La République dominicaine se trouvait mercredi (20 juin 2012) au banc des accusés à la Cour interaméricaine des droits humains pour la mort de 6 migrants haïtiens assassinés par l'armée dominicaine il y a 12 ans. Ce cas connu comme "l'Affaire Nadège Dorzema contre la République dominicaine" ou "le massacre de Guayubín", réfère à l'assassinat par balles de 6 ressortissants haïtiens, le 18 juin 2000, à la frontière entre les deux pays, lorsque ces derniers tentaient de pénétrer illégalement en territoire dominicain, dans un camion, pour y chercher du travail.

Le nommé Noclair Florvilien, un des 37 Haïtiens qui voyageaient dans le camion, a fait le récit du drame devant les juges, faisant savoir qu'il souffre aujourd'hui encore de séquelles psychologiques et physiques qui l'empêchent de travailler pour subvenir aux besoins de ses enfants.

Selon le récit, le chauffeur du camion avait fait des arrangements avec les militaires pour passer la frontière, mais à un poste, des soldats ont déclenché contre eux une fusillade. Le véhicule a continué sa course. Les coups de feu se sont poursuivis. Entre temps, la bâche qui recouvrait le camion a été emportée par le vent et les migrants se sont retrouvés à vue, a dit Florvilien, avec l'aide d'un traducteur.

Pour sa part, une représentante de la Commission interaméricaine des droits de l'homme, Rosa María Ortiz, a placé le cas dans un contexte de violations des droits des immigrants haïtiens.

Elle a fait savoir que les 6 Haïtiens ont été abattus par l'armée dominicaine: 4 d'entre eux ont été mitraillés à l'intérieur même du camion, et les deux autres, alors qu'ils tentaient de fuir à pied. Les survivants ont été par la suite expulsés du pays, sans aucune considération.