La manifestation convoquée vendredi, 17 octobre, par l’opposition au gouvernement Martelly a été dispersée par la police à la mi-journée à coups de matraques et de gaz lacrymogènes.


La police a procédé à plusieurs arrestations, selon le sénateur Moïse Jean-Charles qui affirme avoir été lui-même, et à plusieurs reprises, la cible des policiers. Dénonçant la politisation manifeste de la police, il annonce la mobilisation générale contre le gouvernement "Tèt Kale".
Le porte-parole adjoint de la Police Nationale d’Haïti, l’inspecteur Garry Desrosiers, avait annoncé jeudi soir que le haut commandement de l’institution policière avait décidé de modifier le parcours de la manifestation pour éviter toute confrontation des opposants avec des partisans du gouvernement qui devaient prendre part à un rassemblement convoqué par le chef de l’Etat, Michel Martelly, dans le cadre de la commémoration du 208ème anniversaire de l’assassinat de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines.
Une des branches de la manifestation anti-gouvernementale devait partir des ruines de l’ancienne église Saint-Jean Bosco située non loin de la piste de l’ancienne aviation militaire de Boenfield où devait se tenir le rassemblement gouvernemental.
Les opposants se proposaient de se rendre à Pétion-Ville, conformément à leur slogan « Pitit Dessalines yo pral wè pitit Pétion yo » (Les enfants de Dessalines vont rencontrer ceux de Pétion), en référence au contentieux historique entre les deux héros de l’indépendance, entre les noirs et les mulâtres et en référence également à la prédominance à Pétion-Ville des mulâtres faisant partie, pour la plupart, de l’élite économique. La police a unilatéralement modifié le parcours des manifestants de l’opposition en empêchant non seulement qu’ils se rendent à Pétion-Ville, mais aussi en réduisant à deux heures la durée de leur manifestation pour un circuit qui en demandait assurément davantage.
Le président Michel Martelly et le premier ministre Laurent Lamothe avaient déposé vendredi matin une gerbe de fleurs au monument érigé au Pont Rouge (sortie Nord de la capitale) à la mémoire de l’Empereur, à l’endroit où, selon les historiens, le fondateur de la Patrie avait été lâchement assassiné le 17 octobre 1806. Les deux chefs de l’Exécutif devaient par la suite se retrouver sur la piste de l’ancienne aviation militaire pour prendre part à un programme de réjouissances populaires pour « célébrer la vie de l’Empereur » et non plus sa mort, en rupture avec la tradition, selon la propagande officielle.
De son côté, la manifestation de l’opposition a été dispersée par la Police à plusieurs reprises. Mais plusieurs petits groupes de manifestants avaient affiché leur détermination à poursuivre avec le mouvement. Le sénateur Moise Jean Charles s'est évanoui après avoir inhalé du gaz lacrymogène, selon des informations communiquées par des manifestants. Ceux-ci voulaient se rendre à Pétion Ville, malgré l'interdiction de la Police.