JACMEL, 14 Mars – A Jacmel le samedi 14 mars, funérailles quasiment solennelles.
Pour un fils de la ville (capitale du département du Sud-Est), Jacques Jean Pierre, décédé à l’âge de 56 ans après de bons et loyaux services dans différents domaines : radiodiffusion, sports, éducation (il appartient à la première promotion, celle de 1985, du Collège Alcibiade de Pommayrac et était proche de la créatrice de ce joyau de l’instruction à Jacmel, Mme Véronique Rossillon, riche française, morte en 2018.
Jacques Jean Pierre est suivi par une foule de plus d’un millier de jeunes et moins jeunes.
Tiens, plus d’un millier de personnes réunies au même endroit, c’est unique ce 14 mars 2020 alors que partout dans le monde, de l’Italie à l’Iran, de la France à New York (USA) sont interdits des rassemblements même de 100 personnes.
A New York, le vénérable Metropolitan Museum fermé (le maire Bill de Blasio a déclaré sa ville en ‘state of emergency’, c’est plus encore que notre ‘état d’urgence’, oui le Big Apple, ‘la ville qui ne dort jamais’) … tandis que le président français Emmanuel Macron ordonne aux écoles, garderies, collèges et universités de rester fermés aussi pendant les prochains quinze jours.
Macron veut adopter une politique, dit-il, au cas par cas contrairement à la Chine qui a mis toute une province (Hubei, capitale Wuhan) en quarantaine pendant un mois entier.
Avec pour conséquence qu’en Chine l’épidémie serait en perte de vitesse.
En tout cas seul le résultat final qui dira quelle aura été la meilleure méthode.
Y compris le président Donald Trump qui a l’air d’un chien dans un jeu de quilles, c’est-à-dire qui semble manier la hache alors que d’autres choisissent le scalpel.
En effet, la décision américaine d’interdire l’entrée aux Etats-Unis à tous les ressortissants européens sans distinction, en même temps qu’on demande aux citoyens américains (ainsi qu’aux résidents légaux) de rentrer immédiatement chez eux comme si le monde entier allait s’écrouler et qu’il ne resterait que les Etats-Unis d’Amérique, eh bien les dirigeants de l’Union européenne n’en reviennent pas. Mais alors pas du tout.
De Miami à Montréal, on nous apprend que la veille, hier vendredi 13 mars, les ‘shoppings centers’ ont été dévalisés …
La peur que soit ordonné également la fermeture de tous les magasins.
La peur de ne plus pouvoir sortir de chez soi. ‘Tutti en casa’.
La vénérable NBA, l’association américaine de basket-ball, renvoyant tous ses matches, impensable pour un aficionado de quelque pays que ce soit !
Eh bien, vous l’avez dit. Cela a un nom : Coronavirus.
Le nouveau mal qui répand la terreur.
Partout. Sur tous les continents.
Mais, tenez-vous bien : partout, sauf en Haïti.
Du moins pas encore à ce point-là.
Aucune des nombreuses personnalités qui prennent la parole pour louer les qualités de Jacques Jean Pierre ce samedi matin à la nouvelle Cathédrale de Jacmel, sise à Lamandou, ne mentionne le Coronavirus.
Ni ne manifeste aucune gêne à se retrouver au sein d’une assistance aussi nombreuse quand partout dans le monde c’est interdit.
Haïti chérie, aucun pays n’est meilleur que toi !
‘Ayiti cheri, pi bon peyi pase ou nan pwen.’
Au dehors, un ciel bleu transparent, le soleil est clair et sans tâche !!!
L’air est sain.
En tout cas, oui.
Non ?
Oui, Non !
La ministre de la santé publique a été formelle :
Aucune trace de Coronavirus n’a été détectée dans notre pays.
Surtout après qu’un transport public revenant de chez notre voisine territoriale, la République dominicaine, eut jeté la panique, le mercredi 11 mars écoulé, parce qu’un des passagers était décédé brusquement.
Une fois débarqués en Haïti, les autres passagers furent placés dans un centre hospitalier de fortune (l’hôtel Mont Joli, à Tabarre) pour y subir le test du Covid-19.
D’après la ministre Dr Marie Greta Roy Clément, aucune de ces personnes n’a été testée positive.
Ouf !
Dans la rue, les gens s’étaient assemblés de plus en plus nerveux.
Prêts à refouler le Coronavirus … à coups de pierres.
‘Galèt leta’.
‘Koronaviris nou pa pè w.’
Sacrés Haïtiens.
Evidemment nous ne sommes pas vraiment prêts, mais pas prêts du tout, à affronter une telle malédiction.
Mais Haïti restera toujours Haïti. Ne sommes-nous pas le pays du ‘Bon Dieu Bon’ !
Autrement dit, la mentalité du Paradis sur terre.
‘Paradise !’
Vous connaissez.
Haïti a en effet toujours été à l’abri de tous les grands conflits et catastrophes universels.
Guerres mondiales, Vietnam, Afghanistan, Etat islamique, bof !
Il a fallu les troupes onusiennes pour nous apporter le Cholera jusque-là inconnu chez nous alors qu’on ne peut pas dire que nous sommes les champions de l’assainissement, loin de là, regardez cette semaine la capitale, Port-au-Prince, après la moindre pluie.
Et cela de tout temps. Aussi l’une des expressions les plus populaires chez nous vous connaissez : ‘manfouben’, traduisez je m’en fous. En anglais-américain : ‘I don’t give a sh …’. A ce point populaire que ce fut le thème électoral d’un de nos derniers présidents de la république.
Bon, quand on a pu dégringoler à ce point-là, inutile de vous dire jusqu’où nous poussons notre ‘manfoubinis-me’ !
Mais cela remonte aux premiers habitants de l’île. Ne dit-on pas que le plaisir suprême chez les Tainos c’était sur un arbre perché, et allongé sur la branche la plus confortable où il n’y a qu’à tendre la main pour déguster leur fruit préféré : l’abricot.
Y a-t-il encore des abricots en Haïti ?
Peut-être que non. A force de s’être contenté de jouir des bienfaits uniques, de l’unicité de notre île sans rien y apporter de nouveau.
Et cela à tous les niveaux. Aussi bien la minorité qui contrôle les richesses que nous autres (!).
Et alors ? Car même malgré nous, quoi que l’on fasse : Y aura toujours comme ce samedi 14 mars à Lamandouå … le ciel, le soleil et la mer.
De quoi mettre en fuite jusqu’au … Coronavirus ?
Mais de quoi aussi éveiller beaucoup de jalousies dans le reste du monde.
Il n’y a pas que les missiles qui peuvent détruire jusqu’à toute une race !
Conclusion : on ne nous pardonnera pas toujours de n’avoir rien fait d’un coin de terre aussi merveilleux. Unique.
Et qui risque, avec le changement climatique, de devenir encore plus … unique.
Marcus-Haïti en Marche, Jacmel