La CROIX - Alors que le petit pays des Caraïbes s’enfonce toujours plus dans la misère, la conférence des évêques d’Haïti a vivement haussé le ton contre le gouvernement, l’enjoignant à l’action.
le 30/09/2019



Le 27 septembre 2019, à Port-au-Prince. Les représentants de l’Église, dans ce pays qui avait été frappé par un terrible séisme en 2010 faisant plus de 200 000 victimes, s’élèvent contre les maux dont souffre le peuple haïtien. JEAN MARC HERVE ABELARD/EPA/maxppp
« Nous vivons comme si nous étions dans un état de guerre fratricide, à cause du comportement des élus et dirigeants. » Dans une note datée du vendredi 27 septembre, les évêques haïtiens ne mâchent pas leurs mots pour pointer du doigt la responsabilité du gouvernement.
Le petit pays des Caraïbes est en proie à une profonde crise sociale et politique qui vire au chaos. La journée du vendredi 27 septembre a été le théâtre de manifestations d’ampleur pour réclamer la démission du président Jovenel Moïse, soupçonné de corruption.
Face à ce désordre qui dure, l’Église catholique a décidé de sérieusement hausser le ton. « Ce n’est plus le moment de clamer que nous sommes tous coupables, écrivent les évêques haïtiens. Ce n’est pas la vérité. Ni de dire que nous condamnons la violence, d’où qu’elle vienne : elle a une origine. »
« Demain sera trop tard »
Prenant clairement le parti des manifestants et de tous les Haïtiens qui dénoncent l’inaction du gouvernement, les évêques vilipendent ceux qui dirigent le pays : « Malgré nos appels répétés depuis bientôt deux ans, les actuels dirigeants, élus et responsables politiques de Haïti restent sourds, occupés à gérer leur pouvoir, leurs privilèges et leurs intérêts mesquins. » Ils appellent aussi les dirigeants du pays à « un sursaut de prise de conscience » : « C’est maintenant qu’ils doivent agir pour changer la vie en Haïti. Demain sera trop tard. »
Les représentants de l’Église, dans ce pays qui avait été frappé par un terrible séisme en 2010 faisant plus de 200 000 victimes, s’élèvent contre les maux dont souffre le peuple haïtien. « Existe-il une violence plus atroce que celle de vivre constamment dans l’insécurité ? Y a-t-il pire que la misère noire qui enlève tout espoir ? », se demande la conférence des évêques qui affirme haut et fort qu’« aucun peuple ne doit accepter la misère, la pauvreté, la violence de manière défaitiste ».
Dans ce contexte, les évêques lancent un appel à l’union du peuple contre lutter contre « l’insécurité, la corruption, l’impunité, la violence et tous les germes de mort ». « Dieu nous a créés pour la vie. Pour cela, nous avons le droit d’exister et de vivre dignement », clament-ils.