Ouanaminthe (Haïti), 17 févr. 2017 [AlterPresse]--- Des milliers d'ouvrières et d'ouvriers de la Compagnie de développement industriel (Codevi) à Ouanaminthe (Nord-Est) ont entamé une série de mobilisations, pour forcer les autorités de la Direction générale des impôts (Dgi) à faire le retrait de la décision de réclamer le paiement de 13% de taxes à partir de leurs salaires, selon les informations obtenues par l'agence en ligne AlterPresse.


Une pétition, en circulation à Codevi, a recueilli plus de trois mille signatures contre le paiement des 13% de taxes.
Des sensibilisations, à travers notamment la publication de tracts, sont en cours à Codevi, depuis le mouvement de protestation, entamé le lundi 30 janvier 2017, fait savoir le Coordonnateur général du Syndicat des ouvrières et ouvriers de Codevi à Ouanaminthe (Sokowa), Renaud Pierre, joint au téléphone par AlterPresse.
Lors de cette mobilisation, les ouvrières et ouvriers ont exprimé leur refus de payer ces taxes imposées, qui, disent-ils, vont servir à enrichir les autorités, au lieu de permettre la mise sur pied des services de base, appropriés dans la commune frontalière de Ouanaminthe.
Une grande marche, organisée le mardi 31 janvier 2017, a réuni des milliers d'ouvrières et d'ouvriers de la Codevi, qui ont protesté contre la décision de la Dgi.
« À bas les 10 % sur nos salaires misérables ! On ne va pas obéir à la Dgi, la lutte va se poursuivre », ont scandé les manifestantes et manifestants.
10% de taxes sont réclamées par la Dgi pour les Impôts sur le revenu individuel (Iri), 1% pour la contribution au fonds de gestion et de développement des collectivités territoriales, 1% pour la Caisse d'assistance sociale (Cas) et 1% pour la caisse d'urgence.
Ces taxes sont déjà perçues au niveau du Parc industriel de Caracol (Pic) / Nord-Est), indique Batay ouvriye.
Suite à ces mouvements de protestations, le directeur général de la Dgi, Miradin Morlan, a tenu une rencontre, avec les responsables des syndicats de Codevi et sa direction, pour expliquer le bien-fondé de cette perception de taxes.
Le coordonnateur général du Sokowa a réaffirmé au directeur de la Dgi que le mouvement n'entend pas faire marche arrière.
Au cas où nos revendications ne sont pas prises en compte, nous allons passer à une autre phase du mouvement, qui sera plus intense, annonce-t-il.
Se disant solidaire à ce mouvement de protestation, la coordonnatrice de Batay ouvriye, Yanick Etienne, souhaite la poursuite de la lutte pour empêcher de réduire le salaire des ouvrières et ouvriers.
Le prélèvement de ces taxes, sur la pitance reçue par les travailleuses et travailleurs, va réduire automatiquement le niveau de leurs salaires.
Les ouvrières et ouvriers reçoivent en moyenne 1,500.00 gourdes par semaine, à raison de 300.00 gourdes par jour (US $ 1.00 = 70.00 gourdes ; 1 euro = 78.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd'hui).
Quoiqu'existantes, ces taxes n'auraient jamais été prélevées, auparavant, par la Dgi dans les usines du pays.
« C'est vrai que la Constitution stipule que toutes les citoyennes et tous les citoyens doivent payer des impôts et des taxes. Les ouvrières et ouvriers disent qu'ils consentent à payer les taxes, mais il leur faut des services. Il n'y a pas d'hôpitaux publics sérieux à Ouanaminthe, ni à Fort liberté. Il y a un seul centre de santé ».
« De plus, la route, qui mène à Codevi, devient boueuse à chaque pluie, la ville est remplie d'immondices, il n'y a pas non plus de logements sociaux (décents) », évoque Etienne.
Elle dit n'attendre aucun changement significatif, sous la nouvelle administration de Jovenel Moïse, au niveau économique et politique.
C'est le même projet économique, qui va être poursuivi, à savoir l'agro-industrie, le tourisme et la sous-traitance, prévient-elle, tout en annonçant une intensification de la résistance.