P-au-P, 25 juil. 2017 [AlterPresse] --- Le professeur Camille Chalmers, porte-parole du parti politique Rasin Kan pèp, voit à travers la suppression des privilèges aux ex-présidents provisoires « une vengeance mesquine ».


Cette décision confirme l'orientation du pouvoir en place, qui viserait à ramener le pays aux « années noires du duvaliérisme » au détriment d'une culture démocratique, fustige Camille Chalmers, lors d'une conférence de presse, tenue le mardi 25 juillet 2017.
Dans un arrêté publié le mercredi 19 juillet 2017 dans le journal officiel le Moniteur, l'administration de Jovenel Moïse a décidé de limiter des privilèges exclusivement aux anciens chefs d'État élus au suffrage universel direct.
« Cette décision montre très clairement que le président (Jovenel Moïse) ne réfléchit pas en homme d'État. Il ne réfléchit pas dans une perspective collective en faveur de l'intérêt du pays. Il priorise de préférence ses intérêts particuliers et claniques », dénonce Chalmers.
« La constitution garantit un ensemble de privilèges pour tout ancien chef d'État », rappelle-t-il, tout en appelant le conseil des ministres à procéder au retrait de cet arrêté.
Dans une lettre ouverte en date du 23 juillet 2017, adressée au titulaire du Ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp), l'ancien président provisoire d'Haïti, Jocelerme Privert qualifie d'« irrationnelle » la décision du gouvernement de consacrer tous les avantages et privilèges uniquement aux anciens chefs d'Etat élus au suffrage universel.
Cette mesure « inique » participe clairement « d'une malsaine et incompréhensible entreprise de persécution et de revanches politiciennes », dit la lettre ouverte.
Le secrétariat privé de Privert déclare accueillir « avec un pénible désappointement » la parution, dans le journal le Moniteur, de l'arrêté en date du 19 juillet 2017, modifiant les articles 2 et 3 de celui du 23 septembre 2015, relatif aux avantages et privilèges octroyés aux anciens chefs d'État et de gouvernement.
L'arrêté du 23 septembre avait été adopté par l'ancien président Michel Joseph Martelly, en vue de garantir à tout ancien chef d'État ou de gouvernement sans exclusivité : un secrétariat, un service de sécurité rapprochée et des moyens de transport adéquats, entre autres.