AHP) – Les présidents des deux chambres du parlement haïtien, Simon Dieuseul Desras (Sénat) et Levaillant Louis Jeune (chambre des députés), ont invité des personnalités issues des différentes institutions du pays à une rencontre, le vendredi 4 mai, en vue d'échanges sur la crise politique et d'explorer, sur la base d'une responsabilité partagée, des idées de solution pouvant aider au renforcement de la démocratie.

Dans une lettre conjointe adressée à une trentaine de personnalités d'horizons divers dont l'Eglise, le secteur privé, l'Université, les droits humains, les femmes, la presse, les partis politiques, le corps législatif etc. les dirigeants du parlement expliquent qu'Haïti fait face depuis les élections de 2010/2011 à une crise politique aigüe qui s'est accentuée avec notamment des conflits à répétition entre les pouvoirs exécutif et législatif depuis 10 mois.

"Les engagements pris par les autorités haïtiennes, en particulier le président de la République, pour l'établissement d'un état de droit en Haïti, restent sans suite", écrivent les présidents des deux chambres, ajoutant que le pays fonctionne aujourd'hui sans un agenda législatif, sans conseil électoral, sans le conseil supérieur du pouvoir judiciaire.

De plus, soulignent-ils, les élections pour le renouvellement du tiers du Sénat et des collectivités territoriales, indispensables au renouvellement du personnel politique et à la consolidation de la stabilité, sont de plus en plus incertaines pour cette année.

Simon Dieuseul Desras et Levaillant Louis Jeune s'inquiètent aussi du fait que "sur le plan politique, le pays fait face à une recrudescence de l'insécurité dans une ambiance où des civils se faisant passer pour des anciens militaires, circulent avec des armes automatiques".

"Le pays s'enfonce de plus en plus dans une crise socio-économique et humanitaire: résurgence du choléra, augmentation du coût de la vie, menace sur certaines communautés vulnérables avec la saison des pluies, méfiance du côté des investisseurs dans un environnement politique caractérisé par l'incertitude", déplorent encore les dirigeants du parlement, qui soulignent que "la crise est aussi d'ordre moral et constitutionnel, beaucoup de suspicions pesant sur certains de nos dirigeants quant à leur intégrité et leur capacité à diriger le pays".