La commission de l'Économie et des Finances de la chambre des députés a entamé une série de rencontres avec les acteurs gouvernementaux autour du projet de loi des finances rectificatif. Ce lundi 16 mai 2016, la commission a auditionné le ministre de l'Économie et des Finances, Yves Romain Bastien qui, selon des propos rapportés par le président de la commission, le député Antoine Rodon Bien-Aimé, a dressé un tableau sombre de l'état des finances de la République.
La situation des finances du pays est très critique, selon ce qu'a fait savoir le président de la commission Économie et des finances de la chambre des députés, Antoine Rodon Bien-Aimé, à l'issue de cette rencontre. « À bien entendre le ministre des Finances, il s'agit d'une grande catastrophe ce qui se passe au niveau du trésor public », a fait savoir le député de Cerca Cavajal qui promet de rencontrer le ministre de la Planification et de la Coopération externe ainsi que les responsables de la Primature autour du budget rectificatif.
Le ministre des Finances a dressé un tableau sombre de l'état des comptes de la République, a rapporté Antoine Rodon Bien-Aimé, précisant qu'aujourd'hui tous les comptes du trésor sont au rouge. Cette situation s'explique, selon, l'élu de Cerca Cavajal, par la façon dont les dépenses ont été faites par l'ancienne administration. Alors que les décaissements au niveau du budget, suivant les principes établis, devraient se faire par douzième, il est triste de constater que dans certains comptes plus de 90 % sont déjà décaissés à cinq mois de la fin de l'exercice fiscal, a dénoncé le président de la commission des Finances de la chambre basse.
Au cours de cette rencontre, le ministre des Finances a fait état d'un ensemble d'erreurs graves relevées dans la gestion des comptes de l'État, a relaté le député Bien-Aimé. À titre d'exemple, le ministre a fait mention d'un montant de 10 millions de dollars américains qui ont été prêtés à la compagnie « Agritrans » de Jovenel Moïse pour la production de banane via le FDI. Aujourd'hui cette compagnie est tombée en faillite et l'État risque de perdre tout cet argent, a informé Antoine Rodon Bien-Aimé avant de parler d'un projet à la Gonâve pour lequel tout le décaissement a été effectué et dont rien n'est fait jusqu'à présent, a fait savoir l'élu du PHTK pour la circonscription de Cerca Cavajal.
Outre ces dossiers, pour corroborer la thèse de suspicion de corruption au sein de l'administration de l'État, le ministre des Finances cité par Antoine Rodon Bien-Aimé a pris en exemple un compte de la Commission nationale de lutte contre la drogue (CONALD) qui avait un montant de 1.4 million de dollars américains, ce compte pourtant spécial a été vidé et la nouvelle administration n'a trouvé que 183 dollars. Un autre constat alarmant a été aussi fait au niveau d'une rubrique insérée dans le budget sous le label de « Hautes interventions publiques ». Pour l'exercice fiscal 2015-2016, une allocation budgétaire de 1.3 milliard de gourdes était destinée à cette rubrique et l'ancienne administration a décaissé au nom de cette ligne budgétaire 1.6 milliard de gourdes durant le premier trimestre du budget, a déploré l'homme de Cerca Cavajal.
Selon Antoine. Rodon Bien-Aimé, cette situation pour le moins critique, est pareille pour tous les ministères. Pour compenser certains manques à gagner, le président de la Commission finance promet de faire certaines désaffectations dans le budget. Par rapport au gaspillage qu'il dit constater dans les dépenses effectuées par l'administration précédente, Antoine Rodon Bien-Aimé croit opportun de diligenter des audits sérieux. Déjà, il invite le commissaire du gouvernement à mettre l'action publique en mouvement contre tous ceux et celles qui sont impliqués dans la mauvaise gestion des deniers publics.
Noclès Débréus
LE NATIONAL
16 MAI 2016