Un monde cruel mais où sont les responsabilités du Nord ?

QUEBEC, 31 Août – Une exposition internationale de photos de presse fait le tour du Canada.
Comme la page de couverture d'un grand magazine international, dans le style du Time Magazine d'autrefois, on a droit à un défilé des événements les plus percutants des dernières années et qui continuent de défrayer quotidiennement la chronique.
Cela nous donne une idée du monde tourmenté et cruel dans lequel nous vivons.
Ce sont les victimes innocentes de la centrale terroriste islamiste (EI – Etat Islamique appelé encore DAESH) et aussi de la guerre menée pour déloger ces derniers par une coalition de forces internationales, dont les Etats-Unis, et les Etats régionaux (Syrie et Irak et accessoirement aussi la Turquie).
Les moments les plus sanglants n'en sont pas moins les attentats terroristes qui n'épargnent personne, y compris les enfants dont l'inquiétude qui se lit sur leur visage, vous prend aux trippes.
Mais une autre conséquence directe de cette guerre fratricide (il n'y a pas d'autre mot) ce sont bien les centaines de milliers de réfugiés qui vident cet enfer, essayant d'atteindre l'Europe (dont d'abord l'Espagne et l'Italie qui baignent sur la Méditerranée en face du continent arabo-africain).
Les meilleures photos, par leur habileté à saisir la cruauté du moment, s'enchainent, décrivant le même enfer, mais à présent au milieu d'une mer tumultueuse où le grand Homère n'aurait pu imaginer plus effrayants épisodes pour son Odyssée.
Cette chronique de violences indiscriminées et proprement cannibales, se poursuit avec le conflit ukrainien, lorsque une partie de ce pays (la Crimée) décida de rompre les amarres pour traverser avec armes et bagages (la Crimée et la Russie, ont une frontière commune) dans la grande fédération russe.
Le président russe, Vladimir Poutine, leur fait un accueil intéressé.
Conclusion : la guerre entre le pouvoir ukrainien appuyé par les pays de l'Union européenne – mais seulement du bout des lèvres sinon avec des menaces de sanctions sans grand effet ... Et un cimetière de corps désarticulés et de matériels calcinés.
Mais la même folie n'épargne aucun coin du monde avec les attentats terroristes transportés par l'Etat Islamique (EI) au sein même de cette Babylone des temps nouveaux, nous disons l'Europe particulièrement (France, Grande Bretagne, Belgique, Espagne ...)..


Prochain flash, la Turquie. De fait le premier prix du concours a été accordé au photographe qui a commis la photo montrant un policier turc criant 'Allah Akbar' et tuant à bout portant l'Ambassadeur de Russie en Turquie.
Son nom est Burban Ozbilici, celui du photographe parce que (curieusement) dans cette nouvelle 'série' digne de Dante ou du grand Homère on ne retient pas les noms des héros ni des Cyclopes.
Ces derniers disparus sous les frappes des Drones des présidents américains (Obama et Trump).
Tout comme la photo qui ouvre l'exposition est celle tout aussi unique qui montre une jeune et belle Afro-américaine, Iesha Evans, 27 ans, faisant face sans cligner des yeux, avec une sérénité incroyable, aux policiers américains (blancs) bardés et masqués lors d'une manifestation pour protester contre le nombre de noirs abattus par la police sans justification. 'Black Lives Matter' (la vie compte aussi pour les Noirs).

Mais le Nord a aussi ses responsabilités ...
Beaucoup de points sont à retenir de cette extraordinaire exposition de photos.
D'abord c'est le regard d'un seul coin du monde. Ce sont des photographes occidentaux ou travaillant, comme professionnels ou comme pigistes, pour des agences occidentales.
Aussi on voit tout de suite les limites. Il y a des bidonvilles à Rio, les célèbres favelas, mais c'est quand même le pays sud-américain qui a fait passer 20 millions de personnes de la pauvreté au statut de classes moyennes.
Notre chère Haïti répond aussi à l'appel mais ces jours-ci on est moins photogénique parce que les centaines de compatriotes qui franchissent illégalement la frontière avec les Etats-Unis pour entrer au Canada sont bien habillés et en majorité francophones.
Sauf quand ils se font pincer par les garde-frontières américains, comme cette dame (bien mise) qui a été conduite directement dans la même prison où on enferme les pires criminels. Grand titre jeudi soir du journal parlé au Québec.
Mais on peut aller plus loin dans la réflexion.
D'abord deux grandes lignes traversent cette chronique gigantissime, pour citer le Macbeth de Shakespeare : 'une histoire de bruit et de fureur qui est racontée par un idiot et qui ne veut rien dire'. C'est d'abord la religion.
L'Islam bien entendu. 'Allah Akbar', Mahomet est le plus grand. Cri de guerre de l'EI (Etat islamique) qui sème la mort sur plusieurs continents.
D'abord le sien puisque c'est d'abord une guerre fratricide, entre Sunnites et Chiites.
Comme on a eu en Occident la guerre entre Catholiques et Protestants. Le massacre de la Saint Barthelemy n'a pas été plus doux.
Mais l'Occident s'en soucierait probablement comme d'une guigne tant que le conflit ne le concernerait directement.
D'abord en remettant en question ses intérêts stratégiques dans la région. D'où l'intervention directe des Américains et des forces de la Coalition.
Mais le coup de théâtre c'est la guerre que ces nouveaux croisés (prétendument) de Mahomet apportent directement dans ce qui se considérait comme à l'abri de telles extrémités, oubliant peut-être trop vite les horreurs de la Seconde guerre mondiale et que en matière de massacres de populations sans défense (de Holocauste) on n'a pas fait mieux depuis !
Car la dernière réflexion c'est la responsabilité des puissances occidentales et que les photos exposées ne mettent pas suffisamment en relief.
Ce sont les milliards versés comme aide étrangère par l'Union européenne au président turc (le fameux Erdogan) pour empêcher les réfugiés de traverser son pays pour fuir leur enfer.
Cela après avoir pompé les richesses du Sud (sur tous les continents et pendant des siècles), et lui avoir imposé des systèmes de gouvernement (et de gouvernance) qui ont débouché sur l'éclatement actuel.
Mais responsabilité plus encore au niveau 'civilisationnel'. Quand le Nord s'enferme dans un monde qui ne reconnaît que les richesses matérielles, le Sud semble considérer que la Religion (avec ses pires outrances et son côté suicidaire comme au temps des Martyrs) est sa meilleure arme. Hélas.

Marcus – Haïti en Marche, 31 Août 2017