JACMEL, 1er Mai – Le 1er Mai à Jacmel c'est la fête patronale de la ville, le chef lieu du Sud Est.
Mais c'est plusieurs fêtes à la fois : la fête religieuse ; la fête politique (ou du moins officielle mais à l'aspect politique prononcé car c'est quelque chose être sénateur, député ou magistrat dans le coin) ; la fête sociale et économique (les beaux habits et la foire agro-artisanale) ; la fête mondaine (plusieurs mini-jazz attirant aussi les milliers de visiteurs venant autant de la capitale que de la diaspora) ; la fête mondaine c'est également la plage (Raymond-les-bains, Ti Mouillage, Cyvadier, Marigot oh-la-la).
Enfin c'est aussi et bien sûr la fête champêtre. Mais proprement dite parce que c'est une joie immense de parcourir la campagne, de Jacmel jusqu'à la rivière Peredo, si vous le pouvez, parce que en cette saison de l'année c'est totalement le vert paradis tropical.
Voilà donc ce qu'a été le 1er Mai 2017, la Saint-Philippe et Saint Jacques ou fête patronale de Jacmel, capitale du Sud-est.
En un mot, on a bien fêté. Et toute la population. Et sans un seul grabuge. C'est pas beau ça.
Et pourtant une seule absence : le pouvoir en place.
Président, Premier ministre font la caravane du changement dans l'Artibonite, loin de là. Ça peut arriver.
Cependant autrefois Jacmel avait droit au chef de l'Etat (et cela depuis Baby Doc) et dans des cas spéciaux, au chef du gouvernement au moins.
Le ministre de la Culture a fait son job. Le festival de lundi soir a fait salle comble.
La foire agro-artisanale a attiré davantage encore. Tous les produits du terroir : cachiman, caïmites, corossol, ananas, tout ce qui faisait la table de la reine Anacaona avant l'arrivée de ces méchants conquistadores ...
Côté artisanal, on se bousculait pour la dégustation du café (différentes marques), du rhum-pays, du clairin blanc parfumé, du crémas, chocolat en bâton, tablettes d'amandes, djondjon, de la confiture de tamarin, de différents jus mis en boite ...
Le lieu aussi sort de l'ordinaire. La foire se tient au vieux warf rénové grâce à la générosité du Venezuela de feu Hugo Chavez en souvenir du séjour à Jacmel du Libertador où celui-ci créa le drapeau du Venezuela.
Le warf est attenant au Centre culturel, don également du Venezuela, la seule ville d'Haïti ayant un centre culturel digne de ce nom. Pendant que nos élégantes visiteuses de la diaspora se promènent 'lakou New York', nom donné à l'avenue Pétion-Bolivar pour le plaisir d'y rencontrer lesdites visiteuses.
Et tout ce monde a pour le faire danser plusieurs orchestres qui ont fait spécialement le déplacement. Ce sont Kreòl-la, New Look, KLASS, Djakout et bien sûr Tropicana.
Malgré (et peut-être négligence toujours de la part du pouvoir) qu'on ait fêté cette année pratiquement dans le noir.
La panne de courant a été si persistante (toute la journée de dimanche) qu'elle aurait pu faire échouer la fête ... si Jacmel n'avait pas plusieurs cordes à son arc.
Parce qu'il n'y a pas que la ville mais aussi et surtout la campagne.
Que la campagne est belle en cette saison et cette année.
Plus encore que la plage parce qu'il y a ces jours-ci une houle capable de mettre en fuite les nageurs les plus audacieux.
Mais la campagne. De Jacmel jusqu'au pied de la montagne, en traversant Cayes Jacmel, Marigot etc, c'est le plus beau pays du monde, on s'abandonne, ce n'est plus que le ciel, le soleil et la mer.
Mais surtout la montagne, et à ses pieds : la campagne. Vaste et verte. Les arbres chargés de fruits. Y a qu'à se baisser. Nous faisons un petit tour à l'ancienne ferme (de bambous) construite par Taïwan. Et aujourd'hui abandonnée, on ne sait pourquoi.
L'Etat est vraiment nul !
Pendant que nos compatriotes dans la Grande Anse et les autres régions traversées en octobre dernier par l'ouragan Matthew, aujourd'hui meurent de faim et en sont réduits, rapporte-t-on, à manger des rats et même des chiens, il y a dans une autre partie du pays tant de possibilités ...
Et on attend que l'aide sinistrée arrive.
Honte à nous !
Et vive le Premier mai jacmélien.
Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince