GAZETTE.HAITI - La nouvelle a eu l'effet d'une bombe et a surpris tout le monde. Moins de 24 heures après avoir écrit aux secteurs représentés au Conseil électoral provisoire (CEP) pour reconfirmer la présence de leur membre, les huit (8) membres du conseil jettent l'éponge. Un coup dur pour le président Jovenel Moise qui jurait d'organiser des élections cette année.


« Aujourd'hui notre pays fait face à une crise politique et institutionnelle, entrainant de lourdes conséquences économiques, sociales et sécuritaires. Tout en reconnaissant l'urgence de la normalisation, il nous parait essentiel de prioriser le dialogue entre les principaux acteurs du pouvoir, de l'opposition et de la société civile en vue d'aboutir à un consensus approprié. Cette étape inévitable constitue un passage obligé pour parvenir à une solution viable capable de juguler la crise actuelle. Il s'agit également d'une condition indispensable pour la fiabilité et la réussite d'un processus électoral inclusif. En vue de faciliter cette évolution, les soussignés membres du Conseil Electoral Provisoire ont décidé volontairement de vous présenter leur démission qui prendra son plein effet le lundi 27 juillet 2020 », écrivent les conseillers électoraux.
Dans une déclaration faite la semaine précédente et qui a scandalisé maints secteurs, le président Jovenel Moise avait annoncé que ‘personne ne pourra lui ravir le pouvoir dans le cadre d'une éventuelle compétition électorale. « Pa gen pésonn kap ka pran pouvwa sa a nan men nou ankò », s’est-il vanté. Une déclaration qui suscite depuis une vague de réactions allant même jusqu'à prêter à Jovenel Moise des velléités dictatoriales.
Si le Palais s’est tû sur la question, le Ministre des affaires Etrangères Claude Joseph a tenté d'expliquer les propos du président. Selon lui, le président ne faisait pas référence à sa personne ou à son camp politique. Il s'adresserait plutôt à une frange du secteur économique qui depuis des temps contrôle le pouvoir en sous-main.
Cette démission brusque en bloc du CEP, peut être considérée comme une réponse des secteurs représentés au sein de l'institution au Président Jovenel Moise qui leur avait demandé de confirmer ou non leur présence.
Tout compte fait, cette décision vient de changer totalement la donne politique.
Comment Jovenel va-t-il s'y prendre pour trouver cet accord que recommande le CEP démissionnaire? Comment convaincre l'opposition à venir à la table des négociations avec un pouvoir dont elle réclame le départ, au plus tard le 7 février 2021?
L’international, accusé de connivences avec le pouvoir, y est-il pour quelque chose? Retrouvera-t-il un minimum de crédibilité aux yeux des acteurs de l’opposition et d’autres secteurs de la société, pour jouer son rôle habituel d’arbitre ?
Par Jose Emmanuel