Depuis le début de l'année 2015, Haïti fait face à la pire sécheresse depuis ces 35 dernières années, rapporte la Coordination Nationale de Sécurité Alimentaire (CNSA). Le phénomène « El Niño », qui a commencé au début 2015, l'un des plus forts jamais enregistrés, pourrait persister en 2016, et avoir des répercussions sur la sécurité alimentaire en Haïti.
Cette sécheresse a entrainé des pertes considérables de récoltes et la réduction de la disponibilité de produits alimentaires locaux sur les marchés, combinée à une hausse vertigineuse des prix de ces derniers. En outre, les pénuries d'eau importantes ont été signalées dans les départements les plus touchés (Nord-Ouest, du Centre, du Sud et du Sud-Est). Les pertes agricoles s'élève à plus de 50% (70% dans certaines régions) par rapport à la normale sur la campagne de printemps de 2015, qui représente près de 60% de la production annuelle du pays.
« S'il ne pleut pas avant la récolte de 2016, cela voudra dire que de nombreux agriculteurs perdront leur troisième récolte consécutive et ne pourront pas subvenir aux besoins de leur famille » a déclaré Wendy Bigham, Directrice adjointe du Programme Alimentaire Mondial PAM en Haïti « Nous devons les aider à couvrir leurs besoins immédiats tout en les aidant à construire leur résilience. »
Selon la CNSA, 3,6 millions d'Haïtiens sont actuellement en état d'insécurité alimentaire, dont 1,5 millions en situation d'insécurité alimentaire sévère et 200,000 (soit 40,000 familles) en situation d'extrême urgence alimentaire. Avec la persistance du phénomène El Niño, et si rien n'est fait d'ici juillet 2016, l'insécurité alimentaire pourrait affecter environ 5 millions de personnes (soit la moitié de la population haïtienne).
De plus, pour les 5 départements touchés par la sècheresse, il est attendu environ 76,000 enfants souffrant de malnutrition aiguë dont 37,500 atteint de malnutrition aiguë sévère. Une situation qui pourrait empirer si des mesures nécessaires ne sont pas prises à court et à long terme.
En guise de réponse à cette situation alarmante, la CNSA a élaboré un plan de réponse d'urgence pour lutter contre la faim et sauver la campagne agricole de printemps 2016. Un montant de 2 milliards de gourdes est nécessaire pour répondre notamment aux besoins urgents des 40,000 familles au niveau des 20 communes vivant en situation d'insécurité alimentaire aiguë et assurer la prise en charge nutritionnelle des groupes cibles dans les zones affectes.
De son côté, sur la base de ses nouvelles études, le PAM va intensifier son opération d'urgence afin de répondre aux besoins immédiats de 1 million de personnes en situation d'insécurité alimentaire sévère en effectuant des transferts d'argent ainsi qu'en distribuant des rations de nourriture.
Ces distributions immédiates seront complétées par des programmes d' « Argent Contre Travail » où 200.000 personnes recevront de l'argent en échange de leur travail sur des projets de gestion de l'eau ou de conservation de sol mis en place pour favoriser le développement à long terme. Le PAM a déjà implémenté des projets d' « Argent contre Travail » pour plus de 30,000 personnes dans les zones les plus affectées par la sècheresse.