Port-au-Prince, 19 février 2018- (AHP)- Trois hommes impliqués dans le scandale sexuel d'Oxfam en Haïti auraient menacé physiquement les témoins de leurs actions au cours d'une enquête interne effectuée en 2011, a annoncé lundi l'organisation non-gouvernementale.

 

L'organisme qui a attendu étrangement 7 ans pour le faire,  a publié les détails de l'enquête suite à la controverse de ces dernières semaines provoquée par le scandale d’exploitation sexuelle dont des cadres et des employés d’Oxfam se sont rendus coupables en Haïti peu après le tremblement de terre qui a dévasté le pays en 2010.

Dans un document interne daté de 2011, l'ONG a noté qu'il était «nécessaire d'en faire plus» pour empêcher que le personnel à la base des problèmes puisse aller commettre les mêmes actes dans d'autres organisations caritatives.

Oxfam, qui compte quelque 10 000 personnes travaillant dans plus de 90 pays, a déclaré ce lundi  vouloir être « aussi transparent que possible » sur ses activités, après la controverse qui a forcé au retrait son  directeur en Haïti, Roland van Hauwermeiren, et provoqué la démission du directeur exécutif d'Oxfam, Penny Lawrence.

Le problème cependant est que des pages du document à partir de 2011 sont effacés pour cacher l'identité de certaines personnes, y compris celles traitant des forfaits des trois hommes accusés de menaces et d’agressions contre des témoins

Oxfam déclare qu'il devrait  présenter le texte original de cette enquête au gouvernement d’Haïtí ce lundi. Mais, où se trouvent aujourd’hui ces délinquants sexuels?

Selon l'ONG, sept de ses employés ont quitté l'organisation, en raison de leur comportement en Haïti en 2011.

Un employé, a-t-il ajouté, a été congédié et trois ont démissionné pour avoir eu des relations avec des prostituées dans les locaux d'Oxfam, tandis que trois ont été licenciés pour harcèlement et intimidation et pour avoir omis de protéger adéquatement le personnel.

Dans son document, Roland van Hauwermeiren, alors directeur des opérations en Haïti,  a admis quand il a été interrogé par une équipe d'Oxfam, avoir recouru aux services de prostituées dans sa demeure.

Après l'enquête, au lieu d'être licencié, il a été autorisé à démissionner à condition qu'il  coopère avec le reste de l'enquête.

Selon les médias britanniques, il n'est pas sûr que  van Hauwermeiren faisait partie des personnes soupçonnées d'avoir menacé des témoins.

« Nous faisons cette publication exceptionnelle parce que nous voulons être aussi transparents que possible sur les décisions que nous prenons au cours de cette enquête », ont déclaré des responsables d’Oxfam dans une note.

"Nous espérons", a-t-il ajouté, "que cela aidera à reconstruire la confiance de ceux qui soutiennent notre travail."

En dépit de cette recherche, plusieurs des personnes impliquées dans le scandale pourraient travailler dans d'autres organismes de bienfaisance, comme ce fut le cas de van Hauwermeiren qui a assumé le poste de chef de mission de l'organisation Action contre la faim au Bangladesh.

La semaine dernière, le directeur exécutif d'Oxfam International, Winnie Byanyima, a déclaré que  l'organisation mettra en place une commission chargée d'enquêter sur les cas d'exploitation sexuelle au sein du personnel.

Byanyima a déclaré à la radio britannique BBC que l'organisation invitera les victimes à révéler leurs cas et a exprimé sa solidarité avec les personnes touchées par les abus.

Ministre de la Coopération internationale du Royaume-Uni, Penny Mordaunt a fait savoir, il y a quelques jours, que le gouvernement retirera des fonds publics à toute ONG qui ne coopère pas avec les autorités dans les enquêtes pour découvrir les cas d'abus sexuels et permettre de prendre des mesures pour les éviter.

Maintenant, Oxfam et ses délinquants vont-ils dédommager les  victimes?. Il y a beaucoup de craintes que dans quelques mois, ce dossier ne soit plus qu’un vague souvenir.
Surtout quand en Haïti, aussi bien les responsables publics que ceux du secteur Organisation non-gouvernementale s’emploient à faire mort.