KENNETH MERTEN EN VISITE EN HAITI EN MARCHE
Le sous-secrétaire adjoint et coordonnateur spécial d’Haïti au bureau des affaires de l’hémisphère, Kenneth Merten, a visité ce lundi 2 octobre 2017 le Sénat de la République. Au cours de cette visite, l’ambassadeur Merten a discuté de divers points avec le président du Sénat Youri Latortue tels : la coopération avec le Parlement haïtien, le renforcement de la Police nationale d’Haïti, et surtout la conjoncture actuelle
Le célèbre leader du groupe haïtien de musique « RAM», Richard Morse (que l’on voitsur la photo avec sa femme Lunise), vient de prendre position sur ces manifestations qui secouent Haïti, à la suite de l’adoption d’un budget impopulaire. Certaines personnes n’acceptent que les manifestations « pacifiques ». Richard Morse leur répond (je traduis son texte qui est en anglais, car il répond à des Américains ; j’ai abrégé son texte qui est très long) :
« J’ai du mal à accepter le concept d’une manifestation pacifique. Si des milliers de gens prennent la rue pour protester, il y a certainement quelque chose qui a mal tourné. Je suppose que la principale cause des protestations, ce sont des décisions économiques, sociales ou politiques injustes.
Ma question : est-ce qu’une politique économique injuste est assimilable à de la violence ?
Lorsque les Etats-Unis ont commencé à envahir l’économie haïtienne avec leur riz et leur sucre, était-ce de la guerre économique ? De la violence ? Est-ce que les petits fermiers haïtiens étaient représentés aux réunions d’import/export, ou bien les rencontres n’étaient-elles pas entre les élites économiques haïtiennes et les politiciens véreux qui allaient bénéficier de la nouvelle politique ? (…)
Cinq mille personnes qui risquent tout en prenant la rue pour demander un changement, est-ce que c’est de la violence ? Ils prennent le risque de se faire tuer, de se faire gazer, battre, arrêter, blâmer pour la violence ? N’y a-t-il pas mieux à faire que d’aller manifester ? Pourquoi sont-ils là ?
Qu’arrive-t-il quand la police disperse une foule de cinq mille personnes avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc ? Est-ce que c’est de la violence ? Sommes-nous en guerre ? Haïti est-elle en guerre avec elle-même ? Quand la guerre a-t-elle commencé ? Est-ce qu’elle a commencé quand quelques personnes se sont réunies pour décider d’envahir le pays avec leurs importations, quand le parlement s’est octroyé une augmentation, ou est-ce que la guerre a commencé quand les cinq mille personnes ont pris la rue ? (…)
Après des années de
- politique économique injuste,
- manque de justice électorale,
- disparition des fonds d’assistance,
- fermiers haïtiens forcés d’abandonner leurs terres et leurs biens pour devenir des ouvriers d’usines aux salaires de misère..
… Après des années d’abus, le peuple haïtien prend à nouveau la rue. Le peuple le plus pauvre de l’hémisphère, sous les griffes d’une élite économique monopolistique qui refuse de considérer les besoins des autres, essaie de son mieux de rectifier une mauvaise situation.
De quel côté est Washington ? De quel côté êtes-vous ?
La non violence, ça n’existe pas.
Il y a des niveaux de violence, des manifestations de violence, des réactions à la violence, mais de la non violence ? Pas possible.
De la justice ? Peut-être. Nous ne savons pas encore.
Bien vôtre cordialement et non-violemment. »
Richard Morse
Mon commentaire : l’évangile est non-violent. Rappelez-vous la remarque de Jésus à Pierre quand il essaie de le défendre avec son épée. Mais Jésus est parfois acculé à la violence, par exemple quand il chasse les commerçants autour du temple. Croyez-vous que les colons français auraient libérés leurs esclaves si ceux-ci ne s’étaient pas révoltés ? Devant la violence, on devrait réagir comme un médecin qui ausculte un patient : quelle est la cause de la maladie ? Quel est le remède qui la guérit ? Or, la violence actuelle a sa racine dans un système économique dirigé par des multinationales, des banquiers et des traders sans pitié dont le Dieu est l’argent. Ils en veulent toujours plus, à n’importe quel prix. C’est ce système capitaliste qui cause ces injustices. Certains ont voulu le remplacer, en Russie et en Chine. Ils n’ont produit que des goulags. Je pense que ce siècle verra peut-être l’émergence de systèmes politiques et économiques centrés sur les intérêts du peuple, et non pas du groupe infime qui possède et dirige presque tout. Mais ce système n’existe pas encore. D’où les résistances. Néanmoins, je pense qu’il ne faut surtout pas se résigner.
(Photo faite par Nadia Todres)
Père Jean-Yves Urfié
02 octobre 2017, 10:26
La loi de finances 2017-2018 est entrée officiellement en application le dimanche 1e octobre. Mais entre les promesses et la réalité, de la parole aux actes, le fossé est grand.
