Des écrivains de langue française demandent à l’OIF de ne pas soutenir les projets de Jovenel Moise
Le National
Réagissant à l’annonce de l’Organisation internationale de la francophonie de soutenir le processus électoral du pouvoir en place, des écrivains haïtiens de langue française, dont René Dépestre, Yannick Lahens et Lionel Trouillot, demandent à l’Organisation de ne fournir aucun appui « à un pouvoir décrié et rejeté par une grande majorité des secteurs du pays et le pouvoir judiciaire ».
À travers cette lettre ouverte, datée de 24 février, plus de 40 écrivains de langue française voient mal que l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), dont l’existence n’est fondée que sur l’exigence de solidarité réelle avec les communautés et pays de langue française, s’engage aux côtés d’un pouvoir illégitime qui multiplie les exactions, les décrets et autres mesures liberticides. Ils demandent à l’OIF de ne fournir aucun appui à un pouvoir décrié et rejeté par le pouvoir judiciaire haïtien et de nombreux secteurs de la société haïtienne.
Ces écrivains exhortent l’OIF à soutenir un vrai processus démocratique impliquant la mise en place d’un gouvernement de transition et l’initiation des procès pour crimes de sang et crimes financiers contre les dignitaires du gouvernement de Jovenel Moïse. « Vous n’êtes pas sans savoir que le pouvoir utilise des gangs lourdement armés par lui, comme force répressive aux actions meurtrières dans les quartiers populaires », relatent les écrivains en s’adressant à la secrétaire générale.
Les écrivains signataires attirent l’attention de la secrétaire générale de l’OIF que lors de manifestations pacifiques, la PNH tire à balles réelles sur les manifestants. Ils soulignent aussi que le pays fonctionne sans parlement, sans élus locaux ; toutes les échéances électorales n’ayant pas été respectées par l’administration de Jovenel Moïse. « Seriez-vous assez dupe pour croire que, après la fin de son mandat expiré le 7 février 2021, il voudrait et saurait organiser des élections crédibles », signalent-ils. Pour eux, la situation d’Haïti est caractérisée par la mise en place d’une dictature, puisque, expliquent-ils, le président de facto Jovenel Moïse se maintenant au pouvoir par la force au-delà de son mandat constitutionnel expiré le 7 février 2021.
« Madame la secrétaire générale, n’apportez pas votre soutien à la folie dictatoriale dont est victime le peuple haïtien, il y va de votre crédibilité personnelle comme de celle de l’OIF. Ne donnez pas raison à celles et ceux qui voudraient voir en l’OIF un fonctionnariat indifférent aux problèmes réels des peuples constituant les cinq continents de la francophonie », préviennent ces écrivains.
Woovins St Phard