Cauchemar des gangs en Haïti
Responsabilités des Etats-Unis

MIAMI, 18 Août – ‘Les Etats-Unis annoncent de nouvelles mesures pour freiner le trafic d’armes vers Haïti’ titre l’agence en ligne Juno7.
A notre avis, les autorités haïtiennes doivent aussi prendre part à ces investigations, car il s’agit de notre pays et Haïti n’est pas une colonie.
Juno7 écrit : ‘Critiqué pour son laxisme face à la situation de violence qui sévit en Haïti, le gouvernement américain a décidé de bouger. En effet, le Homeland Security Investigations (l’équivalent du ministère de l’intérieur et de la sécurité publique en Haïti), a annoncé lors d’une conférence de presse à Miami, le mercredi 17 août écoulé, un ensemble de mesures pour contrecarrer le trafic d’armes vers Haïti.
« Nous nous fixons comme priorité d’inspecter tous les cargos à destination d’Haïti. Nous inspecterons aussi tous les colis expédiés par voie aérienne » a assuré Vernon T. Foret, directeur des opérations au service de douane et de protection des frontières des Etats-Unis pour la région de Miami et de Tampa, en Floride. ’
Plus loin, toujours dans la dépêche de l’agence Juno7, ‘Selon Anthony Salisbury, agent spécial responsable du service investigation pour le Homeland Security Investigations à Miami : « Non seulement il y a une augmentation de la quantité d’armes mais nous avons remarqué qu’il y avait de gros calibres. Entre de mauvaises mains, ces armes sont capables de causer des destructions incalculables et de nombreuses victimes ».
Parmi les armes présentées en l’occurrence à la presse, il y avait ‘des mitraillettes, des fusils de sniper de calibre 50 pouvant tirer jusqu’à une distance de 1.800 mètres et pouvant coûter jusqu’à 60 mille dollars au marché noir.’
Il a fallu un vote récent du Conseil de Sécurité de l’ONU pour amener les Etats-Unis à prendre des dispositions sérieuses contre le trafic d’armes, ces armes provenant (systématiquement) de chez eux, qui sèment la terreur aux mains des gangs en Haïti, ce depuis des mois, voire quelques années.
Ces nouvelles dispositions ne sont probablement pas sans rapport aussi avec le mouvement massif de réfugiés, les soi-disant immigrants illégaux, qui débarquent désormais plusieurs fois par semaine sur les côtes floridiennes.


Cependant on aurait tort de s’arrêter seulement aux dispositions annoncées par les services de sécurité américains parce que … figurez-vous que cela se passerait en sens inverse, parce que comme dit le créole ‘chak chen niche afè l jan l konnen’, c’est à chacun de surveiller sa maison.
Voyez par exemple tout ce que déploie la DEA (police anti-drogue américaine), y compris dans notre propre pays, pour lutter contre ce trafic qui est une menace d’abord pour les Etats-Unis eux-mêmes.
Aussi questions : 1) Comment ces armes laissent-elles les Etats-Unis pour entrer en Haïti ? Certes la corruption et l’absence de tout sentiment aussi bien individuel que national chez les détenteurs des pouvoirs tant politiques que économiques (aujourd’hui) dans notre pays.
2) Mais un même cynisme aussi chez les fabricants et vendeurs américains de ces armes qui savent très bien que ce n’est pas pour aller à la chasse au ‘tortolan’ qu’on se les procure dans nos contrées.
Toutefois les mêmes armes font aussi de grands malheurs aux Etats-Unis mêmes, comme les récents ‘crimes de masse’ survenus au Texas, dans l’Etat de New York ainsi que précédemment en Floride, éventuellement dans des écoles primaires, au point que celles-ci sont confrontées cette année à une crise de manque de professeurs, métier devenu trop dangereux.
3) Certes les responsables douaniers à Port-au-Prince (AGD) ainsi que la police judiciaire (DCPJ) sont en train d’appliquer avec la plus grande rigueur les contrôles sur les conteneurs et colis provenant de l’étranger, principalement des ports de Floride.
Quitte à ce que ces nouvelles dispositions fassent grimper le tarif douanier de plus du double pour les agences et importateurs, comme si ceux-ci devaient porter toute la charge (une question sur laquelle on reviendra, le temps pour ces derniers aussi de s’organiser !).
Mais il reste une inconnue : les Haïtiens ou Haïtiens-américains qui achètent et embarquent ces armes à destination d’Haïti.
Pas un mot à ce sujet lors de la conférence de presse, le mercredi écoulé, du Homeland Security Investigations à Miami.
On voit des dispositions prises en Haïti, ainsi que des arrestations, sans le moindre parti-pris que ce soit.
Mais ici en Floride, rien.
Pourtant ces armes ne sont probablement pas le fait seulement des vaisseaux et cargos qui les transportent, alors ?
Qui peut investir dans ces ‘engins de destruction massive’ et pouvant coûter (selon un inspecteur du Homeland) jusqu’à ‘60 mille dollars l’unité et encore au marché noir’ ?
Que font alors les autorités haïtiennes qui sont sur place à Miami et en Floride ?
Nous entendons par là les agents commerciaux et consulaires généralement quelconques ?
Ils n’existent pas ici apparemment.
Tout comme la communauté haïtienne en Floride, que devient-elle ?
Imaginez les élus et autres porte-paroles par exemple de la communauté cubaine, un sénateur Marco Rubio face à une telle situation dans sa propre communauté ?
Ou dans la communauté jamaïcaine, bahamienne.
Pourquoi c’est la communauté haïtienne qui héberge alors ces criminels ?
C’est parce que ladite communauté haïtienne n’existe pas, n’existe plus.
En tant que communauté véritablement.
Les Haïtiens ont donc transporté leur pagaille, leur impossibilité de toute entente également à l’extérieur, partout où ils vont.
Les anciens leaders communautaires comme un Père Gérard Jean Juste doivent se retourner dans leur tombe.
Raison de plus pour faire le ménage en Haïti même et mieux qu’un nouveau débarquement des Marines souhaité plus encore par nos poltrons de toujours … le travail de nettoyage qui se fait actuellement dans la lutte contre les engins de mort qui débarquent dans nos ports et aéroports (sans oublier les voies et entrées clandestines : 90 pour cent des frontières avec la République dominicaine voisine non surveillées ; ainsi que certaines voies maritimes avec la Jamaïque et les Bahamas etc), c’est cela qui devrait être aujourd’hui notre priorité, c’est là où le soleil aussi se lève.
Bref nous avons besoin d’un angle positif qui puisse permettre d’affronter tout le reste.
Le grand coup de pied dans la fourmilière. Nous débarrassant de tout le système qui a abouti à la situation actuelle.
Or si ce n’est la tête du serpent, les dernières données montrent qu’une bonne partie de lui se trouve aux Etats-Unis mêmes.
Le Homeland Security Investigations a aussi du boulot à accomplir … mais aussi chez lui.
Qu’on ne nous raconte pas d’histoires.
Comme on voit, notre cauchemar prend aussi naissance, du moins pour une bonne part, au pays … de Mr. Biden.


Marcus Garcia, Haïti en Marche, 18 Août 2022