Depuis l’accession de Jovenel Moïse à la présidence d’Haïti, il n’a pas cessé de promettre aux citoyensdu pays une réduction du train de vie de l’État dans l’idée de combattre la corruption et d’améliorer les conditions de vie de la population. Pourtant, au grand étonnement de la population qui attendait réellement ce changement, on assiste plutôt à l’augmentation des crédits alloués au secteur politique, notamment le budget de la présidence qui est passé de 1 204 571 170 de gourdes à 1 613 170 854 milliards de gourdes, celui du Parlement de 3 911 686 455 à 7 198 967 642 de gourdes, ainsi que celui de la primature qui est passé de 1 824 688 094 à 2 003 094 853 de gourdes.
Le gouvernement s’était montré tellement conscient de la nécessité de rationaliser les dépenses de l’État, qu’en avril 2017 il a fait sortir un arrêté expliquant un ensemble de décisions qui devaient être prises dans le cadre de la réduction du train de vie de l’État. Création d’un parc de gestion d’automobile de l’État, les formalités d’achats et d’utilisation des véhicules de l’État, contrôle et entretien des véhicules de l’État, gestion des immatriculations, gestion des équipements professionnels, commandes publiques, achats publics et autres dépenses de fonctionnement sont, entre autres, les points que le gouvernement avait promis d’améliorer pour une gestion efficace des biens de l’État.
Les secteurs qui utilisent beaucoup plus les fonds des contribuables avaient été ciblés, dont le Corps diplomatique, le Cabinet du Président, du Premier ministre, des ministres, des secrétaires d’État et des directeurs généraux. Et pour donner l’impression qu’il allait y avoir vraiment d’amélioration, une cellule de doléances dénommée Observatoire des services publics (OSP) rattachée directement au cabinet du président de la République a été créée. Dans le cadre de sa mission, l’OSP est chargé de recueillir les plaintes de toute personne et de mener des investigations préliminaires sur les cas rapportés de gestion douteuse, d’inefficacité, de corruption ou d’abus de tout membre du service public. Le cas échéant, les autorités habilitées à enquêter sur les faits rapportés et à poursuivre leurs auteurs pourront être saisies par l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC)
Les initiateurs avaient mentionné dans l’arrêté que l’application de ces mesures doit nécessairement passer par le renforcement du corps des comptables publics et la généralisation des postes comptables, le recours systématique au système de prix de référence pour tous les achats et commandes publics, la généralisation du système des commandes et achats groupés, l’exigence du dossier d’analyse avantages-coûts dans la documentation pour chaque projet devant faire l’objet de marché public, le rajeunissement de la fonction publique, le respect scrupuleux du principe de recrutement sur concours de tout nouveau fonctionnaire, l’exigence de compétences vérifiées en matière de maîtrise des normes et principes de gestion pour tous les fonctionnaires et responsables de la gestion publique.
Cependant, cinq mois après la publication de cet arrêté, le gouvernement n’est toujours pas en mesure de prouver l’effectivité de ces mesures qui visent à réduire le train de vie de l’État. Où se trouve le parc d’automobile de l’État qui a été promis par le gouvernement ? Quel changement a été opéré au sein de l’administration publique et du corps diplomatique qui pourrait pousser la population à accorder le bénéfice du doute à ce gouvernement ? Au contraire, le personnel pléthorique des cabinets ministériels, le nombre surprenant des porte-paroles du président et les largesses consenties au Parlement sont des indicateurs qui prouvent que le train de vie de l’État a plutôt augmenté pendant les huit mois de gestion de l’administration Moïse/Lafontant. Est-ce qu’il y aura une plainte déposée auprès de l’OSP ? Il faut encore attendre.
Evens RÉGIS
5 jours à dormir sur le parking de l`aéroport dans l`espoir de s`envoler pour le Chili!
D`un côté, la compagnie aérienne haïtienne Sunrise Airways n`a pas pu obtenir l`autorisation des autorités chiliennes pour continuer ses vols vers Santiago, la capitale du Chili. De l’autre, le permis du transporteur Latin American Wings (LAW) n`a pas été renouvelé par l`OFNAC, (les autorités haïtiennes) en représailles aux difficultés rencontrées par Sunrise, la compagnie des Bayard. Les voyageurs haïtiens pour le Chili, bloqués à l`aéroport, se retrouvent donc pris entre deux feux
Port-au-Prince, dimanche 1er octobre 2017 ((rezonodwes.com))- Plusieurs dizaines de passagers, ce dimanche 1er octobre, l`œil rivé sur leurs bagages, ont été remarqués dans les parages de l`Aéroport International Toussaint Louverture par des collaborateurs de Rezo Nòdwès.
Désemparés, ils essaient, depuis près de cinq (5) jours, d`embarquer dans un avion en partance pour Santiago, la capitale du Chili. Mais toutes leurs tentatives ont été soldées par l`échec. « On dort ici toutes les nuits, n`osant pas sortir dans les rues, de peur de se faire attaquer puisque tout le monde sait qu`on est obligé de voyager au moins avec un millier de dollars américains en poche« , a expliqué un des jeunes.
