MIAMI, 25 Janvier – Le pire c’est accepter l’insécurité et se résigner à vivre avec. Bien entendu la question ne s’adresse pas à ceux qui subissent l’insécurité mais à l’Etat qui a pour mission de nous en débarrasser.
Voire quand ce sont, soudain, d’autres membres de la communauté qui veulent en profiter à leur avantage. Comme le bruit commence à courir à Port-au-Prince.
Bien entendu on a toujours accusé des secteurs politiques (aussi bien pouvoir que opposition) d’encourager les gangs armés qui sèment la mort et toutes sortes de violences (kidnappings, viols) depuis déjà au moins trois années, voire depuis encore plus longtemps.
Quand la politique est tombée aussi bas (élections trafiquées, pillage de la caisse publique …) on ne peut s’attendre à rien d’autre.
Idem le secteur économique quand la concurrence se règle par gangs interposés comme on l’a vu entre autres lors de la dernière crise du carburant.
Mais avant longtemps l’exemple se répandait, le mauvais grain chasse plus facilement le bon.
C’est la petite marchande obligée de céder aux jeunes bandits qui ont remplacé le percepteur sur le marché public …
Mais, soudain, voici de fil en aiguille, l’entrée en scène aussi de ceux qui se croient toujours les plus malins, et capables d’exploiter toute situation, tout le monde, à savoir aussi bien les victimes que leurs bourreaux, aussi bien les gangs que ceux qu’ils exploitent …
D’un côté faisant affaire avec les gangs pour que ceux-ci ne gênent pas leurs activités voire s’allient à eux (un peu comme on accusait feu le président Jovenel Moïse d’avoir fait …), de l’autre côté gagnant ainsi le monopole de la situation puisque offrant à la clientèle la seule possibilité qui lui reste pour ne pas disparaitre, comme on dit : c’est à prendre ou à laisser.
Dès lors la boucle est bouclée … Et on n’a plus aucune chance d’en sortir. Puisque tous les éléments les plus mauvais, sont satisfaits.
Puisque pactiser avec le crime est la seule et dernière possibilité pour ne pas disparaitre.
Ainsi on entend parler de compagnies de tap-taps ayant l’exclusivité du passage sur la route de Martissant qui se trouve comme on sait sous le feu des gangs massacrant et terrorisant jour et nuit.
Pourquoi pas du coup l’invention aussi d’une sorte de nouvelle ‘licence’ (‘made in gangs’ ou ‘gangs unlimited’), et la plus chère comme licence parce que permettant de circuler aux endroits les plus dangereux et redoutés du pays.
Et bien entendu tout cela se passe à la barbe des autorités. Avant qu’un jour on apprenne que celles-ci ont aussi leur part du gâteau !
Tout comme c’était parait-il déjà le cas aux douanes officielles. Où on entre et surtout l’on sort qu’à la pointe des baïonnettes de Ti-x ou Ti-y …
Mais il y a encore mieux, comme quoi rien n’inspire mieux que le mal quand il bénéficie de la démission voire de la complicité des officiels et des responsables d’un pays … Ainsi on parle aussi de ‘marché public’ avec les produits détournés par les gangs et qui désormais sont débités au vu et au su de tous … pour être ensuite revendus sur le marché ordinaire comme si de rien n’était.
Que deviennent les législations haïtiennes contre par exemple le marché noir ? Vite on détourne votre attention en remettant l’accent, encore et toujours … sur le dossier de l’assassinat de Jovenel Moïse, alors que celui-ci est déjà devenu une feuille de vigne pour cacher tout ce qui n’avait jamais encore existé de plus ‘maffia-tique’ dans notre pays, renvoyant les méfaits sous la dictature Duvalier au rang de jeu d’enfant.
Tout un pays qui, de pouvoir les vaincre, prend pour modèle les gangs armés. A qui faut-il le reprocher ?
A l’Etat qui n’existe pas.
Mais, qui plus est, parce qu’il y trouve lui aussi son compte. Comme nous avons eu l’exemple avec feu le président Jovenel Moïse. Mais qui ne l’a pas emporté au paradis. Un exemple qui devait nous faire réfléchir. Bien sûr.
L’Etat s’en sort en disant attendre l’aide de la communauté internationale pour résoudre le problème des gangs armés.
Foutaise.
Après que tout un pays, toute une société se serait mise, veut veut pas, au modèle des gangs armés … intervention internationale ou pas, il est trop tard. Comme dit le créole ‘se lave men siye atè.’
Marcus Garcia, Mélodie FM, 25 Janvier 2022