La désinformation sert à noyer le contenu journalistique, sur les réseaux sociaux, sous le flot de fausses nouvelles et de contenus en faveur des régimes prédateurs, souligne le rapport de juillet 2018 de Rsf.


P-au-P, 26 juil. 2018 [AlterPresse] --- L’organisation Reporters sans frontières (Rsf) dénonce un processus de « harcèlement en ligne » des journalistes, dans un rapport, publié le jeudi 26 juillet 2018.
La liberté d’expression est à présent utilisée pour entraver la liberté de l’information, notamment via le recours aux bots [1], souligne le document intitulé « Harcèlement en ligne des journalistes, quand les trolls [2] lancent l’assaut ».
Ayant pour objectif de faire taire les journalistes, dont les propos dérangent, ces prédateurs de la liberté de la presse ont su utiliser les nouvelles technologies pour mieux étendre leur répression.
Dans leur mode opératoire, les États prédateurs utilisent la désinformation, l’amplification et l’intimidation, pour attaquer les journalistes, souligne le rapport de juillet 2018 de Rsf.
La désinformation sert à noyer le contenu journalistique, sur les réseaux sociaux, sous le flot de fausses nouvelles et de contenus en faveur des régimes prédateurs.
L’amplification consiste à payer des commentateurs pour valoriser artificiellement les contenus.
En effet, les États prédateurs recourent aux insultes, aux menaces de mort, pour intimider les journalistes, pris personnellement comme cibles.
Le Cyberharcèlement est perpétré massivement par des individus de trolls, individus isolés ou mercenaires à la solde d’États autoritaires, lit-on sur le site officiel de Rsf.
Pendant six mois, l’organisation Rsf a documenté des dizaines de cas, dans 32 pays, via les douze bureaux et sections de l’organisation ainsi que son réseau de correspondants à travers le monde.
L’organisation Rsf indique avoir repéré des campagnes de haine, orchestrées par des régimes autoritaires ou répressifs, comme en Chine, en Russie, au Vietnam, en Inde, en Turquie, en Iran, etc.
Il est souvent difficile d’établir de liens directs entre les cabales en ligne et les États, fait savoir l’organisation Reporters sans frontières.
L’organisation internationale recommande de renforcer le cadre légal, permettant la répression du harcèlement en ligne des journalistes, et de l’appliquer strictement aux plateformes en ligne.
Elle appelle à mettre aussi en place des mécanismes d’alerte et d’intervention rapide, en cas de harcèlement, et de garantir leur bonne articulation avec les services judiciaires.
Il convient également de garantir que les règles de la lutte contre les contenus haineux soient appliquées de manière proportionnée et avec discernement, afin qu’elles n’entraînent aucune restriction abusive à la liberté d’expression et d’information en ligne.
Il faut aussi mettre en place des mécanismes de réparation des violences subies par les victimes de cyberharcèlement.
Reporters sans frontières invite les médias à s’adapter à la menace et à mieux l’anticiper, à encourager la création de réseaux d’échanges de bonnes pratiques, en développant une approche holistique, et à se saisir du sujet du harcèlement en ligne des journalistes.