Gonaïves : pollution au mazout de la mer dans l’indifférence totale

Le nouveau principe de rationnement d’un jour sur deux par circuit, établit par le bureau de l’électricité D’Haïti aux Gonaïves, ne dérange plus personne. D’ailleurs, chaque quartier s’organise en fonction de cet horaire. Tout le monde aime l’électricité. C’est normal, on en a besoin pour faire marcher le réfrigérateur, la télévision et surtout le ventilateur en cette période de canicule. Cependant, au-delà du service rendu à la communauté, la centrale électrique de la ville représente un réel danger pour l’écosystème.

La centrale thermique Simon Bolivar aux Gonaïves, fruit d'une coopération tripartite Haïti-Cuba-Venezuela, est peut-être l'une des rares centrales encore en fonction aujourd'hui, 11 ans après son inauguration en décembre 2008. Cette centrale qui dispose d'une capacité de production de 15 mégawatts d'électricité alimente la ville des Gonaïves et ses environs en utilisant le mazout comme carburant.

En effet, le fioul encore appelé mazout ou fuel est un combustible dérivé du pétrole, utilisé notamment dans les chaudières. Il est classé dans les ressources énergétiques fossiles. Il présente des rendements élevés, mais compte tenu de sa très large utilisation pour la production d'énergie calorifique (pour le chauffage en chaudière) et mécanique (moteurs dits thermiques), il contribue à la pollution de l'air. Une simple information qui semble manquer à nos chers dirigeants qui ont autorisé la construction du central électrique à côté de la mer. Une construction imposante qui justifie à elle seule la fructueuse coopération sud-sud, haïtiano vénézuélienne.

Malheureusement, ce qu'on a pu remarquer derrière le mur du site, il y a un tuyau qui déverse des huiles usées dans la mer sans que personne n'intervienne pour y mettre un frein. En fait, ce n'est pas la localisation géographique du site qui pose problème, mais plutôt ce tuyau de vidange d'huile qui pollue la mer de sa substance gluante. Les risques environnementaux, suivant les informations disponibles, sont très élevés. Une seule goutte de mazout peut rendre jusqu'à 25 litres d'eau non potable. Si la fuite n'est pas décelée rapidement, le mazout peut se propager vers les surfaces avoisinantes, ce qui pourra consister à contaminer des tonnes de terre susceptible de causer de gros dommages aux arbres ainsi qu'à d'autres espèces.

Pendant ce temps, il y a quelques années depuis que certaines autorités ont inauguré une plage baptisée Banmbino beach exactement sous la vidange. Ce lieu en dépit des risques énormes, est considéré comme un espace de grandes festivités dans la ville et un lieu de détente à la plage pour les jeunes des Gonaïves et aussi, pour les visiteurs. Ils sont des milliers à avoir déjà nagé, au moins une fois, dans cette mer polluée de mazout. Pour les poissons et le littoral, la catastrophe s'annonce déjà.

Lesly SUCCÈS
Le National