux d’agrandissement qui se poursuivent au Canal de Panama, va débuter aussi l’ère des cargos géants. Ceux-ci, devant traverser entre autres le Canal du Vent pour se rendre en Amérique du Sud (Brésil) et en revenir, doivent passer obligatoirement entre Cuba et la Jamaïque d’un côté et Haïti de l’autre.
Le Môle Saint-Nicolas …
Le troisième élément de l’ensemble ce sont des ports en eau suffisamment profonde pour accommoder le jaugeage de ces super-cargos qui ne peuvent accoster aux ports ordinaires. D’où l’appellation de port de transbordement. Où le chargement est transbordé sur des cargos normaux.
La baie de Mariel, à Cuba, a été choisie. La construction financée par le Brésil pour un coût de plusieurs milliards, est très avancée. Pour Haïti, le Môle Saint-Nicolas est tout indiqué.
Après la découverte annoncée une semaine plus tôt (seulement) de l’épave de la Santa Maria, le navire amiral de Christophe Colomb, disparu dans cette baie naturelle au nord-ouest de l’île peu après l’arrivée du Grand navigateur dans ce qui deviendra le Nouveau Monde (1492), le Môle refait donc surface.
Pas étonnant que, selon le communiqué du gouvernement haïtien, à la réunion où a été annoncé le nouveau projet, se trouvait aussi le titulaire haïtien de la culture qui a fait remarquer que dans cette zone : ‘on a des vestiges de toutes les époques partout. On peut relever les présences françaises et anglaises dans les fortifications (...). On ne peut pas avoir un site plus culturel que celui-là.’
Indeed !
Symbole pour toute l’Humanité ! …
En effet, outre les préoccupations environnementales soulevées partout dans la conception de ces projets (aussi bien à la Jamaïque qu’à Cuba), se pose en outre dans le cas du Môle Saint-Nicolas la valeur hautement symbolique de ce site et pour toute l’Humanité.
N’empêche que cet aspect ne transparait pas directement dans les conclusions de la réunion du 22 mai dans les locaux du Ministère haïtien du commerce et de l’industrie (MCI), à Port-au-Prince.
Selon le communiqué gouvernemental, le projet retenu comprend : ‘un Port de transbordement en eau profonde ; un Parc industriel sur la presqu’île avec conservation d’une bande verte de 150 mètres ; une zone résidentielle ; une zone d’exploitation de graviers ; une zone agricole ; la construction d’un parc éolien pour alimenter la zone en énergie ; une forêt productive pour exploiter le bois et le transformer ; la création d’une zone spéciale pour différents types de tourisme (sportif, nautique, écotourisme).’
La Banque mondiale …
C’est donc apparemment un projet complet, total-capital. Dont l’énergie électrique (éolienne, produite par le vent) pour le fonctionnement de l’ensemble.
Cependant rien n’est dit dans le communiqué sur le coût, ni le financement. Sinon une déclaration du ministre du Commerce : ‘J’assume qu’un tel projet devrait servir de locomotive pour toute l’économie car les montants proposés sont élevés et les investissements seront créateurs d’un grand nombre d’emplois dans le Nord-Ouest.’
La construction d’un port similaire au sud-est de la Jamaïque a été estimée à plus de 10 milliards de dollars. A être investis par la Chine.
Sinon aussi, toujours côté financement, la présence à la réunion ‘des représentants de la Banque mondiale (…), René Hubert de la société IBI qui a conçu le plan de développement du Môle Saint-Nicolas (…).’
La présence de la Banque mondiale contribue, bien évidemment, à officialiser en quelque sorte la démarche.
Termes de négociations …
Mais tout n’est probablement pas dit dans ce communiqué officiel qui semble avoir été rédigé beaucoup plus pour ne pas tenir le public dans une totale ignorance. Mais en même temps sans trop en révéler.
En tout cas c’est un projet d’envergure et capable, s’il se réalise, de marquer un profond changement dans notre pays.
D’abord au niveau emplois. Il est susceptible de générer un grand nombre d’emplois. Déjà au moment de la construction.
Mais ce n’est pas tout comme retombées économiques. L’Etat haïtien pourrait se refaire une santé au niveau des droits de douane.
Extraordinaire opportunité aussi pour l’investissement de capitaux haïtiens ! S’il en est. S’ils sont sollicités ?
Car tout cela dépend aussi des termes de négociations que saura imposer l’Etat haïtien.
Enfin et surtout Haïti devrait pouvoir profiter d’une telle opportunité d’être ouverte largement sur le monde, pour exporter ses propres produits.
En commençant, bien sûr, par les produire. Agricoles. Semi-industriels.
Cela fait longtemps que nous n’avons plus entendu cette aimable formule : la chance qui passe !
Haïti en Marche, 23 Mai 2014