Pourtant, ils ont rempli toutes les formalités exigées, se sont procurés un passeport valide et ont payé un billet de la compagnie LAW (Latin American Airwings) coûtant environ $1, 200 dollars.
« Au début, à chaque fois qu`on se présente au comptoir, on nous disait que notre nom n`est pas encore sur la liste et qu`on doit revenir le lendemain. Mais, actuellement, on nous dit que la compagnie LAW a des problèmes avec le gouvernement haïtien qui l`a interdit de voler sur Haïti« , s`énerve une jeune fille de 23 ans originaire de Thomassique (Plateau Central) et devant aller retrouver son fiancé à Santiago du Chili.
Prendre le vol pour le Chili à partir d`Haïti devient désormais un véritable casse-tète pour ces jeunes désespérés voulant coûte que coûte quitter le pays, en quête d`un meilleur avenir. En effet, ume guerre commerciale a éclaté entre les deux compagnies aériennes, Sunrise Airways et Latin Amercan Wings (LAW) pour s`accaparer le nouveau marché créé par le départ en masse de milliers de jeunes haïtiens pour le Chili.
Le journaliste Étant Dupain, qui a eu le temps de filmer quelques-uns d`entre eux, a fait part sur Twitter de leur frustration. Certains attendent depuis cinq jours, affirment-ils, la possibilité de laisser le sol national alors que d`autres viennent d`arriver sur les lieux avec leur réservation en bonne et due forme. Ils sontétonnés d`apprendre que le gouvernement avait décidé d`interdire les vols de LAW (Latin American Airwings), la compagnie chilienne qui devait les transporter sur leur terre promise.
Les responsables de cette compagnie, en attendant un accord avec l`état haïtien qui pourrait, à travers l`OFNAC (Office National d`Aviation Civile) renouveler les permis de LAW, ont annoncé que les clients ayant déjà un billet pourront bénéficier d`un pourcentage de remise et effectuer le voyage à partir de la République Dominicaine. Là encore, un gros risque à courir sur cette autoroute internationale quand l’on sait que ces potentiels voyageurs possèdent une petite somme d’argent difficilement collectée.
En attendant, la compagnie ne se trouve pas sur le tableau d’affichage des vols pour ce dimanche 1er octobre. On verra pour demain lundi qui arrive dans quelques heures, au jour 1 de la reprise des activités commerciales en Haïti, sous l’emprise d’un tout nouveau budget en vigueur.
D’AUTRES NOUVELLES SUR LE CAS DE CETTE JEUNE HAITIENNE DE 28 ANS MORTE AU CI]HILI APRES DES MAUVAIS TRAITEMENT INFLIGES PAR LA POLICE.
Chili : Indignée, désespérée, une haïtienne meurt après avoir été accusée d`avoir abandonné son bébé
2 octobre 2017 Rezo Nòdwès 1 Commentaire
Joana Florvil, la jeune haïtienne accusée par les autorités chiliennes d`abandon d`enfant, n`a pas survécu à ce drame qui a profondément marqué la communauté haïtienne.
Santiago de Chili, lundi 2 octobre 2017 ((rezonodwes.com))– L’haïtienne âgée de 28 ans, Joane Florvil, est décédée le samedi 30 septembre dernier à l’hôpital Clinique de l’Université catholique, suite à une défaillance multisystémique. Transportée à ce complexe hospitalier il y a deux jours pour évaluer la possibilité d`une transplantation en cas d’insuffisance hépatique sévère, l’intervention a été exclue parce que Joana souffrait également d`un œdème cérébral. Suite à l`annonce du décès de la jeune Joana, arrêtée par les autorités chiliennes sous l`accusation d`avoir abandonné son bébé de trois mois, une veillée a été organisée, dans l`après midi du 1er octobre en mémoire de la défunte. Une centaine de personnes y ont participé et ont profité pour dénoncer le racisme ambiant et déplorer les conditions de son arrestation.
Pour la communauté haïtienne et les militants des droits de l`homme, Joana Florvil a été injustement arrêtée et accusée. Elle ne maîtrisait pas la langue espagnole et ne pouvait pas se justifier. Ils mettent également en doute les autorités qui ont déclaré qu`elle s`est infligée elle-même des blessures en se cognant la tète contre le mur,
La vérité, affirment ses proches, c`est que Joana s`est fait berner par un Chilien qui lui a proposé du travail et a profité de sa naïveté pour fuir avec son sac. Elle a confié son bébé à l`agent de sécurité des lieux pour pouvoir se mettre à la poursuite du délinquant, mais les gens ont mal interprété son geste et ont pensé qu`elle s`est sauvée en abandonnant son enfant.
Depuis ce jour, elle n`a jamais pu retrouver la garde de son enfant qui a été confié aux services de protection de la jeunesse « Maison Nationale de l`Enfance ». Une audience a été fixée pour le 21 novembre afin d`étudier son cas, mais la jeune fille a sombré dans le désespoir et la confusion, totalement incapable de comprendre la langue espagnole et le système judiciaire chilien.