PORT-AU-PRINCE, 14 Octobre – Le président français Emmanuel Macron a déclaré le mercredi 14 octobre un couvre-feu de 9 pm à 6 am à Paris et dans toutes les grandes villes de France. Les cas de Covid-19 sont à nouveau en hausse en Europe ainsi qu’aux Etats-Unis et dans le reste du continent américain.
Mais partout sauf ici en Haïti ???
Le président Macron n’a pas hésité à utiliser le terme de ‘Deuxième Vague’, ce qu’on craignait par-dessus tout.
Les Européens (France, Grande Bretagne, Italie, Espagne etc) qui avaient été les premiers plus durement frappés, après la Chine (Pékin) où l’épidémie serait apparue pour la première fois en décembre 2019, semblent réagir avec plus de discipline que, par exemple, les Etats-Unis où le Covid est politisé et comment, dans la fièvre des élections présidentielles qui auront lieu dans trois semaines, le 3 novembre prochain, entre un président Républicain qui joue les matamore (‘l’épidémie ne nous fait pas peur’) même après avoir lui-même été testé positif ou plutôt parce qu’il en est sorti (apparemment) guéri … et le candidat Démocrate (Joe Biden) qui domine jusqu’à présent dans les sondages d’opinion.
La Deuxième Vague tant redoutée …
Le président français n’a pas tenté de camoufler la gravité de la situation, terminant son intervention par les mots : solidarité plus que jamais !
Les faits parlent d’eux-mêmes. Emmanuel Macron a notamment souligné ‘la pression insoutenable’ auquel fait face le système hospitalier, celui-ci n’ayant pas pu avoir de vacances alors que le pire qu’on craignait arrive : une ‘Deuxième vague.’
Dispositions : les employeurs invités à avoir encore plus recours au télétravail au moins deux à trois jours par semaine, pour diminuer les contacts individuels.
Pareil pour les écoles alors que celles-ci viennent à peine de redémarrer.
De plus, gratuité et multiplication des tests de dépistage du virus et orientation vers les autotests, que les gens puissent se tester eux-mêmes à la maison. Ou du moins se prendre soi-même la température dont le résultat est une première indication.
Ce qui se passe est que la France était sortie de l’état d’urgence en juillet dernier … mais la voici obligée de s’y replonger moins de trois mois plus tard.
Ce qui frappe c’est l’absence de repères précis comme si tous ceux qui avaient été établis depuis janvier, date du début effectif de la première vague, ne sont plus assez convaincants.
D’où l’appel du président français à l’effort individuel et en même temps collectif. En un mot, la bonne vieille devise : ‘L’union fait la force.’
Ce qui n’empêche la fixation d’une amende de 135 Euros en cas de non-respect du couvre-feu.
Curieusement aussi, même l’espoir d’un vaccin qui semble faire moins d’effet qu’il y a quelques semaines.
Aux Etats-Unis le Covid ne fait pas moins l’actualité bien sûr mais la personne qui incarne la lutte contre la pandémie ce n’est ni le président Trump, grande gueule comme personne ne l’avait jamais été autant avant lui, ni son adversaire Démocrate Joe Biden dont l’un des thèmes c’est comment son rival doit être tenu pour responsable pour la mort de 216.406 personnes (bilan à date) pour n’avoir pas pris les dispositions qui étaient nécessaires en temps utile, mais la vedette c’est un éminent épidémiologiste et conseiller en cela de la Maison blanche, Dr Anthony Fauci.
Celui-ci a pour politique d’essayer de calmer les esprits. Un vaccin est probable l’année prochaine mais aujourd’hui seule compte la discipline personnelle. Le port du masque est la meilleure garantie. Ce qui l’a mis en bisbille avec son patron l’hôte de la Maison blanche.
Dans certains Etats comme le Wisconsin, ouverture d’hôpitaux de campagne pour répondre à une nouvelle hausse des cas.
C’est donc la ‘Deuxième vague’. Le nombre de nouveaux cas quotidiens progresse et celui des morts se chiffre à plus de 700 par jour. Cependant, à en croire les experts, faute d’une gestion suffisamment rationnelle, les Etats-Unis ne sont jamais vraiment sortis de la Première vague. L’épidémie continue sa lente progression. Pour de multiples raisons : restrictions trop tardives ou levée prématurément des mesures sous l’influence d’un président Trump partisan du redémarrage sans trop tarder de l’économie qui est pour lui sa principale arme électorale, bref politisation de l’épidémie mais aussi immensité géographique du pays et diversité climatique, la première puissance mondiale n’est jamais encore parvenue à ‘aplanir la courbe’ (Le Figaro).
Là où la France était tombée en juillet dernier à 14 morts par jour, les Etats-Unis n’en enregistraient pas moins de 470.
Mais où est notre pays Haïti dans tout cela ?
Haïti – Covid vous avez dit ? Connais pas.
Connais plus !
En effet, vous débarquez en Haïti depuis au moins le mois de septembre dernier et tout semble comme avant, comme depuis toujours dans le pays.
