PORT-AU-PRINCE, 10 Janvier – C'était il y a 7 ans. Le 12 janvier 2010, un séisme de magnitude 7.0 à 7.3 dévasta la capitale haïtienne, Port-au-Prince, faisant plus de 200.000 morts. Les traces sont encore visibles et des anciens bâtiments fissurés continuent de s'écrouler et d'ajouter au nombre des victimes.
Mais 7 années plus tard c'est le temps de finir de compter nos morts et d'élargir le cadre de nos réflexions vers comment éviter à l'avenir pareille tragédie.
Impossible, selon les scientifiques. Haïti est l'un des pays les plus exposés aux catastrophes naturelles et aux aléas climatiques.
La preuve, un ouragan de catégorie 4, Matthew, a ravagé en octobre dernier les trois départements du grand Sud (ou même 4, y compris le Nord Ouest) laissant leurs habitants sans aucune ressource. Selon OXFAM, les stocks alimentaires sont à présent au plus bas et l'insuffisance alimentaire aigue reste une menace pour les prochains mois.
Par contre, si on ne peut les éviter car c'est toute la planète qui est sous menace, d'une façon ou d'une autre, comment préparer nous aussi notre peuple à apprendre à mieux faire face.
Les gents 'save' ou scientifiques l'appellent 'dérèglement climatique'. Des produits nocifs, provenant de l'activité humaine et rejetés dans l'atmosphère, qui reviennent, comme par un effet de boomerang, produire des phénomènes inattendus sur notre Terre, en augmentant principalement ceux qui étaient déjà les plus dérangeants. Comme sous nos Tropiques : les cyclones, la sécheresse prolongée etc.
Cependant le même Matthew qui vient de nous frapper a traversé aussi l'île voisine de Cuba, y faisant bien moins de dommages. Cuba a su se préparer en conséquence. Depuis longtemps.
Comme le Japon, Taiwan etc. balayés par les typhons, ou le Chili frappé chaque année par plusieurs tremblements de terre, tout ce monde a appris à connaître quel meilleur comportement adopter, comment réagir sur le moment. Sans oublier les tsunami.
A ce propos, on a déjà eu au moins deux exercices de simulation au Cap-Haïtien dans l'éventualité d'un tremblement de terre, y compris accompagné d'un tsunami ou raz de marée géant envahissant les terres.
Nous en remercions les organisations onusiennes ainsi que les professionnels haïtiens, des secteurs public et privé, qui continuent de maintenir cet état d'urgence.
Journée nationale de Réflexion sur les Catastrophes naturelles ...
C'est donc à cette même cause que l'Etat haïtien a décidé de consacrer cette année, l'an 7 depuis le séisme de 2010, la commémoration du 12 janvier.
Selon l'arrêté du gouvernement signé du Conseil des ministres, le 12 Janvier est déclaré Journée nationale de Réflexion sur les Catastrophes naturelles qui menacent notre pays.
Cependant la journée n'est pas fériée. Les écoles veilleront à entretenir les élèves de ce sujet si capital.
C'est la même vision qui se dégage des différentes commémorations à l'ordre du jour.
Le 12 janvier au matin, le président de la République, Son Excellence Jocelerme Privert, déposera une gerbe au Mémorial Saint Christophe, à l'entrée nord de la capitale, où ont été inhumés plusieurs milliers de victimes du séisme.
La même matinée, aura lieu au palais national un hommage aux organismes, personnalités et représentants de nations qui ont volé à notre secours après le passage du terrible Matthew en octobre dernier.
Dans l'après-midi, un concert de circonstance est prévu au kiosque Occide Jeanty, au Champ de Mars, avec l'orchestre philarmonique de Sainte Trinité mais aussi une brillante participation internationale nous montrant encore une fois combien le thème en question concerne toute l'humanité. Nous recevrons les orchestres philarmoniques de deux grandes universités des Etats-Unis, Yale et Cornell.
Quel lieu plus symbolique que le Palais Sans Souci ...
Mais ce n'est pas tout. Est aussi au programme cette année l'autre partie du pays qui est considérée comme la plus vulnérable à la menace sismique. Le Nord. Cap-Haïtien. Milot. La Citadelle Henry. Le Palais Sans-Souci.
C'est sur les ruines du palais du roi Christophe, détruit par un tremblement de terre en 1842, quel lieu donc plus symbolique que Sans Souci, qu'aura lieu un second concert avec la même participation des orchestres précédemment mentionnés.
Martha Graham Dance ...
Mais ce n'est toujours pas fini. Du 18 au 23 janvier, Haïti recevra la grande troupe de ballet de New York, le Martha Graham Dance Company. Une initiative du Ministère de la Culture et de la Communication et de l'Ambassade des Etats-Unis en Haïti.
C'est donc cette année tout le mois de janvier qui sera consacré à la sensibilisation aux catastrophes naturelles. Il serait souhaitable que nous y prêtions tous notre concours. A commencer par les médias.
Comme la COP 21 qui s'est tenue à Paris en 2015 et la COP 22 à Marrakech (Maroc), on pourra donc parler aussi, qui sait, de la COP-Haïti.
Haïti en Marche, 10 Janvier 2017