Le délai de recrutement pour la mise en place d'une nouvelle armée, a été prolongé jusqu'au mardi 25 juillet 2017, en dépit de la grogne de plusieurs secteurs socio-politiques.
Plusieurs personnalités, des ex-officiers des anciennes forces armées d'Haïti (Fad'h) et des parlementaires sont montés au créneau pour critiquer le processus de recrutement des 'postulants'.
Dans une note, Mario Andrésol, ancien directeur général de la Police nationale d'Haïti (Pnh) et ex-capitaine des Fad'h, a qualifié le processus de recrutement en cours « d'affreuse grimace » faite à la société.
Si cette démarche n'est pas corrigée, la remobilisation des Fad'h dans les conditions actuelles aura des conséquences imprévisibles pour le pays, prévient Andrésol.
L'ex-officier des Fad'h en a profité pour critiquer également la formation, trop précipitée, de la Police nationale d'Haïti (Pnh) en 1995, qu'il voit comme 'un boulet au pied de la république'.
L'armée a été dissoute en 1995, après un parcours semé de coups d'État et d'exactions diverses.
Le processus de recrutement en cours, pour la mise en place d'une force militaire, est illégal selon la Constitution haïtienne, fustige le député de Kenscoff, Alfredo Antoine, dans une lettre ouverte adressée au titulaire du ministère de la défense, Hervé H. Denis.
Il revient, d'abord, au président de la république de nommer le général en chef des Fad'h qui, en communion avec son état-major, sera chargé de procéder au recrutement des soldats [...], rappelle-t-il.
« [...] La démarche de votre ministère est, donc, tout à fait illégale et viole les articles de la Constitution régissant la matière », souligne le parlementaire.
Il dit cependant reconnaître que la remobilisation de l'armée est une urgence pour le pays et que les Fad'h constituent une force constitutionnelle.
Henri Namphy, ancien président d'Haïti et ex lieutenant-général des Fad'h à la retraite, qui vit en République Dominicaine depuis environs 29 ans, souligne la nécessité d'une formation éducative nécessaire avant la mise en place d'une armée en Haïti.
« Il y a la logique et il y a la réalité. L'état-major va venir indiscutablement, je ne peux pas donner de délai. C'est une logique, on ne peut pas avoir une armée sans un état-major [...] », affirme de son côté le directeur général du ministère de la défense, l'ancien colonel des Fad'h, Louis Marcelin Daniel, au journal le Nouvelliste.
« La nouvelle armée ne sera pas une armée de combat, mais une armée de service [...]. Notre armée sera au service de la population », tente-t-il de rassurer.
Le ministère de la défense espère recruter 500 aspirantes et aspirants militaires qui suivront une formation de 8 mois pour constituer une première classe de soldats des Fad'h remobilisées.
Le recrutement d'une classe de soldats a été prévu, du 17 au 21 juillet 2017, par l'institution, qui ambitionne de « reconquérir notre souveraineté nationale » à travers l'exécution de ce projet.
Plusieurs organisations sociales et de droits humains ont manifesté leurs inquiétudes par rapport au lancement des opérations de mise en place d'une nouvelle armée, réalisé « dans un contexte social plutôt précaire ».
Étant donné les nombreux problèmes auxquels fait face Haïti, la création d'une nouvelle armée ne devrait pas être prioritaire, pense le coordonnateur exécutif de Tèt kole ti peyizan ayisyen (Union des petits paysans haïtiens), Rosnel Jean-Baptiste.