H.N / Haiti Infos Pro
Le dossier des 120 victimes du massacre de La Saline moisit dans les tiroirs de la Cour de Cassation en dépit des actions engagées par le collectif des organisations de défense des droits des victimes du massacre.
Les noms des 120 victimes affichés sur une banderole blanche rappellent cet épisode horrible survenu dans le quartier de La Saline. À la salle de conférence du Bureau des avocats internationaux, des proches des victimes ont restitué une part de cette terreur vécue après que des civils armés eurent opéré une offensive contre des résidents de ce quartier réputés opposants au pouvoir en place, rappelle Mario Joseph, responsable du BAI.
Cette page ravive un souvenir douloureux, souligne le directeur exécutif du Bureau des organisations de défense des droits humains (BODDH), Jacceus Joseph. Lors de cette attaque, des filles ont été violées, des maisons ont été incendiées, des citoyens ont pris le maquis, souligne le militant des droits humains.
Deux ans après, la justice haitienne reste encore muette sur le massacre, déplore Jacques Letang, représentant du Bureau des droits humains en Haïti (BDHH). Le Bâtonnier de l’ordre des avocats des Coteaux évoque les diverses initiatives engagées par la partie civile pour porter le dossier au cabinet d’instruction et demeurées infructueuses.
”Le 9 aout 2019, le massacre a été documenté par des organisations de défense des droits humains. En outre, la Cour de Cassation a été saisie afin d’accorder suites nécessaires à l’affaire. Cependant, aucune avancée n’a été constatée, le dossier jaunit dans les tiroirs”, déplore l’avocat.
Dans le même temps, il annonce qu’une rencontre sera tenue le 19 novembre prochain entre la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) et le Collectif, pour évaluer l’état d’avancement de l’enquête et les mesures conservatoires exigées à l’encontre de certains auteurs et complices.
De son côté, le directeur exécutif du Réseau national de Défense des droits humains, Pierre Espérance, dénonce le traitement accordé au dossier par les autorités judiciaires. Il y décèle un certain déni de justice manifesté à l’égard des proches des victimes qui espèrent obtenir justice. Le défenseur des droits humains fait état de diverses actions qui entravent le processus et de la mainmise du pouvoir sur l’appareil judiciaire.
”La disparition des corps du délit dans les greffes des tribunaux, les tentatives de corrompre les juges ne font pas évoluer la procédure”, a analysé Pierre Espérance.
Entretemps, les proches des citoyens massacrés sont plongés dans l’amertume, alors que les mêmes criminels courent encore les rues.