MIAMI, 15 Novembre – Si ce n’est pas encore la peur mais au moins le suspense a changé de camp et actuellement c’est la police nationale qui marque des points sur les gangs armés et même les plus redoutables de ceux-ci.
Les titres s’enchainent ce lundi. Un groupe de ‘400 Mawozo’ a été défait vendredi lors d’un choc qu’on dit inopiné avec une patrouille de la police nationale.
Plusieurs blessés dans les rangs des malfrats, pas un seul chez les policiers. Armes et véhicules récupérés. Le bruit a couru que leur chef, ‘Lanmò San Jou’, se trouverait parmi les blessés mais le porte-parole de la police n’a pas confirmé.
Et d’un !
Dimanche soir un kidnapping est déjoué à Delmas 31. Le gangster est abattu et le véhicule dans lequel il circulait, récupéré : une pick-up Colorado noire volée à l’organisation Food for the Poor et cela au moment de l’enlèvement d’une employée de cette institution en octobre dernier.
Toujours durant le week-end une kidnappée trouve sa libération dans la commune des Coteaux (département du Sud) tandis que trois des malfrats sont envoyés ad patres.
Et aussi dimanche, et encore à Delmas, deux présumés kidnappeurs sont abattus et leurs complices mis en fuite, avec la police à leurs trousses.
Etc.
Depuis tant de mois qu’on vit dans ce véritable enfer, que personne n’ose mettre littéralement le nez dehors, c’est la première fois qu’on enregistre un signe d’encouragement.
Et il est bon de le souligner. Que tous le soulignent. A commencer bien entendu par les faiseurs d’opinions.


Dont bon nombre passent leur temps au contraire à brouiller les cartes. Qu’ils soient à Port-au-Prince, au Cap-Haïtien … ou à Washington ! A bon entendeur.
On ne peut tout faire ni tout obtenir en un seul jour. Vous voulez tout d’un seul coup tandis que, que veut le peuple ?
Il veut pouvoir regagner les rues pour chercher son pain déjà si difficilement.
En même temps qu’il surveille du coin de l’œil car s’il se confirme que la police commence à marquer réellement des points, eh bien comme toujours on peut faire confiance au peuple, oui lui-même encore, pour … achever le travail.
A sa façon ? Bien entendu. Cœurs sensibles s’abstenir, mais ‘nan mal nan mal nèt’.
Nous devons aussi reconnaitre que la nouvelle stratégie, autre que l’intervention des U.S. Marines, semble pouvoir fonctionner.
Laisser les Haïtiens eux-mêmes faire le boulot, en leur fournissant bien sûr le nécessaire, c’est comme le vaccin anti-Covid cela fortifie le corps contre toute nouvelle offensive du virus. C’est tue toi toi-même, ou sauve-toi toi-même !
Mais surtout rappelons-nous qu’on ne peut tout avoir en même temps et d’un seul coup, à la fois tout et le contraire de tout : appeler au rétablissement de la sécurité et en même temps qu’on multiplie les manœuvres, voire sciemment, dans des calculs politiques cyniques ne pouvant déboucher dans l’état actuel qu’à intensifier cette même insécurité, bref cette politique négative reproduite depuis toujours mais surtout ces derniers temps à des milliers d’exemplaires, hélas aujourd’hui aussi bien à gauche qu’à droite, ce jeu malsain qui nourrit les gangs autant que les 30 millions de dollars de rançons qui auraient déjà été empochés par ceux-ci …
Il faut oser le dire.
Ce n’est pas ça la démocratie, dont tous se gargarisent, ‘bon mas ak move mas.’ Tout ceci mérite d’être, comme dit cette chanson qui passe à la radio : ‘jeté à la poubelle’. A recommencer à zéro. Or là encore c’est seulement possible qui si on retrouve la sécurité ; or tous les efforts possibles et imaginables de nos forces policières n’y parviendront si nous ne créions pas l’atmosphère nécessaire à cela.
‘Komisyon pa chay.’

Marcus Garcia, Haïti en Marche, 15 Novembre 2021