Mederson Alcindor
Les citoyens rencontrent des difficultés de toutes sortes dans le processus de production de leurs documents de voyage, dans les Centres de Réception et de Livraison de Documents d’Identité (CRLDI) que ce soit à Delmas 31 ou à Tabarre, au Parc Sainte Thérèse à Pétion-Ville ou au Gymnasium Vincent à la Rue Romain, au Champs-de-Mars ou à Lalue. Les demandeurs dénoncent des individus, en complicité avec les responsables de certains Centres qui, selon leurs déclarations, leur réclament entre 50 000 et 75 000 gourdes pour obtenir le sésame (passeport). De plus, des « prédateurs » demandent aux femmes d’avoir des relations sexuelles avec eux pour leur faciliter la tâche.


L’obtention des documents de voyage est devenu un véritable calvaire pour les citoyens, depuis le lancement du programme baptisé « Humanitarian Parole » lancé par l’administration américaine au profit des ressortissants de quatre (4) pays dont Haïti. En effet, produire une demande de passeport dans la capitale coûte aux intéressés entre 50 000 et 75 000 gourdes. Une pratique qui est dénoncée par les demandeurs, fustigeant le comportement irresponsable des autorités notamment les responsables du Bureau de l’immigration et de l’Emigration qui peinent à trouver la bonne formule pour leur faciliter la tâche en ce qui a trait à la demande de passeport.
Selon les dires des citoyens, les montants réclamés ont été empochés par des individus en lien avec des employés ou avec les responsables de certains Centres de Réception et de Livraison de Documents d’Identité (CRLDI).
Un citoyen qui frise la trentaine, rencontré par Haïti Infos Pro, affirme avoir arpenté la majorité des Centres de la zone métropolitaine de Port-au-Prince dans l’objectif de déposer sa demande pour un passeport. Il nous explique que dans tous les Centres, on lui demande de payer 50 000 gourdes après négociation. Il affirme qu’une agence de voyage lui avait soutiré 30 000 gourdes déjà pour un passeport en urgence. Depuis qu’il a versé l’argent, il n’a plus les nouvelles des responsables de l’entreprise de voyage.
« Pour un document qui devait coûter moins de 15 000 gourdes, vous payez le double, le triple pour l’avoir, dans un pays où vous arrivez à peine à subvenir aux besoins primaires. À quoi servent les autorités si elles ne peuvent même pas nous faciliter l’accès d’avoir notre passeport », se plaint cet homme.
Pot de vin ou exploitation sexuelle, deux choix s’imposent aux femmes
Si aux hommes on exige qu’ils payent des sommes astronomiques, quant aux femmes on leur demande soit de payer, soit de se prostituer.
Une jeune dame âgée de 25 ans dénonce cette nouvelle pratique qui fait surface dans la ruée vers le passeport : « Deux hommes m’ont abordé, et m’ont dit que si je n’ai pas les moyens ils me faciliteront la tâche pour produire ma demande à condition que je leur offre un moment de plaisir », nous confie-t-elle, soulignant que d’autres ont aussi fait face à cette proposition indécente.
Elle dénonce cette « pratique inacceptable » car, soutient-elle, il revient aux autorités de permettre à toute personne de faire son passeport avec facilité et non en versant des pots-de-vin.
Les citoyens s’en prennent aussi aux agents de police qu’ils accusent de complicité dans ce qu’ils qualifient de « privatisation » de l’institution de l’État. Ils déplorent le comportement des policiers qui oublient leurs responsabilités pour faire du commerce avec les demandeurs de passeport.
À noter que deux femmes ont été blessées par balle, le lundi 27 février 2023, dans un Centre de demande de passeport à Pétion-Ville. L’une d’elles a été touchée au pied. Un agent de la Brigade d’Intervention Motorisée (BIM) est pointé du doigt.