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Un mois après le tragique événement de Canaan qui s’est produit le 26 août dernier, aucune voix au sein du gouvernement n’a pipé mot pour exprimer sa sympathie envers les parents des victimes de cette catastrophe humaine. Aucune journée de deuil national n’a été décrétée pour honorer la mémoire des hommes et des femmes dont les vies ont été inexplicablement prises, on parle de plus de vingt (20) morts.

La seule sanction qui a été prise, l’Eglise Piscine de Bethesda, dirigée par le rév, pasteur Marco organisateur de la marche, est interdite de fonctionnement temporairement. On aurait pu s’attendre à ce que les institutions organisées de la société, telles que la Conférence Épiscopale d’Haïti, le secteur privé des affaires, l’Association Nationale des Médias Haïtiens, les divers syndicats, les associations de jeunes, et même les artistes, rompent enfin leur silence face à la situation chaotique du pays. Cependant, ils ont préféré maintenir leur mutisme.
Quant aux familles des victimes, elles ne savent pas à qui s’adresser pour demander
justice. Elles n’ont pas eu la chance de récupérer le corps des victimes pour les ensevelir et faire leurs deuils.
Pendant ce temps, la région métropolitaine de Port-au-Prince continue d’être le théâtre quotidien de découvertes macabres, une situation qui ne semble guère préoccuper les autorités gouvernementales. La population civile, elle, s’efforce de s’accommoder de cette réalité morbide. La compassion est étouffée, même en présence de cadavres dans les rues, la routine continue sans s’interrompre.
Cela fait plus de deux (2) ans que le quartier de Martissant est considéré comme territoire perdu par les autorités gouvernementales pour répéter la romancière Emmelie Prophète actuelle ministre de la Justice et de la Sécurité Publique. Ce quartier abrite la route nationale numéro 2, reliant le Grand Sud à la capitale par voie terrestre. Par conséquent, ce tronçon de route traversant Martissant est vital pour les transports publics. Malgré les menaces pesant sur les usagers de cette route, ces derniers continuent de l’emprunter en versant des pots-de-vin aux autorités illégitimes qui y opèrent. Jusqu’à présent, aucune tentative sérieuse n’a été faite par les autorités pour reprendre le contrôle de cette zone perdue. Ces derniers jours, les groupes armés cherchent activement à étendre leur emprise territoriale. Les bandes de Canaan, de Grand Ravine et de Torcel terrorisent divers endroits de la région métropolitaine de Port-au-Prince, sous le regard complice et impuissant des autorités de l’Etat. Ces criminels agissent avec une impunité choquante, incendiant impunément les maisons des habitants et annonçant parfois leurs actions plusieurs jours à l’avance. La population, pour échapper à ces gangs, se réfugie dans les rues de la capitale. Le quartier de Carrefour-Feuille, situé à quelques kilomètres du Centre-Ville, est le dernier à succomber aux bandes armées malgré la résistance farouche des habitants. Les bandits ont finalement triomphé, même face à la résistance des riverains et des forces de l’ordre. Carrefour-Feuille, qui était autrefois un lieu stratégique pour les étudiants en raison de son accès facile en transports en commun et de sa proximité avec les établissements d’enseignement supérieur, est maintenant sous le contrôle des criminels. Des milliers de familles ont tout perdu, leurs maisons pillées et incendiées. Les autorités gouvernementales et les secteurs organisés gardent un silence assourdissant.
Dans de telles circonstances, il est légitime pour la population de demander si les détenteurs du pouvoir ne devraient pas renoncer à leur poste. Comment ces autorités, qui se financent grâce aux impôts des citoyens, peuvent-elles dormir paisiblement alors que le peuple est plongé dans une telle détresse ?
Une question qui préoccupe ces derniers jours sur les réseaux sociaux est « quel est le projet ? » Quelle est la véritable mission des gangs armés qui expulsent la population civile de ses quartiers sans défense ?
La Police Nationale d’Haïti, plus de vingt-huit (28) ans après sa création, est-elle réellement incapable d’assurer la sécurité des vies et des biens face aux menaces intérieures ? Ne devrions-nous pas remettre en question la capacité d’intervention de cette force de l’ordre ? N’est-il pas temps de repenser son rôle ?
Quant aux Forces Armées d’Haïti (FAD’H), remobilisées sous le mandat du président Jovenel Moïse, que font-elles ? Sont-elles incapables de mener des opérations ou n’ont-elles pas reçu l’autorisation d’agir ? Pourquoi ces hommes et femmes, rémunérés grâce aux impôts des citoyens, sont-ils tenus à l’écart alors qu’ils pourraient servir la République ?