By Dimitry Charles
JUNO7 - Jour après jour, les gangs continuent d’encercler la capitale haïtienne. Les groupes armés qui imposent leur loi dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince ne cessent de jeter la panique au sein de la population. La guerre des gangs rivaux qui veulent à tout prix contrôler certains territoires stratégiques, oblige plusieurs centaines de riverains à fuir leurs quartiers.


Depuis environ trois jours, les habitants des quartiers de Solino, Fort National, Bel-Air, Delmas 18, Nazon fuient les attaques des groupes armés du bas de Delmas et au bas de la ville qui se battent entre eux pour le contrôle du quartier de Solino. Ne se sentant plus en sécurité, ces familles ont pris la fuite pour se réfugier dans d’autres endroits.
En effet, les gangs montrent de plus en plus leur puissance. Vitelhomme contrôle une partie de la commune de Tabarre et met son empreinte sur le côté sud de Pétion-ville jusqu’à Fort Jacques.
D’un autre côté, le groupe armé dirigé par le nommé Ti Makak dicte sa loi à Laboule 12 et Thomassin, tandis que 400 Mawozo contrôle une bonne partie de la commune de Croix-des-Bouquets.
La capitale est quasiment encerclée par les gangs. Au sud, les groupes armés de Izo, Ti Lapli et Krisla contrôlent la troisième circonscription de Port-au-Prince.
Maintenant, c’est au tour des groupes armés du bas de Delmas et du Centre-ville de se battre pour le contrôle du quartier de Solino, une zone considérée stratégique dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince. Depuis trois jours, des tirs d’armes automatiques inquiètent les familles qui ne savent à quel Saint se vouer.
Le jeudi 2 mars 2023, nos reporters ont constaté des centaines de familles en train de fuir les quartiers ciblés par les gangs. Ils sont arrivés à pied, à moto. “Je suis obligé de quitter ma maison, je ne peux pas supporter cette situation. Depuis deux jours, je suis obligé de me cacher avec mes deux enfants sous le lit“, raconte une mère en détresse qui se dirigeait avec ses deux fils à Delmas 32.
Toutefois certains résidents du quartier de Solino et ses environs ont décidé de rester afin de faire opposition à ces malfrats. “Il y a des gens qui ont décidé de rester, notamment les garçons ainsi que les policiers de la zone qui ont décidé de monter la garde. Sans eux, Solino serait déjà entre les mains de ces bandits qui tirent, brûlent et font vraiment peur“, a expliqué une dame essoufflée qui prenait la direction de Christ-Roi pour aller se réfugier chez sa sœur qui l’attendait.
Ces citoyens en détresse ont lancé un SOS au haut commandement de la police afin qu’il vienne en aide aux habitants de ce quartier laissé pour compte depuis le déclenchement de cette guerre. En larmes, ils demandent une intervention urgente des autorités. “O Bondye sa n fè n ap peye“, a lancé une femme avec ses deux mains posées sur sa tête. “Otorite yo ede nou, nou pa kapab ankò, di yon mo pou nou“, a crié une jeune femme.
Personne n’est à l’abri face à la montée des actes de banditisme. La population est encerclée par des bandits lourdement armés alors que les autorités en place paraissent impuissantes et n’envoient aucun signal qui pourrait donner un espoir aux citoyens assoiffés d’un moment de quiétude et de tranquillité. La population n’est au courant d’aucun plan stratégique de sécurité qui pourrait réduire le taux de criminalité.
Malgré l’opération Tornade 1 lancée par le Directeur Général de la PNH Frantz Elbé, jusqu’à présent aucune action concrète pour déloger les chefs de gangs et les mettre hors d’état de nuire. Avec un effectif de plus de 15 000 policiers et une force armée de plusieurs centaines de soldats, la population ne peut pas vivre une minute de tranquillité.
Ajouter à cela que la demande du gouvernement en place à la communauté internationale pour une assistance militaire pour lutter contre les bandits, est une affaire presqu’oubliée.
Rappelons que le pouvoir dirigé par le Premier ministre Ariel Henry avait commandé 18 blindés don’t seulement huit ont été livrés. Jusqu’à présent les dix autres n’ont pas encore été livrés alors que l’Etat haïtien a décaissé 14 millions de dollars pour l’achat de ces engins. Le versement de l’avance a été effectué en juin de l’année dernière.

Ces derniers temps, il y a une recrudescence des cas d’enlèvement dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Des professionnels, notamment des médecins, des journalistes, des professeurs et même des policiers ne sont pas épargnés. L’ancien secrétaire d’État à la sécurité publique, l’Inspecteur Général Frantz Sébastien Jean-Charles a été victime d’un acte d’enlèvement suivi de séquestration, ce vendredi 3 mars à Port-au-Prince. Il a été enlevé en compagnie de sa fille qu’il emmenait à l’école vendredi matin.
Notons que depuis plusieurs années, la PNH est en grande difficulté pour capturer des chefs de gangs connus. Il faut remonter aux cas de Anel Joseph, Odma et de Ti Je. Depuis lors, l’institution policière n’a capturé aucun chef de gang connu.
Rappelons enfin que des citoyens avaient déjà fui les quartiers de Gran Ravin, Martissant, Cité Soleil, Pernier, Torcel, Croix-des-Bouquets pour le même problème: la guerre des gangs rivaux pour le contrôle des territoires.

Cependant, dans de nombreux cas, ces voix sont étouffées et leur impact est limité par le gouvernement. Les observateurs internationaux peuvent être interdits d’entrée dans le pays ou expulsés avant les élections dépendamment de leur orientation. Les médias indépendants évoluant sur le terrain, peuvent être censurés ou contraints à l’autocensure pour éviter de critiquer le gouvernement.
En fin de compte, il est difficile de dire s’il y a de bonnes chances d’organiser des élections libres et honnêtes dans un gouvernement autoritaire et corrompu. Bien que des éléments de liberté et d’honnêteté puissent exister, ils sont souvent limités par le pouvoir en place. Il est important de continuer à défendre les valeurs démocratiques et de promouvoir la transparence et l’intégrité dans les élections, même dans des environnements politiques difficiles.