P-au-P., 12 juil. 2018 [AlterPresse] --- La décision de l’État haïtien d’augmenter les prix du carburant et qui a provoqué de violentes émeutes les 6 et 7 juillet derniers est qualifiée d’“irresponsable et inopportune” par l’économiste Camille Chalmers, secrétaire exécutif de la Plateforme de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda).


Cette décision, sur laquelle est revenue le gouvernement, n’a pas tenu compte de la situation de précarité dans laquelle vit la majorité de la population, soutient l’économiste dans un entretien accordé à AlterPresse.
Il estime toutefois que l’exécutif dispose de moyens pour résoudre la crise socioéconomique, dont l’accès à plusieurs possibilités de recettes.
Il suggère la mise en oeuvre d’une nouvelle politique économique, une nouvelle politique budgétaire et le contrôle de la contrebande au niveau de la frontière.
L’économiste prône aussi l’augmentation de la taxe sur l’alcool et le tabac qui est au niveau de 12% actuellement en Haïti, contrairement au taux de 35% dans la Caraïbe.
De même, suggère-t-il, les opérations de change quotidiennes effectuées par les banques commerciales estimées à environ 8 millions de dollars américains, pourraient subir une taxation même légère.
Le contexte de la tentative d’augmentation du prix des produits pétroliers est considéré par Camille Chalmers comme difficile pour la population haïtienne, subissant actuellement plusieurs chocs économiques.
La dépréciation de la gourde par rapport au dollar depuis plus de trois ans, l’inflation à deux chiffres au cours de ces deux dernières années, se situant autour de 11 à 15%, et les effets de la mauvaise gestion de la politique de dollarisation, sont entre autres les caractéristiques relevées par Chalmers..
Pour Camille Chalmers, la décision d’augmenter les prix du carburant constituent un “mépris total” de la population. C’est une “violence” de l’État sur la population, renchérit-il.
A coté de tout cela, le salaire minimum de 350 gourdes dans les zones franches, ne couvre pas un tiers des besoins minimum de survie des ouvriers de la sous-traitance, dénonce l’économiste, sans oublier la publication du budget controversé 2017-2018 qualifié de «criminel».
Ce budget a été rejeté par différents secteurs de la vie nationale.