Rentrée parlementaire autour d'appels à la réconciliation


P-au-P, 9 janv. 2017 [AlterPresse] --- Le président provisoire Jocelerme Privert et le premier ministre Enex Jean Charles ont dressé un bilan positif de la gestion de l'exécutif durant les 10 derniers mois, alors que l'année 2017 se présente comme une année cruciale pour la construction démocratique, selon le président du sénat, Ronald Larêche.
C'est ce qui ressort de l'ouverture de la première session parlementaire, où le chef de l'État et celui du gouvernement se sont adressés, ce 9 janvier, aux sénateurs et députés réunis en Assemblée nationale, rapporte AlterPresse.
Dans son allocution, M. Privert a d'abord mis l'accent sur la situation politique, marquée par un « bond gigantesque et nécessaire vers la stabilisation » des institutions et la pacification sociale, dont témoigne la rentrée parlementaire.
Selon lui, d'importants progrès ont pu être réalisés malgré la situation économique difficile, ainsi que le passage du cyclone Matthew qui a balayé, en octobre dernier, 4 départements du pays.
Rappelant que son mandat spécifique était la poursuite du processus électoral présidentiel, législatif et local lancé en 2015, il a salué la victoire au premier tour du 20 novembre du candidat du Parti hatien tèt kale (Phtk), Jovenel Moïse, qui aura à assumer de « lourdes responsabilités ».
Il a formulé le vœu que tous les déçus des élections fassent le grand sacrifice d'organiser une opposition patriotique, démocratique face aux nouveaux élus.
« Haïti a besoin de se relever et de regarder vers l'avant, de se projeter vers l'avenir sur le plan national, régional et international, pour innover et prendre des décisions cohérentes et porteuses d'espoir et de progrès social », estime le président Privert.
De son point de vue, le pays est trop souvent à la traine, trop souvent en retard. Il faut savoir, dit-il, anticiper les événements à venir, notamment la croissance démographique, la diminution des énergies fossiles, la transformation de la société, l'économie du numérique et les nouvelles technologies.
Pour 2017, un pacte social renouvelé est nécessaire en Haïti, souligne le chef de l'État. Pour cela le pays devra relever le défi de l'unité et de la réconciliation nationale, celui de la cohésion sociale et celui de la construction d'un projet de société cohérent, dynamique et inclusive.
Le premier ministre Enex Jean Charles se félicite du fait que les élections aient pu être réalisées avec des ressources locales, sans le support des bailleurs de fonds étrangers.
Pourtant, l'année 2016 fut une période particulièrement contraignante pour l'économie haïtienne, souligne-t-il, en raison de la crise politique et de l'effondrement de l'aide externe, lié à la chute drastique des ressources du fonds Pétro-Caribe.
Le chef du gouvernement relève une « bonne gestion des finances publiques, caractérisée par la quasi absence d'endettement additionnelle de l'Etat central, durant la deuxième moitié de l'exercice fiscal 2015-2016.
Le président du Sénat et également président de l'Assemblée nationale, Ronald Lareche, estime, de son côté, que 2017 peut être considérée comme une année charnière dans la transition démocratique en Haïti, où l'exécutif peine à trouver sa voie, alors que le parlement est accusé de nonchalance et d'inefficacité.
(Il a toutefois salué le Conseil electoral ainsi que le pouvoir de transition pour la réussite fu processus électoral).
Le president de l'assemblée nationale exhorte les pères conscrits, qui ont la responsabilité de représenter la nation toute entière, de voter les lois au profit de la population et de contrôler comme il se doit l'action gouvernementale.
20 sénateurs, dont 6 nouveaux élus, et 75 députés ont pris part à la séance, qui a été houleuse au début autour de l'extradition aux Etats-Unis du sénateur fraichement élu Guy Philippe sous une inculpation pour trafic de drogue.
Cette séance en Assemblée nationale a eu lieu en présence de membres du corps diplomatique, notamment Mme Sandra Honoré, Cheffe de la Mission de l'Onu pour la stabilisation en Haiti (Minustah) et Peter Mulrean, ambassadeur des Etats-Unis en Haïti.