L'avenir économique sera maritime ou il ne sera pas !
PORT-AU-PRINCE, 9 Octobre – Le nouveau canal de Panama, nouveau parce que conçu pour recevoir les cargos les plus géants, entre en fonction en 2016, assure-t-on.
Le commerce maritime dans la région va être décuplé et Haïti, de par sa position géographique, fait partie des pays concernés.
L'économie de la zone Caraïbe sera maritime ou elle ne sera pas !
Aussi tout doit se décider en conséquence. Au niveau des infrastructures, des législations nationales, des rapports commerciaux régionaux, de l'administration portuaire et des droits de douane, de la production nationale et finalement aussi du budget de la république ainsi que du trésor public et de son utilisation pour améliorer les conditions de vie du plus grand nombre.
Nous sommes très en retard à tous les niveaux. Aucune information n'a filtré du côté des pouvoirs publics. Ni du secteur privé national. Et la presse est monopolisée par l'actualité électorale.
Transbordement ...
Infrastructures : un nouveau port a vu le jour, le Port Lafito (réalisation de GB Group, des entrepreneurs locaux et Co.).
Inauguré récemment, le Port Lafito est le premier à se placer dans le sens du courant, se disant ouvert au transbordement.
De quoi s'agit-il ? Les super-cargos qui empruntent le nouveau canal de Panama ne pourront pas entrer dans les ports classiques des pays de la région, y compris les Etats-Unis.
C'est l'entrée en jeu d'une nouvelle génération de ports dits en eau profonde. Et où les conteneurs sont transbordés des navires jumbos sur des cargos ordinaires.
Cette augmentation de la fréquentation portuaire peut servir également à une relance des exportations nationales (produits manufacturés, alimentation organique et autres produits avec valeur ajoutée).
Exemple : le nouveau port de Mariel, à Cuba, juste en face de Key West (Etats-Unis), réalisé financièrement avec la coopération du Brésil, le géant économique de l'Amérique du Sud.
La Jamaïque et d'autres pays de la Caricom (marché commun de la Caraïbe) sont quant à eux dans le collimateur de la République populaire de Chine (Pékin), car tous les pays les plus développés investissent dans le flux commercial international, et partant regardent aujourd'hui vers notre région.
Puerto Plata, République dominicaine ...
Mine de rien, des premiers pas sont faits en Haïti. Mais presque à notre insu. Ce sont le parc industriel de Caracol, industrie d'assemblage pour articles d'exportation, préférablement vers l'Amérique du Nord.
Financé avec l'aide américaine et destiné à créer plusieurs dizaines de milliers d'emplois, Caracol fonctionne jusqu'à présent au ralenti.
Mais de plus, sa production prend le chemin du port de Puerto Plata, en République dominicaine, et non d'un port haïtien. Bien entendu, nos voisins font déjà tout pour être prêts à prendre le train. Quitte à nous piquer notre place.
Par conséquent, Haïti n'est pas encore dans le coup. Loin de là.
On a remarqué un certain effort du côté de l'APN (Administration portuaire nationale) pour se faire présent dans l'actualité, mais jusqu'ici sans la moindre explication.
Le plus souvent c'est à l'occasion d'une visite de son homologue, le Port of Miami, dont l'intérêt croissant pour Haïti est totalement compréhensible.
Le port de Port-au-Prince est aussi en pleine rénovation.
Mais aucun projet de la classe d'un Mariel (Cuba) alors que Haïti occupe une même position stratégique, à l'entrée du Canal du Vent qui joint les deux Amériques du Nord et du Sud.
La crédibilité des urnes du 25 Octobre ...
Un tel retard s'explique aussi du fait que des transformations aussi importantes doivent rencontrer l'intérêt national du pays concerné.
Qui définit l'intérêt national d'un pays ? La majorité nationale. Et celle-ci s'exprime par la voix des élus légitimes (soulignons bien légitimes).
Or ces derniers se font attendre. Haïti n'a pas eu d'élections depuis l'arrivée au pouvoir de Michel Martelly, en mai 2011.
Un premier tour des législatives pour élire deux tiers du sénat (20 sièges) et toute la chambre des députés, le 9 Août dernier, a laissé les gens sur leur faim.
Le second tour est espéré dans environ 15 jours, le 25 Octobre, qui verra aussi les présidentielles et les municipales. Mais beaucoup de menaces font craindre pour le respect de cette date, vu les suspicions qui pèsent sur l'organisme électoral qu'il fait le jeu du pouvoir en place et que les irrégularités du 9 Août avaient été programmées.
L'avenir à ce niveau repose donc aussi aujourd'hui sur les dispositions à mettre en vigueur pour assurer la crédibilité des urnes du 25 Octobre. Et cela ne peut dépendre uniquement du conseil électoral et du gouvernement qui n'inspirent pas suffisamment confiance.
Nouvelles législations ...
Cela dépend aussi jusqu'où les futurs élus ont conscience de leur mission dans une pareille conjoncture.
Il faudra de nouvelles législations concernant l'intérêt national du pays, les accords commerciaux, une redéfinition de l'espace maritime haïtien et des droits de passage pour les navires qui l'empruntent ainsi surtout qu'une nouvelle législation portuaire.
Cela s'entend aussi d'une redéfinition totale de l'économie nationale pour que toute amélioration économique ne soit accaparée par les petits clans nationaux et internationaux mais contribue à améliorer le sort du plus grand nombre pour commencer au plan santé et éducation, et touchant les conditions de vie générales.
Voilà pourquoi on dit que les prochaines élections sont vitales pour un relèvement d'Haïti. En effet, elles le sont.
Malheureusement la population n'est pas renseignée pour savoir en quoi faisant. Sinon, elle aurait su mieux prendre la situation en main que de la laisser à des politiciens qui pour la plupart n'hésitent pas à faire passer d'abord leurs intérêts personnels. A cause justement du rôle plus important que peuvent être appelés à jouer les futurs élus.
Ni laissée à la discrétion d'un international qui n'a aucun intérêt à être plus royaliste que le roi !
Haïti en Marche, 9 Octobre 2015