EDMOND MULET, L’EX CHEF DE LA MINUSTAH PREVOIT UN EXODE MASSIF D’HAITIENS VERS LA REPUBLIQUE DOMINICAINE. 

Répondant cette semaine à l’invitation du président du Centre d'analyse dominicain des politiques publiques , le député Victor (Ito) Bisonó Haza, pour parler de la situation actuelle d’Haïti, l’ancien patron de la Minustah, l’Ambassadeur Edmond Mulet explique que le problème réel du pays voisin des dominicains , est l’inefficacité des institutions, d'ingouvernabilité, de corruption et de trafic de drogue, ce qui, dit-il, profite à de nombreux secteurs et aux élites politiques, économiques et sociales haïtiennes.

"Haïti est un État défaillant, à quoi bon de le cacher ". Il souligne le manque d'organisation judiciaire, le taux élevé d'impunité et le système pénitentiaire est précaire en Haïti. Il ajoute que la République dominicaine risquerait d'en subir les conséquences, car les Haïtiens qui vont mourir de faim chercheraient un endroit pour manger et se protéger. Il estime que toute action militaire ne suffira pas à arrêter 80 000 Haïtiens ou plus qui souhaitent franchir la frontière. Ces haïtiens délaissés iront dans tous les pays des Caraïbes et atteindront la Floride
La Conférence des évêques appelle les acteurs à faire de « coûteuses concessions »
Le pays s’installe depuis trois mois dans une crise politique aux conséquences désastreuses, notamment pour les couches les plus vulnérables. Le président de la République et les acteurs politiques de l’opposition campent sur leurs positions. Pour l’heure, il n’y a aucun canal de dialogue entre eux. La Conférence des évêques de l’Église catholique les appelle à faire de « coûteuses concessions » pour le bien commun…
« En ces moments où la barque nationale est en péril, il est urgent d’arriver à une solution historique. Elle doit être effectuée au prix de coûteuses concessions de part et d’autre pour le plus grand bien de ce peuple et de ce pays que nous aimons tous », ont écrit les évêques dans une prise de position ce week-end. « … nous sommes à un tournant historique de notre évolution comme peuple et nation pour changer notre régime et notre système. Vous, les tenants du pouvoir actuel, face à votre fonction et votre mandat, pour parvenir à cette solution salutaire, quelles concessions comptez-vous faire ? Nous tenons à vous rappeler, à la suite de saint Augustin, que ‘’cela ne suffit pas d’acquérir un mandat, il faut le mériter’’ », a exhorté la CEH.
Aux membres de l’opposition politique, les évêques catholiques les enjoignent eux aussi à faire des concessions. « Et vous, membres de l’opposition, pour mériter d’être comptés comme acteurs de cette grande solution historique, quelles concessions allez-vous faire dans votre approche et votre stratégie ? L’histoire vous le revaudra. ‘’La politique, dit Léon Gambetta, est l’art du possible’’. Rien n’est trop coûteux pour un vrai patriote, lorsqu’il s’agit d’une décision d’envergure pour le bien supérieur de la patrie », ont conseillé les évêques.
En outre, la Conférence des évêques a dit compatir « à la douleur et aux souffrances des victimes de toutes sortes des derniers événements, particulièrement les familles endeuillées, les personnes hospitalisées, les gens qui ont perdu leurs biens ou sont contraints d’abandonner leur demeure. Nous vous exprimons notre admiration pour votre foi, votre courage, votre résilience et votre détermination invincibles dans votre lutte patriotique et votre combat citoyen en vue d’un changement véritable au sein de la société haïtienne».
Les évêques souhaitent que ce changement permette de libérer le pays des maux comme le chômage, la misère, l’insécurité, l’exclusion, l’impunité, la délinquance morale, la manipulation, la corruption, la répression et la violence. « Nous savons que ce n’est pas la volonté de Dieu. Le système voulu par Dieu et que nous désirons est celui qui tient compte du bien commun, du bien-être de tous les citoyens en leur offrant d’égales opportunités pour qu’ils se réalisent comme personne humaine faite de dignité. Ce système est aussi attentif aux souffrances des plus vulnérables et des petits en promouvant leur développement intégral, et met en place des mécanismes qui favorisent une répartition juste des richesses », ont écrit les prélats de l’Église catholique.