AHP) - Les gouvernements haïtien et dominicain ont dénoncé un complot qu'auraient orchestré des ressortissants des deux pays et qui viserait à déstabiliser le gouvernement du président haïtien Michel Martelly dans le but de le renverser.
Une conférence de presse a été donnée en ce sens le jeudi 12 avril à Santo-Domingo par des représentants des deux gouvernements. Un communiqué de presse a été lu à l'occasion par le directeur de presse de la présidence dominicaine, Rafael Nuñez.
"Les 2 gouvernements informent que, selon les informations fournies par les agences de sécurité de la République dominicaine, le colonel à la retraite dominicain Pedro Julio Goico Guerrero a fomenté un complot dans le but de déstabiliser le gouvernement démocratiquement élu du président Michel Martelly", indique le communiqué, faisant savoir que l'ancien militaire aurait instruit le citoyen haïtien Pierre Kanzki d'initier une campagne de discrédit contre la personne du chef de l'Etat haïtien.
Les autorités des deux pays ont également présenté deux enregistrements d'écoutes téléphoniques qui auraient été interceptées par les agences de sécurité dominicaines comme fondement de la dénonciation. Dans ces enregistrements, on a pu entendre des voix attribuées aux présumés comploteurs évoquant le récent scandale des millions (2,5 millions de dollars) qui auraient été versés au président haïtien Michel Martelly par un sénateur membre du parti au pouvoir, Félix Bautista.
Dans une déclaration similaire lue le lendemain vendredi à Port-au-Prince par Frantz Bellerice, directeur de cabinet du ministre de la justice Pierre Michel Brunache, les gouvernements des deux pays ont fait savoir que, selon les indications de l'ex-colonel Pepe Goico, Kanzki Pierre devrait entrer en relation avec d'autres secteurs haïtiens pour exécuter le plan dans l'objectif d'arriver à déstabiliser le gouvernement haïtien.
Le ministre Brunache a indiqué pour sa part que le gouvernement prend très au sérieux les informations dont il est en possession. Il a souligné que toute accusation mensongère tendant à discréditer le président Martelly et à ternir son image ainsi que celle du pays sur la scène internationale est de nature à créer une instabilité dans le pays et décourager par la même occasion les potentiels investisseurs.
Du côté dominicain, le président du Sénat et secrétaire général du PLD (Parti de la Libération dominicaine), Reinaldo Pared Perez, a fait savoir qu'il ne s'agit pas d'une dénonciation de son parti mais des gouvernements haïtien et dominicain, et sur la base de documents, dont des enregistrements téléphoniques.
Les représentants des principaux partis politiques dominicains, qu'il s'agisse de Marino Collante du Parti Réformiste Social Chrétien (PRSC), de Ruben Maldonado du Parti de la Libération Dominicaine (PLD) ou de Julio Encarnacion du Parti de la Révolution Dominicaine (PRD), estiment qu'une enquête approfondie doit être diligentée sur la question pour déterminer la véracité ou non des faits dénoncés.
Pour M. Encarnacion qui banalise ces accusations, il s'agit d'un acte de désespoir du PLD qui constate que les sondages placent Hypolito Mejia en tête des intentions de vote avec un pourcentage confortable.
En Haïti, de nombreux secteurs relèvent que la dénonciation du présumé complot coïncide avec l'apparition sur de nombreux murs de la capitale, notamment dans le quartier de Bourdon, de graffitis accusant nommément des membres des secteurs de la presse et des affaires. (AHP)