P-au-P, 30 juil. 2018 [AlterPresse] --- La circulation automobile est très fluide dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, en début de matinée, le 30 juillet, à l’occasion du mot d’ordre de grève lancé par plusieurs organisations sociopolitiques.
Des organisations politiques, syndicales et populaires ont appelé à cette grève pour réclamer la démission du président Jovenel Moïse et la libération d’une soixantaine de personnes arrêtées suite aux émeutes des 6, 7 et 8 juillet derniers dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince.
L’appel est lancé par des organisations socio-politiques comme le Mouvement 22 janvier (M22), le parti Rasin kan pèp la, le Collectif des organisations estudiantines progressistes haïtiennes (en créole Koepa) et le Mouvman vizyonè desalinyen (Movid).
Ces organisations avaient réalisé, le mardi 24 juillet 2018, une mobilisation devant le palais de justice de Port-au-Prince sur la base des mêmes revendications.
Les récentes émeutes survenues suite à une tentative d’augmentation des prix des produits pétroliers ont provoqué la démission, le samedi 14 juillet 2018, du premier ministre Jack Guy Lafontant, en dépit du retrait de la mesure.
Le président Jovenel Moïse a conduit durant les 3 dernières semaines des consultations auprès de plusieurs secteurs afin de désigner un premier ministre susceptible de répondre aux attentes de la population.
Le président de la chambre des députés, Gary Bodeau, a fait publier dimanche soir 29 juillet une lettre ouverte adressée au chef de l’État, dans laquelle il suggère à ce dernier d’ « accélérer le processus de désignation d’un premier ministre et de mise en place d’un gouvernement, afin de régénérer l’espoir et de ramener la sérénité et la paix durable dans nos rues ».
Pour Gary Bodeau, « tout retard dans la mise en place d’une nouvelle équipe gouvernementale ne peut se solder que par un approfondissement des frustrations et l’exacerbation des acrimonies sociales et politiques, dangereuses pour la stabilité ».
« Trois semaines c’est déjà trop : l’attente a atteint les limites de la patience », se préoccupe le président de la chambre des députés.
Le mot d’ordre de grève du 30 juillet visait également à exiger justice et réparations en faveur de plusieurs familles dont les maisons ont été détruites au début du mois de juillet à Pèlerin 5 (périphérie est de la capitale) sur ordre du commissaire gouvernement de Port-au-Prince, Me Clamé Ocnam Daméus.
Les organisateurs de la grève réclament également l’arrestation des personnes impliquées dans la dilapidation des plus de trois milliards de dollars américains des fonds Petro-Caribe et la suspension de certains privilèges jugés « indécents » accordés à des autorités.
Dans un communiqué, le ministère de la justice et de la sécurité publique informe que la police a été instruite pour sévir contre tout fauteur de trouble durant la journée du 30 juillet, invitant la population à vaquer librement à ses occupations habituelles.
Le ministère « condamne avec véhémence le comportement de certains individus mal intentionnés qui cherchent, à tout prix, à créer un climat de panique généralisée dans le pays », lit-on dans le communiqué.