Le rectorat de l'Université d'Etat d'Haïti (UEH) est consterné par la disparition de l'anthropologue et historien haïtien de renommée internationale, Michel-Rolph Trouillot, dont il a salué l'énorme contribution au renouvellement des sciences sociales en Haïti.

Paralysé depuis plusieurs années après avoir été victime d'une convulsion cérébrale, Michel-Rolph Trouillot s'est éteint dans la nuit de mercredi à jeudi (4 au 5 juillet) à Chicago, a annoncé sa famille dans un communiqué.

Les autorités académiques de l'UEH relèvent que l'ouvrage 'Ti dife boule sou Istwa Dayiti', publié en 1977, est le premier livre d'histoire de la révolution haïtienne (écrit) en créole. Le défunt est détenteur d'un doctorat obtenu à Johns Hopkins University, l'une des plus prestigieuses institutions universitaires américaines.

D'autres publications importantes suivront, dont 'Les racines historiques de l'Etat duvaliérien' (1986), une radioscopie des fondements sociologiques de la dictature qui a ensanglanté Haïti (1957-1986) et qui existe aussi dans une édition en anglais : ' Haiti : state against nation. The origins and legacy of duvalierism' (1990). Il faut également mentionner du même auteur 'Silencing the Past : Power and the Production of History » (1995), devenu un livre culte dans certaines universités américaines.

L'historien Pierre Buteau a également rendu un vibrant hommage à Michel-Rolph Trouillot pour son œuvre considérable et son effort de renouvellement du discours haïtien dans le domaine des sciences sociales et de l'histoire des idées.

L'universitaire, qui est le frère du romancier Lyonel Trouillot et compte deux sœurs versées dans l'écriture, la romancière Evelyne Trouillot et la pédagogue Jocelyne Trouillot Lévy, était le fils d'un éminent juriste, Ernst Trouillot, et le neveu de l'historien Enock Trouillot.