Une fois sorti de l’aéroport international de Port-au-Prince où subsiste encore un semblant de dispositifs mis en place en mars dernier depuis le déclenchement de la pandémie (terme signifiant justement qu’il s’agit d’un phénomène touchant tous les pays du monde sans exception), sauf qu’on découvre ici un pays, un peuple qui va son chemin comme s’il était totalement à l’abri du Covid.
Haïti : Zéro cas …
Contrairement au temps où les premières apparitions du phénomène soulevaient non seulement le doute mais des réactions hostiles, comme s’il s’agissait de ce qu’on appelle dans nos traditions millénaires une ‘maladie surnaturelle’, eh bien lentement la situation au contraire s’est calmée et aplanie.
Plus de réactions hostiles dans la population, mais en même temps les cas sont devenus de plus en plus rares.
Ce qui a été reconnu par la cellule scientifique chargée de conseiller le gouvernement, puis les conférences de presse dressant l’état de la situation de l’épidémie, commencent à s’espacer …
Puis en juillet dernier le gouvernement proclame la fin de l’état d’urgence sanitaire, suivie peu après par la fin aussi des communications officielles, pour aboutir à ce mercredi 13 octobre 2020 : Haïti 0 cas.
Bilan à date : 8902 cas, 7013 guérisons, 230 décès au total (source Wikipedia).
Alors que dans le monde entier, le total des décès est à ce jour de plus de 1 million 088. 704.
Haïti est donc un cas spécial.
Mais pas unique, parce que de la même façon on ne parle presque plus des pays du continent africain, y compris ceux qui sont comme nous, non seulement pauvres mais les moins pourvus en équipements hospitaliers.
Les tentatives d’explications jusqu’à présent sont cependant rares et incomplètes …
Le Coronavirus aurait donc trompé tous les plus grands centres scientifiques et médicaux qui sur la base de leurs calculs traditionnels, avaient prédit le pire pour nos pays.
Cependant les tentatives d’explications jusqu’à présent sont rares et incomplètes : le virus résisterait moins au climat chaud, ainsi qu’aux grands espaces ouverts ; il préférerait les endroits fermés et humides.
Ce n’est pas une question de race puisqu’aux Etats-Unis les Afro-américains en sont victimes hors de proportion …
Evidemment le peuple haïtien est prompt à sortir le secret de ses remèdes traditionnels (au centre le fameux Armoise, une plante qui pousse à l’état sauvage etc).
D’autres, se voulant un peu plus rationnels, font ressortir que le peuple haïtien, comme on le fut aussi dans certains pays d’Afrique, avait été vacciné plutôt sévèrement contre d’autres affections universelles comme la malaria, la tuberculose ou autre et que cela nous aurait laissé une certaine forme d’immunité etc.
Justement voici notre voisine la République dominicaine qui est brutalement frappée, alors que c’est la même île.
On devrait se bousculer dans les vols pour Haïti …
Maintenant cette situation particulière ne doit pas manquer d’attirer l’attention sur nous à l’extérieur.
On devrait se bousculer dans les vols pour Haïti.
Mais il y a les restrictions du trafic aérien. A l’exception des Etats-Unis, particulièrement la Floride qui continue à maintenir des vols quotidiens avec notre pays via les aéroports de Miami et Fort Lauderdale.
L’embarquement aux Etats-Unis pour Haïti se fait comme si c’était dans des conditions normales ou presque : obligation du masque ainsi que de la distanciation mais c’est tout. Pas de test Covid.
Pareil au débarquement en Haïti où l’obligation du test négatif qui avait été exigible pendant la période d’état d’urgence, aujourd’hui ne l’est plus.
Idem parait-il quand vous débarquez en Floride en provenance d’Haïti.
Comme si Haïti n’était pas aussi touchée que les autres pays du continent. Miraculeusement !
Cependant on se saurait dire définitivement, étant donné justement le retour en force du virus qui se fait en ce moment en Europe et en Amérique du Nord … et ailleurs.
Aussi nous pensons que la moindre négligence peut nous être fatale. Comme de laisser tomber toutes les mesures de précaution au principal point d’entrée au pays, l’aéroport de Port-au-Prince.
Ainsi qu’aux postes douaniers avec la République dominicaine voisine.
Alors que l’Haïtien qui retourne au bercail, ne peut s’empêcher d’avoir envie de se débarrasser immédiatement de ce maudit masque qui l’empêcher de respirer librement … et de crier son bonheur.
Puis de replonger dans la grande foule où le masque n’a plus droit de cité que dans les endroits fermés comme les banques et les supermarchés et encore !
Mais c’est aux responsables publics de continuer à faire leur devoir qui est de protéger le pays. En tout temps. En toutes circonstances. Bonnes ou mauvaises.
On n’a pas toujours l’impression que cela fait encore partie de leurs priorités.
D’autant quand nous n’avons jusqu’à présent aucune explication rationnelle voire scientifique sur ce qui fait que le virus n’ait pas fait autant de malheurs en Haïti qu’ailleurs.
Marcus Garcia, 14 Octobre 2020