Matthew a frappé Haïti de plein fouet les mardi 4 et mercredi 5 octobre écoulés. Passée la catastrophe, c'est la stupéfaction dans la Diaspora; on ne s'attendait pas à un bilan aussi désastreux en termes de pertes en vies humaines. A chaque bulletin d'information, les grandes chaines de télévision américaine comme CBS, ABC, NBC, FOX et CNN annoncent des chiffres terribles : 100, 200, 400, 600, 800, 900. A mesure que les heures passent, l'angoisse s'accentue, surtout pour ceux qui n'arrivent pas à contacter leurs proches qui vivent dans les zones sinistrées. Pour certains, l'ouragan Matthew ramène les souvenirs douloureux du séisme du 12 janvier 2010.


Mais l'heure n'est pas seulement aux pleurs et aux larmes. Pour l'instant, il s'agit surtout de se mobiliser pour porter secours aux victimes de ce nouveau désastre qui a notamment ravagé les départements du Sud, des Nippes et de la Grand'Anse (Sud-Ouest) d'Haïti. La Diaspora se mobilise donc pour aider la mère patrie en ce moment pénible. Depuis la semaine dernière, l'organisation « Man Dodo Humanitarian Foundation » coordonne un effort humanitaire en collaboration avec une vingtaine d'organisations Haïtiano-Américaines. Il s'agit d'organisations socioprofessionnelles à Miami ainsi que des organisations d'étudiants haïtiano-américains.
« Nous supportons Haïti, supportez-nous », peut-on lire sur un flyer posté sur le site web de l'organisation humanitaire fondée par Ed, Jeff et Marjorie Lozama, et qui œuvre depuis 10 ans dans le Sud d'Haïti. A Miami, plus d'un ont répondu à l'appel et ont apporté de l'eau en bouteille, de la nourriture non périssable, des vêtements, des médicaments, des matériaux de construction, des dons en espèces au CMS International Group Corp, 3333 NW 168th Street à Miami Gardens. Certains ont apporté des provisions alimentaires qu'ils avaient acquises pour eux-mêmes en prévision du cyclone Matthew qui devait aussi passer par la Floride. L'ouragan ayant épargné le « Sunshine State », les Haïtiens d'ici ont jugé que les provisions seraient plus utiles à Haïti.
Cet effort humanitaire se fera en deux temps. Il consiste d'abord en la collection des produits de première nécessité pour les victimes du cyclone. La seconde phase sera l'envoi d'équipes médicales sur le terrain. « Des membres de l'association des médecins haïtiano-américains et des membres de l'association des infirmières haïtiano-américaines (HANA) prendront part à ces missions médicales dans les zones affectées », indique Jeff Lozama.
Cet effort est intéressant, poursuit Lozama, dans le sens qu'il implique des jeunes haïtiano-américains qui ont compris la nécessité d'aider leur pays d'origine. Plus de 300 d'entre eux ont offert leur service.
En Haïti, Man Dodo Humanitarian Foundation s'est associée à la plus grande institution socioreligieuse du Grand Sud, la Mission des Eglises Baptistes du Sud d'Haïti (MEBSH) pour coordonner l'effort humanitaire sur le terrain.
Selon Jeff Lozama, cet effort est différent de celui du 12 janvier 2010 qui manquait d'organisation. « Aujourd'hui on veut parler d'une même voix et consolider nos forces pour avoir un plus grand impact. Nous voulons aussi créer une plateforme pour accueillir plus de participants », indique-t-il. « Nous voulons qu'Haïti sache que la Diaspora veut être la première à apporter les premiers soins », conclut Lozama dont des membres de la famille ont été touchés par le cyclone.
Selon Sandy Dorsainvil, coordinatrice de l'effort humanitaire, les organisations contactées en Floride ont été plus qu'enthousiastes d'apporter leur aide à Haïti. « Ce serait impossible de contacter une organisation en ces circonstances et de recevoir une réponse négative », assure la représentante de la Haitian American Professionals Coalition (HAPC). Il y a aussi des artistes et des musiciens qui ont mis la main à la pâte, ajoute-t-elle. Cependant, il ne s'agit pas seulement de la Floride. « Grace aux réseaux sociaux, des organisations de New York, Georgia, Connecticut voire de Californie, nous ont contactés pour participer à l'effort humanitaire envers Haïti», indique Mme Dorsainvil.
Toutefois, pour éviter la mauvaise expérience du 12 janvier 2010, certains indiquent être en quête d'institutions crédibles ou d'organisations ayant fait preuve de bonne gestion de l'aide humanitaire dans le passé.