Escadrons de la Mort ?
MIAMi, 24 Février – L’assassinat d’un journaliste ce mercredi (23 Février 2022) au cours des manifestations par les ouvriers du parc industriel de Port-au-Prince exigeant un nouveau salaire minimum quotidien (1500 gourdes contre 500 reçus actuellement) et de meilleures conditions de travail, nous fait entrer dans une nouvelle phase de la crise qui fait rage en Haïti.
Trois journalistes ont été pris pour cibles mercredi au cours de la manifestation. Les tirs, à hauteur d’homme, sont partis d’un véhicule transportant des individus en uniforme de la Police nationale d’Haïti, selon les témoins.
L’un des trois confrères est mort, frappé à la poitrine, c’est Maxilien Lazard, travaillant pour un média en ligne, Roi des Infos.
Les deux autres, Sony Laurore (Laurore NewsTV) et Yves Moïse (radio RCH 2000) ont été blessés et transportés à l’Hôpital Bernard Mevs, à Tabarre.
Selon les témoins, les coups de feu sont partis d’un véhicule transportant des policiers mais … sans plaque d’immatriculation.
Près de vingt-quatre heures plus tard ce détail, des plus importants, n’a cependant pas encore été éclairci.
Ni par le premier ministre Dr. Ariel Henry qui, dans un tweet, a présenté ses regrets pour la mort du journaliste ; ni par la Police nationale d’Haïti, cependant celle-ci annonce avoir ouvert une enquête (DGPNH - Direction Générale de la Police Nationale d’Haïti).
Est-ce que ce sont des policiers qui ont tiré ouvertement sur ces membres de la presse clairement identifiés par leur badge, et sans la moindre provocation de la part de ces derniers ?
Alors que même si la police continue d’utiliser des gaz lacrymogènes quand la manifestation tend à sortir des limites fixées, il y a eu moins de dégâts par la suite que les deux premiers jours quand des ouvrières ont été asphyxiées dont l’une, enceinte, en est morte.
Cependant une agence de presse locale a rapporté mais sans mentionner aucune source que, à entendre certains responsables (non identifiés) : ce sont les journalistes, nombreux, qui excitent les manifestants. En apportant à ces derniers l’enthousiasme pour continuer sur leur lancée.
En effet refusant l’offre de la part du gouvernement d’une révision du salaire minimum de 500 à 685 gourdes, les syndicats ouvriers ont relancé le mouvement pour une nouvelle semaine. Avec promesse de maintenir la cadence tant que les ouvriers n’auront pas obtenu satisfaction ?
Qu’en est-il dès lors de cette menace voilée de la part de présumés dirigeants ou autres, et quel rapport cela peut-il avoir avec l’assassinat du confrère Maxilien Lazard le mercredi 23 février écoulé ?
De plus et surtout : qui sont ces policiers roulant, parait-il, dans un véhicule sans plaque d’immatriculation qui, selon des confrères, ont ouvert le feu ?
Sont-ce de vrais policiers ?
Si oui, étaient-ils de service, officiellement ?
Mais il y a encore plus : qu’en disent les officiels eux-mêmes ?
Est-ce que l’investigation que dit avoir commencé la DGPNH nous dira la vérité à ce sujet ? Et toute la vérité ?
Dans son message sur Tweeter, le premier ministre Ariel Henry n’apporte aucune précision sur la façon dont est arrivée la mort du confrère.
Est-ce que les officiels ont été pris eux aussi par surprise ?
Savent-ils ce qui se passe ?
Ou ne savent-ils pas vraiment ?
Abondent-ils aussi dans le même raisonnement ? A savoir que c’est la presse qui excite les ouvriers et les ouvrières et les pousse à rester dans les rues ?
Ou alors, pourquoi ne pas le dire ouvertement ?
Parce que ce qui s’est passé ce mercredi a un nom : cela s’appelle, Escadrons de la mort ?
Des commandos assassins, utilisés dans certaines circonstances politiques pour empêcher les gens de réclamer leurs droits et libertés ...
Est-ce une nouvelle étape dans la crise politique que nous venons ainsi de franchir ?
Dans un pays où l’on ne peut déjà pas mettre le nez dehors de peur d’être enlevé ou exécuté par des gangs armés ?
Comme justement encore la veille un fonctionnaire bien connu et cadre de la banque centrale, Jacques Faubert Etienne, qui est abattu sans hésitation alors que, dit-on, il essayait d’échapper à une tentative d’enlèvement.
Mais ceux qui ont abattu le lendemain même le journaliste Maxilien Lazard, portaient quant à eux l’uniforme de la police.
Est-ce que gangs et police sont un seul et même ?
Nous ne pensons pas. Nous ne voulons pas le croire.
Par contre des gangs déguisés en policiers pour certaines opérations, ou des policiers opérant comme des gangs puisque depuis un véhicule sans plaque d’immatriculation, cela oui c’est du pareil au même …
Et cela correspond à une seule appellation : ‘ESCADRONS DE LA MORT’.
Qu’est-ce que les escadrons de la mort ?
Réponse : des ‘tontons macoutes’.
Des assassins, des commandos assassins, utilisés dans certaines circonstances politiques pour empêcher les gens de réclamer leurs droits et libertés.
Comme ces ouvriers et ouvrières cette semaine …
Comme tout au long de cette crise qui n’en finit pas, cette crise toujours recommencée, depuis un an, depuis plus de dix ans - un peuple réclamant ses droits ou plus de liberté.
Et bien entendu ceux aussi qui sont le relai pour ces réclamations … dont la presse.
Quelle que soit la manière pacifique dont se font ces réclamations.
Est-ce que, à partir de ce mercredi 23 février 2022, c’est le cauchemar que nous vivons depuis déjà de si longs mois avec les gangs qui enlèvent, massacrent, volent et violent … Est-ce cette actualité qui vient enfin … de dire son vrai nom ?
La terreur qui ne veut pas dire son nom mais cela pour mieux frapper par surprise …
C’est-à-dire la terreur désormais ouverte, reconnue ou presque, institutionnalisée ?
Alors avis à ceux qui espèrent bientôt des élections !
Voire des élections vraiment démocratiques et populaires – à entendre le PM Dr. Ariel Henry !
ESCADRONS DE LA MORT ou la terreur qui ne veut pas dire son nom mais cela pour mieux frapper par surprise … Comme ce mercredi 23 février 2022.
Si ce n’est pas le cas, alors ?
Alors quelle est l’explication que nous apportent les dirigeants ?
Allo la police, qui sont ces gens en uniforme, dans un véhicule blanc sans plaque d’immatriculation, qui ont attaqué sans raison les journalistes …
Allo Premier ministre Dr. Ariel Henry, pourquoi ne pas achever votre tweet publié le même jour après l’assassinat du confrère … ?
Marcus Garcia, Haïti en Marche, 24 Février 2022