Port-Au-Prince, le 15 janvier 2020 – À la conférence internationale sur les réponses aux besoins des victimes du choléra qui se tenait à Port-au-Prince, le message des victimes est clair : elles demandent à l’État haïtien et à la communauté internationale de veiller à ce que les droits et les attentes des victimes soient au cœur des priorités et de toute forme d’assistance.
Cette conférence a rassemblé des organisations de la société civile, des représentants des autorités haïtiennes, des médecins, des sociologues de même que des juristes d’Haïti et de divers autres pays. Elle suscite des échanges constructifs sur la faisabilité d’une approche individuelle d’assistance pour les victimes les plus touchées par le choléra et ce, en complément de l’approche communautaire qui prévaut.
« Dix années se sont écoulées depuis le début de l’épidémie de choléra, introduit par des soldats népalais de la MINUSTAH dont les eaux usées ont été déversées par négligence dans un affluent de l’Artibonite. Bien qu’on puisse se réjouir de l’éradication de l’épidémie elle-même, les réparations et l’assistance auxquelles les victimes ont droit ne leurs ont toujours pas été octroyées. À la suite d’une consultation, les victimes affirment que des projets collectifs sont utiles pour aider le pays à surmonter l’épreuve, mais que de tels projets doivent nécessairement être complétés par des mesures individuelles répondant de manière plus spécifique aux souffrances et aux besoins des personnes les plus affectées par l’épidémie, notamment les femmes, les enfants et les autres personnes ayant perdu un proche. Elles doivent être écoutées, d’autant plus qu’une étude détaillée conclut à la faisabilité de telles mesures de soutien particularisé aux principales victimes », souligne Maître Pascal Paradis, directeur général d’Avocats sans frontières Canada (ASFC).
Les victimes sont les premières concernées
En 2016, l’ONU a présenté sa nouvelle stratégie pour lutter contre le choléra en Haïti visant notamment à fournir une assistance aux victimes, leur famille et leur communauté et reconnaissait la nécessité de mener un examen plus approfondi sur la possibilité de prévoir des mesures individuelles en plus d’une approche communautaire.
Malgré l’engagement pris par le Secrétaire général de l’ONU de « consulter les victimes, leurs familles et les communautés dans le cadre de la mise au point du dispositif », les consultations limitées menées par l’ONU n’ont pas permis aux victimes les plus affectées par le choléra de s’exprimer sur les meilleures façons de remédier aux souffrances qu’elles ont personnellement subies.
C’est pourquoi ASFC et l’Institut interuniversitaire de recherche et de développement (INURED) ont mené une enquête auprès des victimes du choléra et d’experts haïtiens et internationaux et ont étudié la faisabilité d’une approche individuelle d’assistance pour les personnes les plus affectées par l’épidémie.
«L’étude recommande à l’ONU de répondre aux priorités, aux besoins et aux préoccupations des victimes du choléra à tout moment et à toutes les étapes, notamment dans la mise en place de toute forme d’assistance. Elle recommande de mettre en œuvre des mesures complémentaires – individuelles et collectives – d’assistance aux victimes du choléra en vue de remédier à leurs souffrances, tout en tenant compte des conséquences du choléra sur leur communauté » précise Appolinaire Fotso, chef de mission d’ASFC.
À propos
Avocats sans frontières Canada (ASFC) est active en Haïti depuis 2005 afin de renforcer l’accès à la justice des personnes en situation de vulnérabilité. Depuis 2017, l’organisation met en œuvre le programme Accès à la justice et lutte contre l’impunité en Haïti (AJULIH) d’une durée de cinq ans.