L’incontournable auteur de l’histoire de la ville de Port-au-Prince, actuelle capitale de la république d’Haïti, l’historien Georges Corvington a déposé sa plume dans la matinée du 3 avril 2013.
« Haïti a perdu un trésor d’une valeur inestimable avec le départ de Georges », a déclaré le président Michel Martelly dans un communiqué publié le jour du décès.
Son œuvre célèbre, « Port-au-Prince au cours des ans », rédigée en 7 tomes, si elle est très citée dans des travaux de recherches tant en Haïti qu’à l’étranger, n’est pas très convoquée dans l’enseignement supérieur en Haïti.
S’attristant de « la disparition de ce grand intellectuel », le professeur d’Université Georges Eddy Lucien regrette que ses étudiants ne citent que très rarement Georges Corvington.
« En général ils font appel à des auteurs occidentaux », précise-t-il, tout en croyant que « cette mort doit être l’opportunité de s’intéresser aux chercheurs haïtiens ».
Lucien a fait sa thèse à l’université de Toulouse, le Mirail sous le thème « Port-au-Prince (1915-1956). Modernisation manquée : centralisation et dysfonctionnements ». Il a rencontré Corvington 3 fois pendant la rédaction de son travail.
« Les étudiants connaissent le nom mais ne connaissent pas ses travaux. C’est vraiment frustrant. Nos professeurs ne se réfèrent pas tellement les travaux menés par des chercheurs haïtiens particulièrement sur la ville de Port-au-Prince », regrette le professeur Lucien.
Pourtant celui qui a décrit avec moult détails la vie de Port-au-Prince dans ses différents aspects, a fait don aux Haïtiens et Haïtiennes voire au monde entier, d’une riche et importante documentation sur Port-au-Prince depuis sa fondation en 1759 à 1956.
Pas mal d’auteurs le citent dans leurs travaux. Les notes de bas-de-page et les bibliographies foisonnent de références aux 7 volumes qu’il a consacrés à la capitale haïtienne.
« Les étudiants en sciences humaines et sociales des universités privées et de l’Université d’Etat d’Haïti devraient consulter avec plaisir les ouvrages de Corvington et en trouver l’inspiration pour aborder certaines thématiques relatives à l’histoire de Port-au-Prince », estime un étudiant de l’Ueh.
Très peu parmi ceux contactés par AlterPresse ont lu l’historien de Port-au-Prince.
Pour sa part, le professeur Alain Jean estime qu’il n’a pas suffisamment lu Georges Corvington mais saisit l’occasion de sa mort pour approfondir cet auteur surtout que « du point de vue socio-historique il est d’intérêt de lire Georges Corvington. Les travaux sur nos villes ne sont pas légions ».
Alain Jean détient une maitrise en développement local et innovation territoriale de l’Universidad de Alicante (Espagne). Il est professeur de sociologie Urbaine à la faculté des sciences humaines de l’Ueh.