L'opération a duré deux jours : samedi 21 et dimanche 22 novembre. Pierre Espérance (RNDDH) a assisté au déroulement des opérations.


Compte-rendu de l'agence AlterPresse. La vérification, les 21 et 22 novembre, d'un échantillon de procès verbaux de l'élection présidentielle du 25 octobre, au Centre de tabulation des votes (Ctv), révèle que ce scrutin a été largement frauduleux, selon Pierre Espérance, dirigeant d'une coalition d'organisations nationales d'observation.
La vérification a débuté dans la matinée de samedi et a pris fin dimanche vers 3 :00 AM, en vertu d'une décision du Bureau du contentieux électoral national (Bcen), qui a fait droit à la requête de la candidate de Fanmi Lavalas, Maryse Narcisse, de procéder à une vérification au Centre de tabulation.
Environ 98% de l'échantillon de procès verbaux examinés sont entachés de fraudes ou d'irrégularités, indique à AlterPresse Pierre Espérance, qui a assisté à la vérification.
L'exercice a touché les départements du Nord, de l'Ouest, du Plateau Central, du Sud-Est, de l'Artibonite, du Nord-Est et des Nippes (une partie du Sud-Ouest).
En général, explique-t-il, les procès verbaux de personnes ayant voté dans les listes d'émargement sont non conformes ou ont été sommairement dressés sur de simples feuilles volantes.
Des numéros de Cartes d'indentification nationale (Cin) de votants ne sont pas mentionnés et des signatures sont « suspectes », poursuit-il.
Dans de nombreux cas, il n'y a pas eu de signature des électeurs et électrices, et le nombre de votants - qui figure dans les procès verbaux - a souvent été plus élevé que la quantité de bulletins correspondant à ces procès verbaux, souligne Pierre Espérance.
« Il faut une vérification poussée, surtout en ce qui concerne tous les électeurs ayant voté en dehors des listes d'émargement. C'est la que se trouve la fraude massive », déclare Pierre Espérance.
Cette vérification, précise-t-il, doit être conduite par une « commission d'enquête indépendante » en vue de rétablir la crédibilité du processus.
« Sans cette disposition, le pays sera plongé dans une crise post-électorale », prévient-il.
L'opération de vérification a été effectuée en présence des membres du Bcen : Ricardo Augustin, représentant de l'église catholique romaine, président, Jaccéus Jospeph, représentant du secteur des droits humains, membre, ainsi que la Juge Cluny Pierre Jules, de la Cour d'Appel des Gonaives, et deux avocats représentant le Barreau, Robert Jean-Louis et Jean Gamael Dieudonné.
La candidate de Fanmi Lavalas, Maryse Narcisse, était également présente, de même que les avocats du parti, Me Gervais Charles, Me Axène Joseph et un cadre, l'ancien sénateur Yvon Feuillé.
« Le problème est qu'on ne peut s'attendre à aucune décision conséquente du Bcen, malgré l'intégrité reconnue de la juge Cluny Pierre-Jules, car l'instance de contentieux comprend deux membres du Cep, une institution qui a perdu toute crédibilité à cause de la planification des fraudes lors des élections du 9 aout et du 25 octobre 2015 », anticipe Pierre Espérance.
« Il revient au Cep d'autoriser la mise en place d'une commission indépendante et la conduite d'une enquête poussée » autour du vote du 25 octobre 2015, insiste Espérance.