ONU/NEW YORK, 23 Septembre – Pour cette 67e Session de l’Assemblée générale des Nations Unies, Haïti a une présence spéciale puisque nos deux chefs de l’Exécutif y figurent. Le Président de la République, Michel Joseph Martelly, prononcera son message le mercredi 26 septembre. Le Premier ministre Laurent Salvador Lamothe l’a précédé ce lundi 23 septembre à la tribune de l’Assemblée générale où il a dressé un bilan des efforts et réalisations du gouvernement qu’il dirige dans les divers domaines : politique, économique et social. Et aussi des difficultés auxquelles le pays fait face. Côté positif Laurent Lamothe a mentionné la lutte contre la corruption, y compris au sein du gouvernement. La mise en place des institutions devant assurer l’indépendance du pouvoir judiciaire. La Cour de cassation complétée et fonctionnelle et l’installation du CSPJ ou Conseil supérieur du pouvoir judiciaire. Le gouvernement se garde d’intervenir dans le fonctionnement du pouvoir judiciaire (se donnant pour mot d’ordre : ‘impartialité, honnêteté, objectivité’) sauf pour apporter au judiciaire les moyens qui lui sont nécessaires. Car il faut aussi, dit Lamothe, mettre les juges à l’abri des pressions économiques. Le Premier ministre a mentionné la détention préventive prolongée, mais sans apporter de statistiques. Cependant il a indiqué comme mesures de soulagement dans le secteur la reconstruction de commissariats et de prisons qui avaient été détruits par le séisme de janvier 2010. Le Premier ministre haïtien prête aussi à son gouvernement la volonté de lutter contre l’exclusion. D’où l’existence d’un ministère des droits humains et de la lutte contre la pauvreté extrême pour bien marquer que, dans son optique et celle du chef de l’Etat, les droits humains ce sont aussi les droits économiques. La liberté de la presse, dit-il, est respectée pleinement. La presse jouit d’une liberté totale, a lancé Laurent Lamothe. Egalement la liberté de religion. Citant le Vodou aujourd’hui une religion à part entière avec l’Arrêté du 4 Avril 2003. Pour finir, Laurent Lamothe a mis l’accent sur ce qu’il considère comme deux piliers du système démocratique : ce sont l’éducation pour tous (soulignant le programme d’éducation universelle du gouvernement) et l’Etat de droit. Le Premier ministre a été plus direct concernant les difficultés auxquelles le pays fait face (ainsi que son gouvernement pour y répondre) lors d’une rencontre avec les Organisations non gouvernementales (ONG) dans les locaux des Nations Unies et sous l’égide du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Les entretiens ont été dominés par la question de la vie chère qui mobilise chaque jour davantage l’actualité nationale. Laurent Lamothe a parlé longuement du problème d’alimentation du marché haïtien qui ne produit presque rien et obtient tout de l’importation. Pour indiquer que son gouvernement (mais nous pensons qu’on est là au tout début d’une réflexion) a l’intention de s’impliquer dans l’importation des produits alimentaires de base (riz, maïs, farine, pois, huile de cuisine) comme c’est déjà le cas pour le pétrole que Haïti importe du Venezuela puis revend aux compagnies de distribution locales en respectant les prix du marché libre. Ce qui garantit à tous les acteurs du circuit un bénéfice raisonnable en même temps que le marché est régulièrement alimenté. Et donc permet une certaine stabilisation des prix. D’où le nom de la nouvelle entité : Commission de stabilisation des prix, qui inclut les représentants de toutes les parties impliquées, dont le secteur privé. Laurent Lamothe n’a pas mentionné si des associations de protection des consommateurs en feront également partie. Mais il a invité les ONG à y jouer leur rôle. Sous différentes formes : logistique, assistance, identification des meilleurs circuits. Mais en insistant que le but véritable c’est amener l’Haïtien à redevenir un producteur. Et en cela le rôle des ONG est encore plus vital. Pour Laurent Lamothe le citoyen haïtien est condamné à être un producteur car il vit dans un pays où traditionnellement il n’existe pas de système de production sociale et où il doit compter sur ses propres forces. Mais en mentionnant que en ces moments particulièrement difficiles son gouvernement essaie de mettre en place des programmes d’assistance comme, bien entendu, celui dont le chef du gouvernement se fait en ce moment le promoteur : Ti Manman Cheri. La journée de ce lundi a été très chargée pour le Premier ministre, s’exprimant tantôt en anglais tantôt en français, selon la tribune où il se trouve. Mais il l’a fait avec une remarquable aisance. Mercredi le Président Michel Martelly présentera son message solennel devant l’Assemblée générale de l’ONU. Haïti en Marche, Nations Unies, 23 Septembre 2012