ACTION URGENTE (Amnesty International Belgique) – En République dominicaine, quatre journalistes ont été harcelés et ont reçu des menaces de mort pour avoir prôné le respect des droits des Dominicains d’origine haïtienne.


Le 2 février, quatre journalistes dominicains, Juan Bolívar Díaz, Huchi Lora, Amelia Deschamps et Roberto Cavada, connus pour dénoncer fermement la discrimination envers les Dominicains d’origine haïtienne, ont signalé plusieurs menaces et actes de harcèlement dont ils avaient été victimes dans le cadre de leur profession. Roberto Cavada a déclaré avoir été suivi le 10 janvier par un inconnu qui l’a traité à haute voix de « traître à la patrie » dans un supermarché et a hurlé : « Nous allons tuer tous les traîtres, à commencer par les journalistes. »
Le 16 janvier, dans un supermarché de Saint-Domingue, un inconnu a crié à Amelia Deschamps : « Vous méritez d’être tuée la première ! Et ensuite, Huchi et Juan Bolívar ! Vous êtes tous des traîtres à la patrie ! » Le 26 janvier, lors d’une manifestation organisée par des groupes [ultra]nationalistes à Santiago, un homme a déclaré à la télévision : « Les traîtres à la patrie méritent la mort. »
Il a cité nommément Juan Bolívar Díaz, Huchi Lora et Roberto Cavada. Les journalistes concernés ont aussi rapporté que, début 2014, une entreprise publicitaire avait tenté d’imprimer une grande quantité de prospectus présentant des caricatures de Juan Bolívar Díaz et Huchi Lora, qui étaient qualifiés de « traîtres à la patrie ». Ces documents appelaient à la « mort des traîtres ».
Les quatre journalistes ont déposé deux plaintes au parquet de Santiago et de Saint-Domingue (district national). Le 3 février, la police a informé la presse de l’ouverture d’une enquête. Le même jour, Juan Bolívar Díaz a indiqué à Amnesty International que le ministre de l’Intérieur et un policier de haut rang lui avaient rendu visite pour lui dire que le président de la République leur avait demandé de mener des investigations approfondies.
Depuis l’arrêt 168-13 de la Cour constitutionnelle, qui a déchu rétroactivement des milliers de personnes d’origine étrangère de leur nationalité dominicaine, des personnes d’origine haïtienne, des migrants haïtiens, des journalistes et des défenseurs des droits humains ont signalé une multiplication des menaces et des manœuvres d’intimidation dirigées contre eux.