Faisant fi de son licenciement à la tête de la mission diplomatique haïtienne en République Dominicaine, Daniel Supplice, qui aura passé seulement 5 mois comme ambassadeur, continue après son licenciement, avec ses déclarations. Il met fortement en cause le PIDIH, Programme d'identification et de documentation des immigrants haïtiens, qui est, dit-il, un échec monumental. Et dans une correspondance adressée au Président Michel Martelly, il cite des exemples :
« En mars 2015, seulement 2, 000 personnes sur 300, 000 ont été enregistrées dans le Pidih, lancé en République dominicaine par les dirigeants haïtiens, le 21 juillet 2014. »
Dans cette lettre, l'ex-ambassadeur souligne des faits à reprocher aux autorités haïtiennes comme leur irresponsabilité face aux mauvaises conditions de vie des Haïtiens vivant en territoire dominicain.
Il appelle aussi le gouvernement haïtien à gérer cette autre face de la réalité qui contraint des milliers d'Haïtiens à continuer à traverser la frontière à la recherche d'un mieux-être.
Si ces gens trouvaient comment vivre en Haïti, ils ne laisseraient jamais le pays pour aller chercher ailleurs un moyen de subsistance.
En ce qui concerne l'éducation, Daniel Supplice souligne que « 44,310 jeunes fréquentent les universités d'État ainsi que des centres universitaires privés sans oublier ceux et celles qui, vivant à la frontière, vont dans des écoles primaires et secondaires en territoire dominicain le matin et retournent en Haïti le soir », rappelle-t-il.
Il déplore le fait que des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants continuent de vendre leur journée de travail dans le secteur agricole, dans des conditions extrêmement difficiles, mais ne pensent pas à revenir au pays. « On n'a pas non plus réussi à donner à nos concitoyens un acte de naissance prouvant qu'ils existent et à créer à l'interne une situation qui aurait empêché à ces millions d'Haïtiens et d'Haïtiennes de laisser le pays à tout prix et parfois dans n'importe quelle condition », regrette-t-il.
Plus globalement, sur la gestion des relations entre Haïti et la République dominicaine, l'ambassadeur limogé estime qu'elle demande de la part des différents acteurs « une attitude raisonnée, raisonnable et où l'amateurisme et l'improvisation n'ont pas leur place ».
Depuis l'expiration, le 17 juin 2015, du Plan national de régularisation des étrangers (Pnre), on assiste à des expulsions de milliers de migrants haïtiens et de Dominicains d'ascendance haïtienne.
Ce plan a été instauré après l'arrêt 168-13, pris par la Cour constitutionnelle dominicaine, le 23 septembre 2013, dénationalisant plusieurs centaines de milliers de Dominicains, la plupart d'origine haïtienne. Cet arrêt dénationalise tous les natifs dominicains, nés de parents étrangers, à partir de 1929.