Haïti le pays qui avance à reculons
MEYER, 23 Novembre – L'électrification des foyers devient de moins en moins un casse-tête avec les inventions modernes.
De l'inverter popularisé au début des années 1990, qui permet d'emmagasiner l'énergie électrique dans des batteries puis de l'utiliser comme source quand l'électricité est coupée, comme il arrive irrémédiablement en Haïti depuis désormais 4 décennies (le courant électrique 24 heures sur 24 avec la centrale hydro-électrique de Péligre, n'aura pas duré plus de dix années par manque d'entretien) voici plein de nouveaux gadgets technologiques qui viennent nous faciliter la vie dans ce domaine.
Ce sont les lampes à énergie solaire répandues dans tout le pays et vendues à des prix de plus en plus compétitifs surtout avec l'arrivée des articles provenant de la Chine (Pékin), les ampoules rechargeables avec une durée d'utilisation de 5 heures, les chargeurs portatifs, les nouveaux inverters avec prise directe USB pour brancher vos téléphones portables, tablettes numériques, appareils radio ou de télévision et ordinateurs etc.
Et bien entendu les panneaux solaires, que le président de la République, Jovenel Moïse, se fait fort d'en offrir un à chaque foyer pour un prix modique. D'ailleurs le gouvernement a déjà annoncé une importante détaxation sur leur importation, baisse qui doit se refléter à la vente sur le marché local.
Qui dit mieux ?
Cependant un autre mouvement se dessine en même temps que cette quasi indépendance du consommateur d'énergie local ...
C'est la disparition de plus en plus précise en même temps des services publics à ce niveau.
L'électricité et encore plus l'eau sont devenues des services chaque jour encore plus rares.
Ce qui fait que au lieu d'être complémentaires cette évolution sur le plan individuel et privé d'un côté, et de l'autre côté la disparition des services publics correspondants, deviennent au contraire contradictoires.
Ce n'est pas une évolution comme cela pourrait sembler, mais au contraire une menace.
Une menace pour la stabilité sociale. Parce que les services publics demeurent essentiels. Les nouvelles possibilités fournies par les découvertes technologiques peuvent améliorer la situation pour tout un chacun mais toujours dans le cadre plus large des services publics, pas pour aider à la disparition de ces derniers. Et c'est ce qui nous pend au nez, vu la tendance chez l'Etat haïtien à démissionner de ses fonctions.
Est-ce vous et moi qui allons assurer l'éclairage des rues ?
Mais il y a plus grave. Et ceux qui n'ont pas les moyens de se payer ces gadgets.
Où trouveraient-ils ces moyens même quand le prix de ces derniers serait en constante diminution, mais dans le pays à 80% de chômage dit encore l'un des plus pauvres de la terre, que cela nous plaise ou non.
Conclusion : alors que ces nouvelles conquêtes technologiques doivent servir à nous faciliter l'existence, elles peuvent aboutir au contraire, vu la démission toujours plus grande de l'Etat haïtien, à élargir davantage le fossé entre les have et les have not, entre les privilégiés (mais qui ne se reconnaissent pas du tout comme tels et nous comprenons) et les non privilégiés mais uniquement par la faute d'un Etat qui aura continué à faillir à sa mission.
Aussi peut-on s'étonner de voir nos dirigeants toujours en train d'agiter plein de nouvelles promesses qu'ils ne pourront jamais réaliser alors que la tâche est là qui les attend, et la seule qui vaille : faire fonctionner des services publics depuis trop longtemps et de plus en plus en voie totale de disparition.
Un nouveau pouvoir a tant à faire qu'on ne voit pas pourquoi il doit s'amuser à agiter des phantasmes ou à jouer les magiciens. Bref, les fanaux de Noel n'éclairent que la nuit du 24 Décembre.
Mélodie 103. 3 FM, Port-au-Prince