« Voila, c’est bien fait pour nous, on l’a aidé à se faire élire, c’est comme ça qu’il nous remercie », clame Jeannette, une sexagénaire à la sortie d’un shop à Miami où elle vient d’apprendre que la carte d’appel de 2 dollars vers Haïti ne dure plus que 6 minutes sur les 22 habituels.

En effet, les taxes sur les appels internationaux et les transferts d'argent sont entrées en vigueur le 15 juin dans la diaspora haïtienne. Pour soutenir son programme d’éducation gratuite, le président Martelly va prélever 5 centimes par minute sur chaque appel international et 1,50 dollar sur chaque transfert de la diaspora.

Dans un shop dominicain à Miami, une affiche annonce la nouvelle mesure. Le vendeur au fort accent hispanique explique à chaque acheteur que le nombre de minutes sur les cartes d’appels de 2 dollars vers Haïti est tombé à six, et que c’est une décision du nouveau président haïtien.

« Moi je n’ai eu que 4 minutes sur ma carte d’appel », se plaint Sergeline, qui commente la nouvelle sur les réseaux sociaux.

« Maintenant quand on envoie 50 dollars vers Haïti, le destinataire ne reçoit que $ 48, 50 », poursuit-elle.

Réagissant à la nouvelle, David, un émigré haïtien membre d’un syndicat en Floride, indique pour sa part qu’il s’agit d’une « décision illégale et arbitraire prise par Martelly ».

« Ce n’est pas seulement la diaspora qui conteste ces taxes, mais même des parlementaires en Haïti. Ces impôts n’ont aucun cadre formel, et comme toujours ce sont les plus pauvres qui vont trinquer », poursuit-il.

David, vivant depuis une dizaine d’années en Floride, se demande qui en diaspora le président Martelly avait contacté avant d’appliquer ces taxes.

« Je ne crois pas qu’il ait rencontré aucune organisation d’Haïtiens en diaspora mais seulement des responsables de compagnies téléphoniques et de maisons de transferts », avance cet activiste politique qui annonce une « réponse organisée au président Martelly ».

D’autres compatriotes, supportant le président Martelly, appuient cette décision et avancent qu’il fallait taxer davantage la diaspora. « Si c’est pour le bien du peuple, je le soutiens », déclare André à Fort Lauderdale.

Jean-Louis, au New-Jersey, craint de son côté que l’un des contrecoups de ces impôts ne soient la diminution des appels et des transferts vers Haïti.
(HPN)